Les Crapules de la Cabane – Chapitre 8

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                                            Chapitre 8 : Il Pazzo

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Son allure ne m’inspirait pas confiance. Je sais bien qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture, mais celle-là de couverture, elle me paraissait louche. Le type avait des cheveux noirs gominés, comme un truand italien des années soixante-dix. Petite veste en cuir abîmée et une chemise ouverte qui laissait apparaitre un paquet de poils et une chaine en or. Le genre de gangster qu’on voyait dans les films de mafia avec Robert de Niro. Sauf qu’on n’était pas dans le Bronx, là.

— Je m’appelle Tony. Mais chez moi, on m’appelle « Il Pazzo » !

Ça faisait trop cliché ! Est-ce qu’il s’agissait d’un putain de canular ? Il y avait une caméra cachée quelque part ? Parce que même son nom sonnait Cosa Nostra !

— Écoute, Tony, commença Angus. Je sais pas ce que tu crois avoir entendu mais…

— Vous parliez de trafic de drogues, de cocaïne plus précisément, chuchota Tony.

— Oui, mais non. En fait…

Cette fois, c’est moi qui lui coupai la parole, curieux de savoir ce que notre nouvel ami aux allures de bandit démodé avait à nous proposer.

— Tu t’y connais toi, en trafic ? soufflai-je discrètement.

— Un peu que je m’y connais ! répondit-il en bombant le torse, ce qui arracha un soupir incrédule à Angus. Vous avez quelle quantité ?

— Six livres ! confessa Taz.

Et bim ! Angus lui envoya une nouvelle fois son coude dans les côtes.

— Voilà qui est intéressant. Je peux vous en avoir un très bon prix.

J’avais la banane, jusqu’aux oreilles ! Enfin, on avait trouvé une solution ! Mais c’était sans compter sur l’éternelle suspicion de notre empêcheur de tourner en rond à lunettes.

— Attends une seconde. Qu’est-ce que t’y gagnes toi dans tout ça ?

Tony éclata de rire et lui lança un regard plein de condescendance. Son assurance teintée d’arrogance agaçait notre binoclard qui se pinçait les lèvres, vexé.

— Ah ouais, vous y connaissez vraiment rien en fait ! Je t’explique. Moi, j’ai du réseau, affirma-t-il en s’accoudant à la table, joignant ses mains d’une façon très solennelle, nous observant un à un. Vous, vous avez la came. Voyez-moi comme un intermédiaire. Je la vends pour vous et on partage la recette.

L’idée ne me plaisait pas trop, mais nous, on n’avait pas de contacts dans le milieu. Et sans l’aide d’un mec comme Tony, on n’en tirerait rien du tout de notre stock de dope. De plus, rien que son surnom, « Il Pazzo », ça faisait trop classe pour que ce mec ne soit qu’un vulgaire pégu !

— On partage ? s’inquiéta Mohan. On partage comment ?

— Disons fifty/fifty, ça me parait juste, répondit la fripouille en croisant les bras sur son torse velu.

— Quoi ?! Tu déconnes ?! On va pas t’en filer la moitié, tu rêves ! s’agaça Angus en se levant vivement de sa chaise.

D’un geste de la main, je tentai de modérer les esprits qui commençaient à s’échauffer. La moitié, non, hors de question de la lui céder, à ce tocard. Mais on avait besoin de lui, et j’étais persuadé de pouvoir négocier.

— Attends, attends, attends… tentai-je de calmer le jeu. Pour combien on pourrait la refourguer déjà, la coke ?

— Une telle quantité ? Dans les cent mille, facile.

Putain de merde, cent mille balles ! Pour des pouilleux comme nous, ça faisait une sacrée somme ! Et j’imaginais déjà un florissant business se mettre en place suite à ce premier bénéfice ! Une fois le fric empoché, il ne nous resterait qu’à nous débrouiller pour acheter de la drogue –on aurait déjà des contacts grâce à Tony- et il n’y aurait plus qu’à la revendre, encore et encore. Je ne savais pas trop comment on allait s’y prendre, mais tout ça, ce n’était que des détails.

