EMPATH : chapitre 4

3 mins

Chapitre 4 : Eva 

Fraichement sortie de mon lit, je lance la bouilloire, et ouvre le petit coffre sur mon bureau, dedans des sachets plastiques avec mes plantes. Je les prépare en avance avec la bonne quantité d’herbes dedans. Je prends une tasse et pose une épuisette dessus, mais cette fois-ci je ne renverse pas toute ma tisane dedans. Je laisse un petit fond dans le sachet. Juste pour voir comment va se passer la journée.

Avant de partir en cours, je glisse quand même la poche dans mon sac de cours, au cas où.

La matinée passe tranquillement, je suis mes cours tous simplement. Après avoir grignoté, je vais du côté de l’internat pour récupérer ma voiture. Je dois aller faire le plein de verveine et valériane.

– Mais t’es putain sérieuse ! Crié-je quand je tombe sur Madison et Eva.

– Oh salut le monstre, dit Madison, son sourire machiavélique sur son visage.

– Je croyais que c’était moi le monstre, dit Eva en croissant des bras sur sa poitrine.

– Dégage Madison, dis-je sévère yeux dans les yeux.

– Mon dieu c’était drôle ! Première fois que je te revois depuis mars, et c’est pour dire putain à Madison, tu vas me donner envie de rester, dit-elle ces yeux baladant mon corps.

– Salut Eva, dis-je d’une petite voix.

Après tout, je suis partie comme une lâche après l’incident, et je n’ai jamais répondu à ces messages.

– Ça va bien ? Dit Eva d’une voix naturelle, voyant surement ma tête à son flirt.

– Oui ça va, dis-je par habitude. Et toi ? Tu fais quoi ici ? Demandé-je alors qu’elle n’est plus inscrite à cette université.

J’ai vu ses messages mais n’est jamais répondu. Alors je sais qu’elle a décidé de partir d’ici et de s’installer à New York.

– Tu fais quoi maintenant, ça te dit d’aller prendre un café ?

J’hésite, j’ai envie de lui parler, de m’assurer qu’elle va bien mais avoir une discussion cœur à cœur ça va peut-être trop.

– S’il te plait, on marche jusqu’à la boulangerie d’ici, je prends un café, tu prends un thé glacé, et on s’assoit comme de vielle connaissance, dit-elle partant déjà.

Je sors le sachet, le renverse dans ma bouche et là suit. Je ne suis pas encore prête.

XX – Boulangerie-Café Okona – 13h30

Nos commandes devant nous, nous sommes assises l’une devant l’autre sur une table du café.

Je l’observe, les mains autour de mon verre. Je veux rentrer dans son espace, percevoir ces émotions. Eva et moi nous ne sommes pas étrangères, nous avons eu une histoire. Peut-on vraiment l’appeler d’histoire ? Cela a toujours était dur de ne pas franchir la limite avec les personnes ou je suis impliqué émotionnelle. C’est pour ça que cela n’est toujours pas simple d’être avec mes parents. Mon être me crie d’être près d’eux, mais je ne peux pas.

J’ai bien fait de prendre le reste du mélange.

– J’espérai te voir ici quand je reviendrais, dit-elle.

– Tu voulais me revoir après que j’ai été lâche et n’ai pas répondu à tes messages ? Dis-je baissant les yeux sur la table. Je ne suis pas vraiment fière de comment j’ai géré cette histoire.

– J’ai bien compris que tu ne voulais pas me parler à ce moment-là. Mais j’espérai te voir pour me parler maintenant.

– Merci de passer au-dessus de tout ça, dis-je la faisant enfin face, les yeux dans les yeux.

– Bon comme tu le sais avec les dégâts dans la chambre, on a été placé dans différentes chambre Jasmine, Madison et moi. Je les ai évités le reste de l’année, c’était compliqué mais j’ai pu me détacher d’elles.

– Je suis contente pour toi alors, chuchoté-je. Dès que je suis arrivée dans cette chambre l’année dernière, j’ai toute suite sentie la toxicité de la relation qui les liés toutes les trois.

– Et toi chez tes parents ?

– Ça été, un peu compliqué de joindre les deux bouts avec la fac mais j’étais bien. Enfin j’ai commencé à aller mieux.

– Moi aussi, dit-elle un sourire au visage. J’ai fait une retraite cette été, il y avait des activités, des groupes de paroles d’entraide, des séances avec une psy aussi. C’était vraiment cool. J’ai repris confiance en moi. Et essaye de passer au-dessus.

J’hoche simplement la tête, un léger sourire aux lèvres mais c’est suffisant pour qu’Eva comprenne ce que je pense.

J’ai été entrainé dans une histoire d’amitié toxique, surtout quand Eva a fait son coming out il y a deux ans, avant la rentrée en première année à la fac. Sauf qu’elles étaient déjà toutes les 3 dans la même chambre. Elles ne parlaient presque pas, juste des méchancetés lancer sans but, et pics homophobes. Eva essayait de faire le deuil d’une amitié. Dure à faire quand les personnes en question sont juste à deux pas. Puis il y avait moi, qui sentais toutes ces horribles émotions, j’ai pété un plomb mars dernier et fais sauter l’électricité.

Nous nous quittons quelques minutes plus tard, je dois partir chez mon marchand et elle prendre la route. Elle était venue pour régler des détails administratifs, puis elle part dans une autre université.

XXX 

Publication de chapitre tous les lundis à partir de maintenant ! 

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