Ténébris : trois courtes histoires

12 mins

I – L’homme qui voulait mourir

— J’ai réchappé au sida et à game of thrones, soit les deux principaux dangers qui guettaient ceux de ma génération.
– Non, je voulais dire, tu fais quoi comme travail, dans la vie ?
– Ah ça. C’est une longue histoire. Au début mon truc, c’était l’armée. Les classes furent durailles, mais je réussis à intégrer les forces spéciales, durant deux ans, dont un passé officiellement en Afrique. J’y avais inventé ” la danse de l’Homme Mort ». Quand je tombais sur un cadavre, qu’il soit ennemi ou ami, je le plaçais dans une certaine position assise, puis je dansais autour, pour faciliter la montée de son âme au ciel. Ca n’a plu pas à tout le monde au sein de mon unité, les militaires ne sont pas connus pour leur mysticisme. L’armée m’a viré à cause de ça. Ensuite, j’ai été cuistot un temps, sur un navire marchand. Enfin, disons qu’il s’agissait de mon boulot sur le papier, parce que sur ce genre de navire, le cuisinier était un ouvre-boite. Seulement, tu comprends, l’armateur n’avait pas toutes les autorisations nécessaires pour trimballer des personnes en armes. Il y avait un Anglais, un Belge, un Néerlandais très chiant, il voulait être le seul à utiliser la mitrailleuse lourde. Notre vrai boulot consistait à protéger le bateau des attaques de pirates. Nous étions défoncés, ou saoul H24. C’était marrant. Un jour, on revenait de mission et nous venions à peine de poser un pied sur le quai, quand un type patibulaire en costard se tenait-là, et nous attendait. Il était bien trop rasé et bien trop habillé pour inspirer la confiance dans un endroit tel que Saldanha – c’est un port en Afrique du Sud, tu en as déjà entendu parler ? Peu importe, le type nous a directement emmené dans le bureau en préfabriqué du patron, et le boss nous a tendu la paie de notre dernier boulot. J’étais le seul à ne jamais compter les billets, parce que je me disais
que personne ne pouvait être assez inconscient au point d’arnaquer des hommes remplis de drogues et armés jusqu’aux dents. Ce jour-là, le boss nous a déclaré, de façon assez brutale je dois dire : « les gars, j’ai une mauvaise nouvelle, vous êtes tous virés “. Bien-sûr aussitôt les compagnons ont commencé à chauffer, moi non, j’en avais rien à foutre. Trouver du travail pour qui sait tuer, c’est facile dans un endroit tel que l’Afrique – mais c’est en cet instant que le patron a ajouté : ” Vous ne me laissez pas vous annoncer la bonne nouvelle ? Vous avez déjà un nouvel employeur. » Ouais, il s’agissait du type trop rasé et trop habillé qui était venu nous chercher à la sortie du cargo. En fait, celui-là était un gradé dans l’armée française, il nous a trimballé ailleurs, pour briefing – l’armée m’avait viré, et maintenant l’armée me réembauchait en sous-main, ironique, non ? La suite est illégale, et sûrement classée secret défense, alors j’ai pas le droit de te raconter. Et puis voilà, tout ça, c’est fini, c’est derrière moi. Aujourd’hui j’habite en ici, à profiter du fric que je me suis fait là-bas… Je bénéficie d’une formation militaire d’élite, et je m’ennuie terriblement. Je prends du bide chaque jour un peu plus dans des bars, en écoutant me parler des connards. Du bide, grammes après grammes.”

Après ça je souris, admirant mon travail. Je souris intérieurement du moins, car à l’extérieur, ma
physionomie restait neutrale. La fille ne savait pas quoi penser de tout ça, elle ne savait pas si elle devait considérer mon histoire comme un influx négatif là pour bousiller sa charmante soirée dans cet endroit aussi parisien que dégueulasse, ou si elle devait en rire, en avoir peur, couper court ou au contraire, me coller les basques. Par justice, je réservai une portion de mon sourire moqueur à ma propre personne, car après tout, c’est moi qui avais engagé la conversation, et si je l’avais fait, ce n’était pas juste pour le plaisir. Non, l’idée qui se cachait grossièrement derrière cette interaction désagréable est celle qui motive la totalité des rapports sociaux hommes/femmes : j’avais envie de rentrer mon zizi à l’intérieur du sien, puis de remuer, d’une certaine façon, de plus en plus vite, jusqu’à ce que… Vous savez quoi. Je voulais la niquer par pur désœuvrement. Je dressai un petit bouclier face à mon propre sourire moqueur, j’arguais : ” je ne savais pas avant de lui parler, je ne pouvais pas savoir qu’elle était si… Conventionnelle de l’esprit… Ou normale, peu élevée, ou… Chiante à crever. J’aurais pu avoir une bonne surprise. Même à Paris. Même dans un bar.”

