LSA – Brasken : chapitre 3

8 mins

Je sortis de ma chambre avec élan et parti à la suite de ma mère. Sur le chemin je ne croise que des gardes qui me regardent avec curiosité tandis que je fonce telle la lumière.

J’ai peut-être un besoin viscéral de savoir, tout. Je suis un petit peu curieuse, mais rien qu’un peu. Je suis têtue de nature alors je ne démords pas de mes objectifs facilement.

Une casse-pieds ! Voilà comment la plupart des gens avec qui j’ai parlé m’ont appelé. Enfin des gens à hautes positions parce que ce ne sont très clairement pas les domestiques qui vont se permettre de me dire cela. Je ne sais pas pourquoi, mais on me trouve pénible.

Pour moi, ce n’est pas important parce que si je suis pénible alors au moins on retient ce que je dis pour ne plus avoir à m’entendre. Ou alors on la fuirait comme une de ses maladies les plus virulentes.

C’est plus souvent la seconde option que la première d’ailleurs !

Me voilà arrivée ! Il me faut juste le temps de reprendre mon souffle parce que sinon je vais suffoquer. Je m’appuie sur le chambranle de la porte et alors que j’avais repris toutes mes forces, j’entendis des bribes de paroles venir de l’intérieur.

Celles-ci me font me statufier, impossible de ne pas devenir livide à l’heure actuelle. Ce n’est pas vrai ! Non ! Pas ça !

Rester une seule seconde de plus va me donner envie de déglutir mon déjeuner alors je retourne aussi vite que possible dans ma chambre. Une fois arrivé, je claque la porte derrière moi et me barricade dedans en fermant le verrou et en glissant un meuble juste devant le porte le moins bruyamment possible.

Tandis que je fais cela, je ne peux m’empêcher de repenser à ce que j’ai entendu. Ils veulent m’envoyer au temple.

Je ne veux pas !

Mais ils ne vont pas me donner le choix malheureusement. Mon ultimatum de femme est maintenant posé.

Soit je vais au temple, soit ils m’organisent un mariage arrangé avec si possible une famille seigneuriale.

Or les mariages seigneuriaux ne sont possible qu’avec l’héritier du titre donc cela veut dire devenir une dame et ça il est encore plus hors de question.

Je ne pensais pas qu’avec la guerre cela allait arriver. Les paroles de l’inconnu me reviennent en tête et j’en viens à me demander si c’est un hasard qu’il me dise cela pile avant que je n’entende mes parents parler de choses inimaginables pour moi.

Il a raison, il faut que j’agisse maintenant, ce soir, avant qu’il ne soit trop tard. Bien qu’il est dit des choses correctes, je ne peux pas non plus faire confiance à ce “Hartor” ! Il a tout de louche et je n’ai pas de temps à perdre avec les sornettes qu’il débite.

Je m’empare d’un sac dans mon armoire et fourre dedans quelques habits, assez pour quelques jours en tout cas. Je me change afin de mettre des vêtements moins tape à l’œil que ma belle tenue bleue.

Il serait assez cocasse que je ne puisse même pas sortir du palais seigneurial. Heureusement que Luther avait eu la gentillesse de m’enseigner une seule technique pour être discrète.

Étant donné que je suis assez fluette, je pourrais trouver des cachettes un peu plus facilement qu’un gros mastodonte. Je ne l’ai jamais utilisé en condition réelle, mais il y a une première fois à tout.

Bon la porte étant bloqué est d’office élimer, sortir par là et passer devant les gardes avec un sac tranquillement serait complètement idiot donc le seul autre moyen de sortir est le balcon comme ce Hartor tout à l’heure.

Penser à celui qui m’a volé ma dague que j’avais moi-même volée me met en colère. Devoir l’imiter encore plus, mais bon, c’est la seule solution.

Je m’approche de mon balcon avec la ferme décision de sauter, mais un coup d’œil en bas et tout mon courage me fuit. Bon sang, mais comment il a sauté avec une telle hauteur qui le séparait du sol ?

En-tout-cas chapeau pour cela.

Bon comment je fais pour descendre par là moi ? Je n’ai aucune autre sortie de disponible alors il va falloir descendre sans se faire remarquer qui plus est. Le temps de réfléchir à une solution, je m’empresse de me reculer prise de sueurs froides et de palpitations au cœur. Le vertige en somme. Et cela ne va guère m’aider.

