Elle ne viendrait pas… Elle lui en voulait bien trop pour cela. Il avait pensé aller prendre du houx dans la forêt pour l’amadouer à l’aide d’une photo de lui sous celui-ci mais la tempête faisait rage et il n’était même plus sûr que c’était sous le houx que la magie opérait. Il se demandait bien à quoi il pensait…
“Lenny… tu m’as menti ? Lenny… Tu n’en fais qu’à ta tête mais ça devient épuisant et je ne peux plus continuer à t’attendre ?”
Il tentait depuis 5 ans de lui faire comprendre que, jamais il ne la demanderait en mariage mais Il avait beau lui dire qu’elle était la seule, que rien ne nécessitait de se marier et avoir l’impression d’être clair, elle n’y comprenait rien.
“Je ne sais pas ce qui m’empêche de la demander en mariage; peut-être une enfance à se demander ce qui obligent des parents aimants à se séparer à ma naissance.”
On a beau faire semblant que ça ne nous touche pas et se dire qu’on ne fera pas les mêmes erreurs qu’eux mais on finit toujours par ressasser les choses qu’on ne comprend pas.
Il n’avait pas spécialement de grief contre le mariage mais pas spécialement besoin de rendre leur relation officielle alors… elle était partie parce que, contrairement à lui, ça comptait.
Ce 24 décembre, dans leur maison à la montagne, il avait observé des heures son téléphone près de la fenêtre et avait fini par sortir chercher cette plante, dans l’espoir illusoire, que ce totem de romance de la nativité lui offrirait une réponse à tous ses sms lancés et toujours sans réponse.
Bien peu de choses auraient convaincu sa bru de revenir, il le savait et maintenant qu’il était enfoui dans la neige jusqu’au hanche, il avait bien l’impression que ce noël serait bien solitaire.
La dinde qu’elle avait achetée deux jours plus tôt, énorme et farcie de marrons et d’oignons confits, aurait un goût bien fade.
Il avait songé à téléphoner à sa propre mère pour la rejoindre mais elle ne répondait plus depuis bientôt trois ans et comme toute chose, que Lenny laissait traîner par peur d’affronter, il n’avait pas cherché à comprendre pourquoi.
La neige continuait à tomber. Il avait pris une photo du chalet, à plus de 800 mètres, il l’avait envoyé à Lolita avec un smiley triste et des mains en cœur.
Parler pour de vrais et parler par texto. Lenny avait toujours trouvé ça plus simple de régler les problèmes par l’outil du millénaire. Mais cet après-midi, voyant la neige s’agglutiner et son déplacement se faire plus difficile, une vérité s’empara de lui.
Il était loin de chez lui, seul, triste et frigorifié. Qu’avait-il accompli de sa vie ? La seule chose belle qu’il avait, était parti encore une fois, parce qu’il refusait de prendre une décision pour affronter les affres de son mal-être. Les questions qui le hantaient depuis des années, le retenaient de vivre pleinement, de vivre seulement.
Il posa son corps gelé sur le pied d’un arbre dont les racines n’étaient pas encore blanchies par la neige. Il prit son téléphone et appela son frère cadet.
De cet appel, découla une somme incroyable d’infos douloureuses et cathartiques. Sa mère était décédée quelques années plus tôt. Son frère, Charles, n’avait pas appelé car il ne pouvait pas compter sur Lenny et “ ça aurait changé quoi que tu sois présent, tu ne l’as pas été pendant… quoi … tout le temps”. Il apprit également que Charles était papa de deux enfants de 2 et 7 ans. Il lui apprit également que ça n’avait rien d’étonnant qu’il soit encore seul. Lenny venait de se rendre compte, seulement à ce moment, que ce n’était, effectivement, pas étonnant.
“Tu ne fais que fuir. Affronté, c’est pas ton truc. Aimé, c’est trop dur, vivre, c’est compliqué. C’est Noël, alors peut-être que cette fête, essaye de ne pas écouter que toi, essaye d’écouter un peu les autres, pour comprendre pourquoi tu es seul. Moi, je suis pas seul, Lenny, et j’ai pas envie de l’être donc je retourne avec ma famille.”
Il avait raccroché.
Lenny avait pleuré pour la premier fois depuis des années en comprenant tout ce qu’il avait raté et raterait encore. En voulant faire demi-tour pour rentrer à la maison, il s’était rendu compte qu’il ne savait plus où il était. La neige avait tout recouvert.
Pendant une heure, il avait tourné, puis épuisé, il avait trouvé un endroit isolé où s’allonger. Il s’était endormi. Dans son sommeil, il l’avait vu, Lolita. Puis, sa voix devint de plus en plus forte. Plus prégnante, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il ne dormait plus. Il était à l’hôpital.
Lolita, plus belle que jamais, était là, au pied du lit, le médecin parlant avec elle. Elle avait pleuré car elle avait du mascara autour des yeux qui ne gâchait en rien son visage de porcelaine.
Le medecin expliquait que si elle n’avait pas été là, il serait mort d’hypothermie.
Lenny articula quelques mots et la magie de cette nuit de Noël fit le reste:
“Veux-tu m’épouser, Princesse !”
Merci, c’est une belle histoire.
Merci à vous pour votre commentaire !
Joli conte de Noël, qui fait réfléchir aux priorités
C’est une bien jolie fin.
C’est une très belle preuve d’amour que Lolita, lui a fait là. Il n’y a pas meilleur contexte pour une demande en mariage. Ils seront très heureux. ❤️
On ne revient pas sur le passé mais pour Lolita et Lenny, l’avenir se présente sous les meilleures auspices.