3- La quête

“Un clic pour un changement de vie”

Ca pourrait être un bon slogan pour la sécurité routière. Mais ça sera le mien depuis ce jour.

Bizarrement, depuis ce clic, obtenir ce poste était devenu une vraie quête. Je scrutais ma messagerie toutes les 5 min. Alors que je devais me concentrer dans mon nouveau boulot, seule la barre du réseau ne préoccupait sur mon portable.

Quand soudain, je reçois l’appel tant attendu, mon profil intéresse. Le responsable technique souhaite me rencontrer pour un entretien sur Montpellier.

Le RDV est pris un vendredi après midi, ça sera l’occasion de poursuivre ma route pour un we en famille.

Tout était ficelé, j’ai pu poser un jour. Il ne restait plus qu’à régler la question de mon chien. Ni une ni deux, j’opte pour la solution Pet Sitter, hé oui ça existe. Après quelques heures de recherche, mon choix s’arrête sur Louise, une étudiante polonaise qui a d’excellents avis et à proximité de mon entretien.

J’arrive sur Montpellier bien à l’avance, mais je n’ose pas arriver plus tôt chez Louise. Je prends une marge d une demie heure avant l heure du rdv, cela me semblait bien suffisant. Arrivée chez elle, carton plein, elle nous plait à tous les deux. On discute un peu, l’heure tourne, le stress monte, je m’apprêtais à partir, quand elle me tend un questionnaire de plusieurs pages. J’essaye de décliner ce remplissage, mais elle insiste, c’est pour mieux connaître Lili.. Comment refuser ?!

J’apprécie vraiment mais je suis déjà super en retard, d’autant que j’avais pas anticiper cela et repéré les lieux avant.

Je m’exécute, je ne peux pas partir comme ça. Il est vrai que ça me rassure aussi, car Lili a un passé médical assez conséquent.

 3 pages plus tard, me voilà parti dans un stress absolu, et de laisser Lili et de passer cet entretien.

Louise me certifie alors qu’elle prendra bien soin de lui et qu’elle m’enverrait régulièrement des nouvelles.  Me voilà rassurée et très très en retard.

Ce qui ne se fit pas attendre à peine dans ma voiture, voilà que je recevais 3 photos de Lili déjà installé les pattes en l’air sur le canapé. Y en a un qui est vraiment pas stressé, ça en est presque vexant.

Pendant tout le trajet mon téléphone n’arrêtait pas de biper, si bien que Waze n’arrivait même plus à me donner des indications claires. On aurait dit Waze sous le contrôle du CSA. 

En l’espace de 15 min j’ai vu Lili dans toutes les situations possibles, même Martine n’avait pas autant de mises en situation que lui. 

J’arrive enfin au lieu de RDV, mon téléphone est brûlant et moi liquide.

il faut dire que j étais habillée à faire pâlir une Marie Charlotte, à la messe de Pâques. Endimanchée comme s il faisait 15 degrés alors qu il en faisait presque le double.

A croire, que j aime les challenges. Je prie le Dieu Rexona pour que son déo soit aussi efficace que la pub nous laisse le croire.

Je me trouve devant l’interphone, et là panique le nom du manager ressemble au nom d’une chanteuse, mais avec un E en plus. Comment le prononcer ? Je la tente à la free style, un format yaourt, qui passe comme crème, la porte s’ouvre.

Me voilà dans le bâtiment, le hall est sombre, les plantes qui s’y trouvent, n’ont semblent ils pas plus vu une goutte d’eau qu’un rayon de soleil. L’ambiance est un peu lugubre. 

Je me présente à l’accueil, je bloque littéralement sur ta tenue de la personne qui s’y trouve, mini short en cuir et décolleté plongeant mais du plongeoir des 10 m. Je ne sais plus où, ni quoi regarder. En l’espace, d’une fraction de seconde, j’ai cru que je mettais trompée de lieux, que je mettais par mégarde arrêtée au Cap d’ Agde. Désespérément, je recherche un logo, le nom de la société pour me rassurer, mais rien ne me saute aux yeux à part ses plantes mortes et ce décolleté improbable à l’accueil d’un tel établissement.

Et si, si, le nom prononcé à la personne à l’interphone avait été confondu avec un mot de passe quelconque, et si cet endroit sombre, avec des barreaux aux fenêtres et sans aucun signe de vie ? était un club pour adultes. 

Je prie bien fort, pour ne pas être le témoin de scènes qui pourraient me laisser des souvenirs inoubliables que j’aimerais oublier. Vais je, me retrouver, dans une situation cocasse au détour d’un couloir ? Un doute m’habite tout à coup. 