Bon, je pris mon courage à deux mains et enjambe la rambarde afin de passer de l’autre côté, évidemment sur un côté pour avoir une prise au mur si possible. Il faudra noter que ma chambre n’est qu’au premier étage donc la hauteur va encore.

Après ce que je pense être, une heure, accroché dans le vide, j’ai enfin atteint la terre ferme pour mon plus grand plaisir. Il faut que je reprenne mon souffle et des forces dans mes bras, pour l’instant, je me suis donc caché dans les plantes hautes au pied de mon balcon.

Heureusement pour moi que mère aime les plantes qui montent vers le ciel sinon j’aurais été découverte par les soldats dans la minute où j’ai posé les pieds au sol.

Je suis sauvé d’une chute certaine maintenant, mais pas d’être découverte. Bien qu’on soit au milieu de la nuit, l’activité dans le palais semble augmenter de plus en plus.

Il est vrai que les soldats doivent préparer leurs affaires, aiguiser leurs armes ou tout simplement s’entraîner alors que le personnel doit préparer les provisions nécessaires au voyage jusqu’à l’État-major militaire qui se trouve à Abderal.

Abderal est la plus grande ville du sud autant en superficie qu’en densité avec environ 700’000 habitants. À cheval sur deux plaques continentales, la ville pouvait s’approvisionner sans aucun problème.

Un point stratégique sans aucun doute.

Abderal est donc le quartier général de l’armée du sud et est donc une véritable ville cosmopolite en termes de taverne et d’alcool en tout genre qu’on pouvait y trouver. Surnommée le paradis des soldats, la ville offre de nombreux services divers et pas seulement pour cette profession.

Il faut quelques semaines pour atteindre Abderal en bateau, le seul moyen de transport viable vu les distances gigantesques qui séparent chaque ville du continent. Ainsi, cela demandait bien des préparatifs et l’imminence de la situation presse tout le monde à être prêt le plus rapidement possible.

Une course contre la montre vient de se lancer pour que je puisse m’en aller discrètement. Il faut que je me dépêche.

La tâche va être plus ardue que ce que je pensais.

Afin de garder le maximum de discrétion, je jouai avec les jeux d’ombre et de lumière pour me faufiler de cachette en cachette. Je vais presque regretter qu’on ne soit ni en Etemar, ni en Jerewia ni en Qelagan pour que la nuit tombe enfin. S’enfuir de jour n’est vraiment pas pratique, voire pas du tout !

Bon, il faut que je sois prudente et que je ne me précipite pas. J’avance donc prudemment et reste le plus possible à couvert malgré quelques périodes à découvert. Je suis presque enfin sorti de la villa.

C’est que ça prend du temps de sortir de là ! J’espère que ça ira plus vite de quitter la ville sinon ça va être problématique. Vu que le bateau serait un peu compliqué à emprunter, je vais passer par la terre.

Un dernier coup d’œil derrière moi, personne, et je me retourne heureuse d’être parvenu jusque-là et d’avoir survécu sans me faire repérer.

Hein ?

Pourquoi suis-je maintenant assise par terre ? Ah oui ! Quand je me suis retourné, j’ai heurté un mur et pourtant, j’étais sûre de ne pas en avoir vu juste avant de vérifier derrière moi s’il n’y avait personne.

Une main rentre soudain dans mon champ de vision et m’attrape par le col pour me relever avant que je ne rencontre une paire d’yeux glaciaux.

Oh non, ce n’est pas possible !

Pourquoi ?!

Pourquoi lui ?!

La malchance semble me poursuivre partout où je vais. De toutes les personnes sur lesquelles j’aurais pu tomber, il a fallu que ce soit lui !

“Tu as dû croire être la meilleure n’est ce pas ? On peut savoir ce que tu comptais faire à l’instant, petite inconsciente ?” m’assène alors Luven en haussant un sourcil moqueur.

Comprendre sa deuxième question était assez simple pour moi, mais la première n’avait aucun sens. Qu’est-ce qu’il voulait dire lui et son petit air supérieur avec cela ? Avais-je cru être la meilleure ? Mais sur quel sujet alors ?

Je n’en ai aucune idée et la seule façon de comprendre ce que cet abruti veut dire par là, c’est de lui demander directement. Autant dire que je ne risque pas de comprendre ce que cela veut dire.

“Parce que ce que je faisais n’était pas assez explicite pour toi !” crachais-je , dans un sens singulier évidemment.

Luven commença alors à rire très fort et il me prit soudainement la gorge entre ses mains en me regardant avec dédain.