Oui, j’étais trop dur envers moi-même, je ne pouvais pas savoir à l’avance ce qu’était cette fille. J’en avais pris conscience quand il fallut que je réponde à sa question « tu fais quoi dans la vie », j’avais alors réalisé que je ne pouvais censément pas lui parler de mon vrai boulot, qui est d’écrire des histoires. Elle m’aurait demandé ce que j’avais sorti comme livre, de quoi ça parlait mes histoires, je lui aurais expliqué et elle aurait ouvert des yeux ronds, l’ennui total. Chaque atome de l’univers m’avertissait de ne surtout pas aller sur ce terrain-là. Bien sûr, j’étais le seul responsable. J’avais compris de façon statistique qui elle était avant de lui adresser la parole. Avant de m’avancer vers elle, j’avais remarqué ses tatouages, ses piercings, ses cheveux verts, tous les signes distinctifs d’une femme plus consensuelle et triste qu’un homme politique à huit heures du matin. Neuf contre un était sa côte, dans le pari à propos de son attrait pour ” les produits culturels undergrounds qui loin des galeries s’expriment dans l’urbanité et réinventent le quotidien “.
Putain.
” Non, c’est des conneries. Tout ce que je t’ai raconté sur l’armée, l’Afrique, tout ça. En fait je suis
caissier dans un cinéma, et c’est bien plus passionnant ! Il ne faut jamais ranger un billet avant d’avoir rendu la monnaie, tu savais ça ? Et il y a plein de machines à gérer, et il y a…”

A force de gestes tremblants et passionnés je lui décrivais mon job alimentaire. Elle ouvrait de grands yeux, cherchait par-dessus mon épaule une connaissance qu’elle aurait pu interpeller pour
s’échapper du nouveau cauchemar que je lui présentais, et bien sûr ma démarche était stupide,
uniquement motivée par la colère que je ressentais envers moi-même, contre la faiblesse pathétique qui me poussait, parfois, à aller vers des gens que je savais incapable d’entendre quoique ce soit de vrai me concernant. Soudain, je m’interrompis au milieu d’une phrase – qui parlait de la difficulté de bien jauger le réglage d’une climatisation – je tournai les talons et partis à l’autre bout du bar.
Car je venais de réaliser cette chose merveilleuse : avec la fille, nous avions évité le pire. Elle aurait pu se trouver élevée, spirituellement, artistiquement, et/ou sexuellement. Elle aurait pu être folle,
c’est-à-dire en quête d’absolu. Et si en plus elle m’avait trouvé quelques qualités, alors nous aurions fait non pas une partie de in-out aussi blême que triste, mais une cérémonie shamanique célébrant une fusion sexuelle d’ampleur massive ! Et je savais comment ces choses se finissaient. L’un ou l’autre étendrait un jour son ombre criminelle par-dessus le corps de l’amant innocent, et plongerait dans son cœur cette dague, déguisée en mots : ” c’est fini. »
Parce que l’humain n’est pas immortel, parce que la seule caractéristique qu’il partage avec les dieux est la colère, parce que la passion meurt comme la vie qui l’éprouve, et parce qu’après la passion arrive toujours l’heure froide et assassine. J’avais eu une sacrée chance d’être tombé sur une conne dépourvue d’ampleur. Elle était jolie, mais cela ne suffirait pas. Entouré de quelques connaissance avec lesquelles il m’était impossible d’aborder le sujet de mon écriture – donc des gens inintéressants en tout – je passais une fabuleuse soirée à rire, à m’agiter vainement, je parlais haut et fort, je prononçais des mots sans saveur, et tout me paraissait plus intense, un peu comme si je venais de réchapper à un terrible accident de la route (la fille aux cheveux verts), un accident de ceux dont on ne se remet pas, avec blessures handicapantes tout ça, ce genre d’accident que la presse locale qualifie de “grand carnage”.
Nombre d’amoureuses avaient tué ma passion, et je l’avais aussi assassiné froidement, à maintes reprises. Maudite soit cette époque et leurs gens, maudites soient ces femmes incapables de vieillir ou d’aimer, maudits soient toutes celles et ceux qui prétendent que l’amour est immortel, que la passion se transforme, que quoi que ce soit sur Terre ne meurt pas, et se bonifie avec le temps.
La mort, la mort violente des corps, des âmes et des sentiments, là est le sens de la vie. La mort et la
souffrance, à déguster tête haute et cœur vaillant. Je n’avais jamais eu peur de tuer, ni d’être tué,
simplement ce soir j’étais fatigué. Je ne m’en sentais plus l’envie.
Sûrement par la faute de mon bonheur tonitruant, la fille du comptoir eut envie de revenir dans mon pays, et alors que je me retournais, son image me frappa, son visage souriant très chaud et très près, et de terreur, je ne pus m’empêcher de pousser un long hurlement …
Les gens crurent que je me sentais mal, le bar appela les pompiers, je me roulai sur le sol, hurlant ma souffrance, et je ne jouais pas, mon dieu non !
Plongé dans un état de pur panique …
La vilaine face de cette fille piercée à l’âme raisonnable ..
Et ces sales tatouages …
Ces putains de piercings …