Quand soudain, la personne de l’accueil me sort de mon délire total et m’invite à m’assoir sur un minuscule fauteuil en Skaï rouge dans un coin de ce hall. A ce même moment, une voix dans ma tête me dire de fuir.

Je suis entièrement en phase avec cette proposition, mais comment faire à ce stade ?

Ah mais je ne vous ai pas dit pour couronner le tout, j’ai été recommandé par un collègue de travail, qui connait bien le responsable technique. Comment lui expliquer ensuite que j’ai littéralement fui avant même de l’avoir rencontré ?! comment lui expliquer que la standardiste m’a fait tellement peur que je me suis vu dans un club pour adultes.

Je prends mon mal en patience, et j’attends, j’attends .. voilà plus de 30 min que j’attends sur ce minuscule canapé. La pression et la peur montent.. 45 min plus tard, il arrive enfin. A croire qu’un manager ne peut jamais arriver à l’heure c’est un truc impossible.

J étais plutôt rassurée car il était plutôt jeune et niveau tenue vestimentaire, on est loin du style Cap d’Agde.

Sa tenue est plutôt classe, je ne saurais trop la décrire, j’ai un peu l’impression d’être dans une boite où tous les styles se mélangent, mais on sent quand même bien qu’on a quitté le sud-ouest et que nous sommes dans les prémices du sud-est, côté mer.

L’apparence est semble t’il, quand même assez importante, pas forcément à mon goût, mais au moins ici, je pense que je pourrais adopter le mien. Enfin, on verra bien.

Il m’invite à rentrer dans son bureau, enfin de la lumière, ça fait du bien. Je suis en nage, garder les bras le long du corps devient primordial, ne pas faire de gestes inconsidérés.

L’entretien se passe plutôt bien, je dis absolument toute la vérité .. je sais pas si inconsciemment je sabote l’entretien. Alors oui ça fait 5 ans que je fais plus de technique, je suis nulle en anglais mais motivée, voilà les grandes lignes de mon discours.

Quand soudain, une question de nulle part arrive : Quel est votre signe astrologique ?

J’ai un moment de flottement, je ne sais pas si cette question est sérieuse ou pas, bien que perplexe, je m’excuse, je ne vois pas en quoi cela pourrait être une question piège Comment pourrais je gruger à cette question quand d’autant plus il a ma date de naissance sous les yeux ? C’est une nouvelle méthode de recrutement ? Je ne vois pas l’intérêt de ce point sur le poste d’ingénieur en informatique, mais je répond quand même, en me disant bêtement quand même pourvu que ce soit la bonne réponse.

Et là, je vois un sourire qui illumine son visage et il me répond : Ah comme mon ami.

Sérieux ?!

Et, c’est sur cette question que se termine l entretien. 

Je suis plus que liquéfiée, je n’ai qu’une hâte, monter dans ma voiture récupérer Lili et fuir de cet endroit improbable.

Mais non, alors même qu’il était en train de me dire que si l’entretien technique était validé, il sera suivi par deux autres entretiens, avec la DRH et le directeur du site, il décide de me présenter aux membres de ses équipes présents. 

Voilà que complètement déboussolée, je me retrouve à déambuler dans les couloirs, à la recherche d’âme qui vivent, mais il n’y a pas grand monde à cette heure ci.

Je vous ai pas dit, mais cet établissement est semi publique, nous sommes vendredi et  il est aux alentours de 16h30. Autant vous dire, que j’ai bien vu le côté publique à ce moment même de la visite.

Et soyons honnête, je me suis dit, c’est bien là que je dois me trouver. J’avais vraiment plus envie de m’investir dans un nouveau poste et j’avais plus envie de donner autant pour le boulot. Alors ça me semblait pas mal comme nouveau départ.

Le responsable essaye quand même de justifier pourquoi il y a des échos dans les bureaux, mais je ne suis pas dupe, pas à moi quand même.

Je suis enfin libérée, je récupère Lili qui avait du mal à partir. Puis je roule sans me retourner. J’ai l’impression que cet entretien s’est bien passé. Malgré les quelques points positifs j’ai quand même des doutes sur ce poste et cette structure.

Le stress sans doute, me voilà arrivée dans le Vaucluse.

L’interrogatoire commence. La pression est mise.. le camion de déménagement est dans les starting-blocks. Il n’est plus question  de revenir en arrière même si des doutes subsistent, pour le bien de la famille.