Retour au Départ

Au départ, au revoir ! Les dents serrant, les bouchons, le moteur ronflant et chauffant, les gosses bredouillant, mâchonnant, chantant et braillant, le chien couinant, jappant et se léchant le fond du fondement, la bonne femme couinant tout autant, pétant et rotant, les pieds puant. J’vais m’enfuir en courant !

Les vacances, quelle chance ! Loin du boulot, des collègues et de leurs bobos qui, d’un coup, surgissent hors d’un bungalow. Eux et leurs chicots même ici et encore là, sur le dos. Criant, beuglant et vociférant, chaque jour, chaque heure, chaque minute : « Coucou, mon conaud ! Tu viens ? C’est l’heure de l’apéro ! ». J’vais finir totalement dingo !

A la plage, le bronzage ! Le sable blanc, l’océan et son zéphyr rafraichissant, les gosses boudant, le chien creusant, la femme rouspétant même en roupillant. Moi, rougissant sous le soleil brûlant, telle une belle au bois dormant, profitant de ce bon temps, d’un coup, tonnant, glapissant et vagissant ce : « j’veux rentrer maintenant ! Ici c’est chiant ! » vint me glacer le sang. J’vais foutre le camp, au milieu des champs !

Un retour, bonjour ! Salut voisin, alors les vacances ça sent le sapin, hein !…Crétin ! Décharger, laver, ranger, les factures à payer, la belle-doche toujours pas calanchée, les plantes à arroser, le lapin qui est crevé. Ma faute, je l’avais oublié ! Les gosses qui se mettent à chouiner, le chien à dégueuler, quelle saleté il avait encore bouffé ! La femme à bougonner, à me le faire enterrer sous le sapin dans le jardin…le lapin pas le chien ! J’vais tous les buter, j’aurai la paix !

Un retour au départ : quelle chance ! Les vacances à la plage : au revoir ! Bonjour, le bronzage !…eh, faut bien un finissage !

Eh, eh ! Voilà c’est ça, l’été !

(Perso, je trouve ça bien que quand c’est terminé. Mais promis, juré, craché, l’année prochaine on s’y remet ! Sans les gosses ni la bonne femme mais avec le chien, lui au moins je l’aime bien).