Elle avait voulu me parler mais elle était incapable de me tuer, alors bien sûr, je voulais mourir.

***

2 – L’homme malade

– Mon dieu regarde le chien, qu’est-ce qu’il a ?!
– Réddit ?! Réddit !
– Pourquoi il tremble comme ça, pourquoi il … Oh mon dieu il …
– REDDIT !
– FAIS QUELQUE CHOSE !
– REDDIT !
– FAIS QUELQUE CHOSE JE PEUX PAS …
– NE LE TOUCHE PAS !
– On peut pas le laisser comme ça c’est horrible il faut faire …
– Ne le touche pas Alice ! Ne le touche surtout pas …
– Mais il souffre trop …
– Alice …
– Pourquoi il ne meurt pas ?
– Alice …
– Réddit …
– Ça y est il est mort. Réddit est mort, Alice. Je crois.

Au début, la maladie toucha les singes. En l’espace de trois mois, il n’y eut plus aucun singe sur la planète. Un comique célèbre en fit un sketch qu’il présenta à la radio et la télévision. Les gens riaient. Les
médias étaient heureux. Rien de mieux que des blagues entre deux nouvelles alarmantes pour vendre de la pub ou générer des clics, oui. Pour eux, ce fut une bonne période … Mais ensuite ce fut au tour des
chiens. La maladie mettait plus de temps à les tuer, certains maîtres essayèrent de placer à l’abri leurs compagnons à quatre pattes. Éviter les sorties, faire attention… Les chiens transmirent la maladie à
d’autres animaux domestiques, dont les porcs. Par la faute aux conditions d’élevages intensives, les porcs, comme les sangliers et toutes les espèces porcines, suivirent les singes sur la voie de l’extinction. Le célèbre comique continua ses blagues à la radio, et à la télévision, les gens riaient. ils étaient réceptifs. Le public se tenait les côtes à s’en rouler par terre lorsque les ânes disparurent à leur tour. Le comique prétendit qu’il en restait un, d’âne, ou plutôt une ânesse : une célèbre participante de télé-réalité moquée pour son expression orale catastrophique. Mais la célébrité ne tarda pas à rejoindre dans la mort les singes, les chiens, les ânes et les porcs, comme près d’un milliard d’autres personnes, quand la maladie toucha les Hommes.
A cet instant, les gens ne riaient plus.