« Que ferais-tu si je serrais hein ? »

Sûrement rien du tout parce que si je venais à réagir tel qu’il l’attend, ce sont des ennui que j’aurais par la suite. De toute manière, je sais qu’il ne peut pas le faire et ne le pourra jamais. Les fratricides sont interdits chez les Artellian donc il n’y a pas de soucis à se faire.

Après plusieurs minutes à nous regarder dans les yeux, la tension est palpable. Je n’ai toujours pas répondu à sa précédente question.

Je ne vois pas pourquoi premièrement, je lui répondrai et deuxièmement si je devais vraiment voir ma mort arrivée et bien…

Je n’en ai aucune idée !

Autant dire que maintenant, j’attends patiemment qu’il se décide à arrêter de faire les gros yeux et qu’il me donne tout simplement une punition.

Évidemment, je ne suis pas vraiment en position pour parler étant donné que mon cou est toujours prisonnier de sa main, mais bon d’un autre côté, je suis aussi en tort. Après tout, j’aurais peut-être dû ne pas réagir sur le vif et puis j’ai peut-être mal entendu.

Non, c’est très peu probable.

Il faut que j’arrête de me voiler la face. Mes parents ont l’intention de me vendre soit à une famille seigneuriale soit au temple ou peut-être bien au deux à la fois. J’en frissonne déjà d’avance.

Étant donné que je me suis fait attraper en train de fuir, je peux prédire d’avance que dès que Père sera au courant, il va se servir de ça pour faire passer cela comme une punition.

Je verrais en temps voulu.

Mais je peux dire que ce que je voulais éviter va m’arriver à mon plus grand désespoir. Comment est-ce que je peux être aussi bête parfois ?!

Luven souffla soudainement et desserra sa prise sur mon cou non sans m’adresser un regard glacial. Il s’est apparemment décidé à me laisser “vivante” pour l’instant. Enfin, je n’ai pas le temps de prendre une bouffée d’air qu’il m’embarque déjà à sa suite sans un mot.

Et voilà, l’heure de mon trépas arrive !

Luven ne prend pas le soin de me tenir convenablement et me tire assez douloureusement par le bras à tel point que j’en viens à penser qu’il cherche à me disloquer.

J’avais déjà remarqué que l’activité dans la villa était anormalement élevée à d’habitude quand je tentais de m’enfuir, mais passer devant toutes ces personnes traîner par le bras, c’est tout simplement humiliant.

Le chemin qui mène jusqu’à la chambre de nos parents me semble long, très long. Très douloureux aussi ! Je suis sûre que je vais hériter d’un gros bleu.

Une dizaine de minutes d’humiliation furent la pire des tortures pourtant le pire du pire est à venir pour moi puisque j’aperçois déjà ma sentence la plus sévère.

Le silence qui a régné entre nous du moment où il m’a attrapé jusqu’à maintenant devant la porte de nos parents est pesant.

Voir plus que cela même !

Une soudaine douleur au cœur me prit avec le sentiment que l’anxiété était en train de le ronger. Bon, ce n’est pas la première fois que je me fais punir. Il me faut juste un peu de courage et tout ira bien, de toute façon, je sais déjà qu’elle sera ma sentence.

Et je la déplore grandement !

Luven ne prit pas la peine de toquer à la porte, ce qui est étonnant, et l’ouvrit à la volée en me faisant suivre derrière lui la main toujours serrée autour de mon bras. Essaye-t-il de rendre ma tentative de fuite encore plus dramatique et grave ? Ce n’est pas la première fois que des Demoiselles de familles seigneuriales tentent de fuir de chez elle. Bon chez les Artellian si, mais ce n’est qu’un détail ! À peine rentré que Luven me fait m’agenouiller devant lui. Il ne perd rien pour attendre celui-là. Je sais que je suis en tort, mais c’est un peu extrême !

« Mais qu’est-ce que cela veut dire exactement ?! » gronda la voix de notre père.

Je vois désormais nos parents nous regardent déconcerter et en colère d’être dérangé à cette heure si tardive de la journée.

« Veuillez m’excuser de venir vous déranger à une heure aussi tardive, mais je viens de la trouver essayant de fuguer. »

Et c’est parti pour le procès que j’ai redouté tout le long du chemin !

Advienne que pourra !

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Bonsoir à vous, j’espère que ce mois s’est passé pour vous et que ce chapitre a été à la hauteur de mes attentes. Sur ce, au moins prochain !

Hakas.

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