CHAPITRE 2
Dans l’obscurité du « Connolly’s Pub », Bob n’avait jamais remarqué les quelques cheveux blancs éparpillés sur la longue chevelure brune de Nathalie. L’odeur de tabac qui en dégage est étrangement agréable. Elle se serre contre lui. Sa main se glissant le long de son buste jusqu’à sa nuque, réchauffe au passage la froideur de l’intérieur de Bob. Elle pose son visage sur son torse. Malgré qu’il transpire le vécu, sa peau est toujours aussi douce. Sans se lever du lit, Bob attrape le cendrier se trouvant sur la table de nuit et l’installe entre ses genoux. Il s’allume ensuite le joint qu’ils n’ont pas terminé la veille.
-Tu vis seule depuis longtemps ? Demande Bob en lui passant la cigarette de marijuana.
-Oui. Je vis seule avec mon fils, Dominique.
-Des nouvelles du père ?
-Volatilisé peu après sa naissance.
-Quel âge ?
-Il vient d’avoir 9 ans. J’ai affaire à un interrogatoire monsieur le commissaire ?
Il ignore la question. Sa mâchoire se crispe. Animé par la curiosité, il continue.
-Le quotidien n’est pas trop difficile ?
-Non, non, femme célibataire sans aucune famille, vivant dans un quartier pourri de Paris dans un appartement déplorable, qui élève seule son enfant, et qui bosse dans un bistrot miteux. C’est la belle vie. Ironise t’elle.
-La vie ne fait pas de cadeau, répond t’il en crachant la fumée en direction du plafond.
-Merde ! Quelle heure est-il ?! S’alarme t’elle.
Bob se penche et saisit son téléphone
-10h30
-C’est pas vrai !
-C’est ce qu’il y a marqué en tout cas.
D’un bond, Nathalie sort du lit et enfile les premiers vêtements qu’elle trouve éparpillés sur le sol. Elle s’agite dans l’appartement, faisant des vas et vient entre le salon et la chambre. Bob toujours couché dans le plumard, observe calmement sa poitrine bien ferme se remuer dans son maillot collant transparent.
-Je devais récupérer Dominique sur les coups de 10 heures. Il dormait chez un ami ! Tu pourrais te … Bafouille t’elle embarrassée.
-Ah oui, bien sur. Excuse moi.
Bob s’assoit mollement au bord du lit, puis réunit ses affaires sans oublier le reste du pétard.
Devant la porte d’entrée, Nathalie se chausse de ses bottines. La veille Bob n’avait pas remarqué que l’appartement était si petit. Tellement petit qu’il y a à peine la place pour toutes les affaires de Nathalie et de son enfant. Se trouvant dans les combles d’un vieil immeuble d’une vingtaine d’étage, le plafond est si bas qu’on se sent pris au piège entre les parois.
-Je suis désolé de te mettre dehors aussi vite, s’excuse Nathalie.
-Ne t’en fais pas, il y aucun soucis. Répond t’il en se coiffant de son béret gris.
-Si tu veux, tu peux venir avec moi … Ensuite on ira manger un p’tit truc dans un McDo. Propose t’elle timidement.
-Non ça ira, merci. J’ai pas l’estomac assez solide, blague t’il. Et puis j’ai pas mal de boulot à rattraper.
Bob se rapproche d’elle, et l’embrasse sur la joue. Une attitude qui la surprend après la nuit qu’ils viennent de passer. Les quelques secondes de silences qui font suite, suffisent à faire surgir un certain malaise. Alors qu’il appuie sur le bouton de l’ascenseur, elle l’alerte que l’appareil est en panne depuis bien longtemps. Pressé et habitué, Nathalie dévale l’escalier à la vitesse de l’éclair. Bob souffle un bon coup, met ses mains dans les poches, et descend lentement les marches le dos courbé avec un air détaché.