Le lendemain de Réddit, quelqu’un frappa à la porte.
Un jour…
Il s’agissait d’un jour, oui, je m’en souviens. Même si nous vivions volets fermés depuis près de deux mois, les rayons du soleil passaient aux travers, alors, nous savions qu’il faisait beau, et qu’il était tôt dans l’après-midi, enfin, relativement. Plus tard quand notre vue se mit à décliner, il fut moins évident de savoir à quel moment nous étions de la
journée. Vers la fin, nous vivions dans des demi-ténèbres constantes.
Nous étions arrivés à ce stade précis où nous ne nourrissions plus d’espoirs, à propos d’une hypothétique prise en charge à l’hôpital. La maladie avait progressé suffisamment pour nous laisser aucun doute sur le dénouement. Plus l’espoir est grand, plus l’enjeu est élevé, et plus ressentir cet espoir est éprouvant. L’avantage, nous le savions désormais, nous étions foutus. Et cela avait un aspect rassurant.
Mais un jour, un après-midi, le lendemain de Réddit exactement, il y eut des coups énergiques frappés contre la porte. Assise sur le canapé, elle m’observa me lever et prendre la batte de baseball qui attendait
debout dans le couloir. Je jetai un coup d’œil craintif à travers le judas. Je répondis en chuchotant à son regard rond, qui me questionnait en silence.
– Je ne sais pas … Il porte un masque.

Je forçai une voix assurée d’un timbre plus grave, et demandai à la porte qui était là. Une voix d’homme, un prénom, il s’agissait de son frère, je reposai la batte. Elle se leva du canapé. J’annonçai au visiteur
qu’elle « s’habillait », et sur l’instant, je me demandai si j’aurais dû spécifier que non, sa sœur n’était pas nue. Quoi qu’elle en aurait eu le droit, en tant que couple légitime et identifié auprès de sa famille, d’être nue chez nous, mais … Depuis que la maladie avait vaincu nos anticorps et s’exprimait plus librement, nous évitions tous deux d’imposer à l’autre la vision de ses outrages sur nos chairs, mais … Cela ne regardait pas son frère. Non, si j’avais eu envie de préciser mon propos, c’est parce qu’une nudité d’Alice aurait signifié une certaine nonchalance de sa part, incompréhensible dans notre situation. Je
laissais tomber. Son frère avait dû comprendre ce que je voulais dire, lui aussi s’était habillé pour l’occasion. Je jetai un nouveau coup d’œil au judas. Les traits de notre visiteur se trouvaient dissimulés
par un volumineux masque à gaz, deux grosses optiques aux yeux d’insecte. Elle finit de s’enturbanner la tête à la façon d’une nomade du désert. Elle enfila un sweat à la capuche rabaissée malgré la chaleur, et des gants. Je dégageai l’entrée et me repliai dans la chambre. Elle
entrouvrit la porte, s’ensuivit un échange précipité.
Lui :
– Tu ne réponds plus au téléphone …
– Nous avons perdu Réddit hier …
– Quoi ?
– Réddit est mort. Nous savions pas quoi faire de son corps, alors on l’a emballé dans des sacs poubelles, et nous l’avons laissé dans la rue, dehors …

Elle se mit à pleurer. Il lui intima de ne pas perdre espoir, il lui dit que tout le monde appelait les hôpitaux, qu’ils ne lâcheraient pas. Elle lui répondit que cela faisait des mois que nous étions sur liste d’attente…
Elle lui dit qu’il savait comment cela se passait, que nous n’étions pas assez … Importants pour eux. Il lui demanda si nous avions besoin de quoi que ce soit, si nous avions à manger, elle lui dit qu’il n’aurait pas
dû venir, qu’il n’avait pas le droit d’être là. Elle lui intima de faire attention, elle insista sur le fait qu’il devrait brûler ses vêtements, tous ses vêtements. Il lui répondit qu’il savait, qu’il avait prévu du change
dans le coffre de sa voiture.
« En partant tu devras éviter les grands axes, il y a des flics partout, et des barrages de l’armée, tu n’as pas le droit de venir ici … »

Il demanda à la toucher.
Je vis un gros gant épais de plastique noir pénétrer notre domicile, et venir lentement se poser sur la joue d’Alice …
Lorsqu’il partit, je restai un moment dans la chambre, à écouter Alice pleurer. Je laissai s’écouler dix minutes, puis envoyai un texto à son frère, je lui écrivis :
« Nous allons mourir, ta sœur le sait. J’espère que tu le sais également. Nous nous y préparons. S’il te plaît ne viens plus nous voir, et ne téléphonez plus. Car pour elle ensuite, c’est plus dur. »

J’hésitai à signer, ou exprimer des adieux comme « content de t’avoir connu », mais je n’ajoutai rien et l’envoyai comme ça.
C’était la dernière fois.
C’est la dernière fois où nous avons vu quelqu’un de vivant.

