Environ 18 Chapitre
Synopsis :
Dans un futur proche, l’action se déroule dans la ville des lumières. Bob Polmes, détective privé nonchalant, passe son temps entre un bar miteux, un casino et son bureau qui lui sert aussi d’appartement. Il souffre d’un étonnant syndrome qui lui provoque des tocs et lui font faire des actions non contrôlés lorsque il subit trop de stress. Lorsque une étrange cliente le charge d’une mission qui consiste à retrouver des chatons, il est loin d’imaginer que cette affaire prendra des proportions qui le dépasse et qu’il sera contraint de faire face à son passé.
CHAPITRE 1 :
Dans un futur proche, un soir d’automne, le 28 Octobre, à Paris.
Dans les ruelles parisiennes, les premières bourrasques de vent détachent sur son passage, les feuilles mortes des platanes, tout comme il y a bien longtemps, l’âme s’est séparé du corps de Bob. Les journées se sont raccourcies et les températures ont durement baissées, mais cela ne lui change pas grand-chose. Comme un soir sur trois, il se trouve bien à l’abri au comptoir de son bistrot favori le « Connolly’s pub ». Un vieux bar irlandais, qui n’a plus que comme derniers clients des paumés qui viennent perdre leurs temps pour soulager, en vain, les poids qu’ils traînent à longueurs de journées. Derrière le comptoir boisé habillé d’une moquette verte détériorée, une télévision toute droite sortie du siècle dernier est accrochée en hauteur. Elle émet une émission politique régionale en direct. La quarantaine passée, Bob ne s’est jamais vraiment intéressé à ce genre de programme mais il n’a rien de mieux à faire. En sirotant son Gin Tonic, il regarde apparaître sur le tout petit écran, François Picot, un chef d’entreprise reconnut qui s’est fait une jolie réputation politique dans la ville. Cette année, il se présente en tant que candidat à l’élection municipale Parisienne.
« Tout ce que j’ai promis je le ferais. Car pour moi. Le plus important aujourd’hui c’est la population. Je sais ce que c’est de galérer, croyez moi. Je suis passé par là moi aussi. Mais maintenant que j’ai la chance d’avoir réussit. Que j’ai l’espoir de pouvoir vous représentez. Je ferais tout ce qui est dans mon pouvoir, pour que les choses changent. Car la vie parisienne ne peut continuer ainsi. Entre la pollution. La surpopulation. Et surtout la corruption ! »
Les applaudissements d’encouragements du public sont si fort qu’ils dissimulent les piaillements des clients. La nouvelle barmaid, Nathalie, fraîchement engagée depuis 3 mois, rempli le verre de Bob.
« -T’en penses quoi de ce type ? L’interpelle t-’il en désignant la télé d’un mouvement du menton.
-Il m’a l’air sincère dans ses propos. C’est lui que je soutiens en tout cas.
Un homme grossier, au pas lourd, d’une soixantaine de ballet, se mêle à la conversation en tendant sur le comptoir ses deux verres vides.
-Tous des pourris, rumine t-il comme un veau.
Interloqué Bob lui demande pardon.
-Tous des pourris ! Insiste l’homme bourru en montrant du doigt François Picot sur l’écran. Et surtout ce mec là !
-C’est bien plausible, mais faut bien essayer de changer les choses et de choisir le moins pire. Tempère Nathalie.
-Et c’est sûrement pas lui. Un faux cul de première. Un ramassis de conneries qui sort de sa bouche à merde. Il mérite de pourrir en enfer ce mec-là !
-Allez, c’est la maison qui offre, ça te détendra un peu !
Elle lui tend deux whisky secs.
-Merci ma belle et surtout, ne votes pas !
Il retourne à sa table, rejoignant une femme abjecte, à la peau rongée par l’alcool, qu’elle a tenté de dissimuler dans un trop plein de fond de teint.
-On m’avait prévenu de ne jamais causer politique avec les clients. Déconne Nathalie auprès de Bob.
-C’est qui ce mec ? Demande t’il tout en l’observant entrain de déblatérer avec exubérance.
-Il s’appelle Jérémy Campion. Il était journaliste pour « Le Parigot ». Il a eu quelques antécédents avec François Picot…
-J’ai cru comprendre.
-Il y a des années, il menait une enquête sur lui. Alors qu’il allait publié un papier controversé, Picot a porté plainte contre le journal, et pour étouffer l’affaire, Jérémy s’est fait virer. Enfin, c’est ce qu’on raconte. Ca femme l’a quitté peu de temps après et depuis il passe son temps ici… C’est devenu un vrai cas, mais il n’est pas bien méchant…
En prenant une gorgée de son verre, Bob cligne trois fois des yeux en haussant les épaules frénétiquement. Un toc qui amuse Nathalie.
-T’avais jamais remarqué ? Lui demande t’il.
-Si, si. Je n’ai jamais osé te demander de quoi ça vient…
Bob reste silencieux en continuant sa boisson. Nathalie pose les coudes sur le bar et rapproche son visage du sien. En chuchotant, elle prend une voix suave.
-Allez confie toi, on commence à bien se connaître, non ?
-J’aime pas en parler… C’est des troubles que je traîne depuis pas mal de temps. Chaque fois que je suis exposé à trop de stress, mes angoisses ressortent et je fais des gestes, je dis des choses ou je fais des actions qui me passe par la tête sans que je puisse les contrôler.
-Ah ouais ?
-Ouep, C’est dur à expliquer, et c’est assez étrange je te l’accorde. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis comme ça… L’alcool et la fumette me permettent de me calmer un peu mais c’est pas évident tout les jours.
-T’as été consulté ?
-Non jamais. J’ai peur qu’ils m’enferment. Répond t’il avec dérision.
-Parfois c’est due à un genre de syndrome post traumatique. Tu crois qu’un événement dans ton passé a pu te déclencher ça ?
La question déstabilise Bob. Ses joues rougissent, et les muscles de son cou se tendent. En attrapant son verre, il lui glisse de ses mains moites et tremblotantes. Le contenue éclabousse Nathalie.
-Hé ! S’écrie t’elle, surprise.
-Putain, je suis désolé.
Elle tamponne ses habits avec un torchon.
-En tout cas, ça ne doit pas être facile à gérer pour ton boulot. Le chambre t’elle
-Ah ça ! Je te le fais pas dire. C’est sans doute à cause de ça que je passe plus de temps ici, que dans mon bureau.
Ils partagent un sourire complice. Elle le sert de nouveau puis ils trinquent ensemble.
Pendant que Nathalie ferme l’établissement à double tour, le vent violent empêche Bob d’allumer sa roulé. Il remarque assis sous la terrasse, Jérémy, plein comme un barrique, se protégeant du froid en se repliant sur lui même. Son énorme ventre est à deux doigt de faire exploser les boutons de sa chemise d’été. Ses longs cheveux gras, trempent dans sa pinte à moitié pleine. De la bave blanchâtre coule de sa bouche et s’échoue dans sa barbe grisâtre de deux trois jours.
-On ne devrait pas l’aider ? Demande Bob, compatissant devant ce triste spectacle.
-On ne devrait pas. Il est grincheux quand on le réveille. Une fois, quand j’ai voulu lui apporter mon aide, j’ai cru qu’il allait me mordre. Depuis je le laisse se débrouiller, il a l’habitude d’être dans cet état.
-Ouais t’as raison, on va pas prendre de risque. Je te ramène?
En se dirigeant vers le véhicule, les mains de Bob et Nathalie s’effleurent.