Mohan s’accouda lui aussi à la table, imitant la posture que le brun tenait quelques minutes plus tôt. Il planta son regard dans le sien, sans même cligner des yeux.

— On t’file quinze pourcents, pas un penny de plus.

— Vingt pourcents.

— Vendu ! capitulai-je dans l’excitation du moment, tendant ma main au prétendu rital.

Celui-ci esquissa un sourire satisfait et empoigna ma main dans un geste symbolique pour sceller notre marché.

— Apportez-moi la came, je m’occupe de tout, nous assura Tony.

Je pouvais sentir l’inquiétude d’Angus sans même le regarder. Et moi-même je n’étais pas très rassuré. Nous allions refiler notre dope à un parfait inconnu, qu’on n’avait jamais aperçu dans le coin, et qui allait peut-être se tirer avec notre butin sous le bras. Mais on n’avait pas d’autres options, alors je ne me voyais pas faire preuve de patience en espérant qu’une opportunité plus sérieuse ne se présente.

J’adressai un clin d’œil maladroit à notre nouvel associé et quittai l’établissement avec ma bande de potes, tout fier. Mon pied à peine posé sur le trottoir, Angus attrapa mon bras.

— T’es sérieux, là ? Tu vas refiler la marchandise à ce type qu’on n’a jamais vu ? Je croyais qu’on avait un plan !

— Ouais ben il est tombé à l’eau, notre plan ! T’as entendu Walter, il est plus là, Lenny !

— Mais on s’en tape de Lenny, on peut toujours aller voir sa mère, comme on avait dit ! insista le barbu.

— Tu veux qu’on aille voir une vieille dame endeuillée qui est sûrement en train de chialer sa race, pour savoir si elle peut nous former au trafic de stup’ ? Ça te parait une bonne idée ? demanda Mohan. J’croyais que t’étais le plus futé d’entre nous…

— Même moi je trouve que c’est pas cool, l’appuya Taz.

— Moi, c’que je trouve pas cool, c’est de s’en remettre à un type sorti de nulle part qui pète plus haut que son cul ! reprit Angus. En plus, on pourrait s’faire vachement plus de fric si on la revendait dans la rue, la coke ! En la coupant, comme on l’avait décidé au départ.

Il n’avait pas tort, comme d’habitude. Je plissai les yeux en fixant le trottoir, réfléchissant, envisageant sérieusement cette première option, comme prévu initialement.

— Hé, les crapules ! Y en a pas un qui peut m’dépanner de vingt balles ?

Ed. Encore lui ?!

— Tire-toi l’gamin, on cause d’un truc sérieux là ! le rembarrai-je sèchement.

— Un truc sérieux ? Genre quoi ?

Mais quelle sangsue, celui-là ! Et curieux avec ça ! Je le fixais d’un air las et agacé. Je n’avais toujours pas d’argent à lui donner, et mon esprit se focalisait exclusivement sur le brillant avenir de baron de la drogue que j’entrevoyais déjà. De l’oseille plein les poches, des fringues hyper classes, et Olivia à mon bras !

— Faut qu’on trouve où crèche la daronne de Lenny, répondit Taz comme s’il avait été dopé au sérum de vérité à la naissance.

Angus souffla de nerfs, perdant patience face à l’éternelle naïveté extrêmement fatigante du plus débile d’entre nous.

— Mais putain, ta gueule, Taz ! gueula-t-il de rage.

— La mère de Lenny ? demanda Ed, s’incrustant une fois de plus dans la conversation. Mais j’sais où elle habite, moi !

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2 Commentaires
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DeJavel O.
2 années il y a

J’ai adoré le passage sur Taz : « …comme s’il avait été dopé au sérum de vérité à la naissance…»

Je sens que ce taré va jouer un rôle important dans la défaite annoncée de nos crapules ! Mdr

Toujours aussi bon !

En attente de Crapule 9 ! 🙂

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