***

III – Le deuxième homme

L’horloge du four affichait 16H46.
Fermés, pensifs, ils se tenaient face à face tous deux assis sur des tabourets, autour du comptoir de la cuisine. 21H00, l’attente s’annonçait inhumaine. Résolu, il s’obligea à respecter le silence, son silence. Il se dit qu’elle en avait besoin. Quand ses lèvres à elle s’ouvrirent enfin, ce fut pour pester :
– Cette connasse pense que 21H00 est une heure correcte pour venir voir une gosse. Cette connasse n’a aucune idée de l’heure à laquelle doivent se coucher les enfants.

Sur le coup, il ne trouva rien à ajouter. En effet, 21H00 était une heure parfaitement dégueulasse. Un choix d’heure qui en disait long. Son regard fixé sur le paquet de céréales décoré d’un tas de dessins colorés et dénués de sens, il prit une profonde inspiration,
– Je pensais … Que ce n’est peut-être pas une bonne idée.
– Comment ?
– Que ce soit lui qui la … Qui s’en occupe.
– Ce sera lui ou moi. Mais j’ai plus confiance en lui qu’en moi. Parce qu’il ne ressentira aucune colère à ce moment-là. Pas de bruit dans sa tête, pas de cris, ni de voix. Il sera seulement accompagné d’une froide détermination. Je ne pense pas en être capa …
– Et si moi je le faisais ? Je suis son père après tout.
– Toi ?
– Sauf si tu as plus confiance en lui qu’en moi.
– Que veux-tu dire ?
– Il est … Il n’est pas vraiment l’oncle de Kathleen, tu le sais. Et moi, je suis son père. Il veut le faire, il veut en endosser la responsabilité, et je trouve simplement qu’il serait plus naturel, surtout aux yeux de la justice et des médias, que ce soit moi qui …
– Quoi qu’il dise, on ne le laissera pas en prendre la responsabilité. On leur dira que ce plan, c’était le nôtre, à tous les trois. Quant à ma confiance en lui ou en toi, si tu m’affirmes ici et maintenant en me regardant droit dans les yeux que tu le feras, si tu me jures sur la tête de notre enfant que ses cris, ses pleurs et ses lamentations ne t’arrêteront pas, alors … Alors c’est toi qui la tue ce soir. Peux-tu me le jurer ?
– Je …
– Quand elle va geindre, quand elle va te supplier ? Quand elle se prétendra victime ? Puis lorsqu’elle s’excusera pour tout ? Pour absolument tout ? Quand elle te demandera de ne pas se comporter comme lui se comportait ? De ne pas te transformer en ce monstre qu’il était ? Quand elle te dira que tu n’es pas obligé ? Qu’elle peu prendre la porte et ne rien dire, faire comme si rien ne s’était passé ? Cette vieille pute est capable de tout, et je suis encore en dessous de la vérité. Alors réfléchis bien, visualise la scène, imagine ton arme sur la tempe de cette truie qui à ce moment se déguisera en une simple vieille femme, le feras-tu ? Parce que c’est l’avenir de notre enfant qui est en jeu.
– Je …
– Tu sais, je t’aime parce que tu es ma normalité, celui qui me relie à la vie … Je t’aime parce que tu es incapable de tuer. Et lui, il est devenu mon meilleur ami pour la raison opposée. Pour lui la violence… C’est un peu comme les thèses que tu étudies.
– C’est-à-dire ?
– Un territoire où il se sent bien.

Le paquet de céréales posé sur le comptoir de la cuisine, un personnage stupide dessus. Orange. Dans une pose allant au-delà de l’hystérie (tout en écoutant ses mots il se demanda pourquoi les produits pour enfants sont toujours illustrés de la sorte, s’il s’agit du goût des enfants, ou si les enfants se contentent d’aimer ce que les adultes leur donnent) …
– D’accord. Il le fera. Ensuite nous dirons qu’il s’agissait de notre idée, à tous les trois.

FIN

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