Les pierres d’âme – Chapitre 11 – Retrouvailles mouvementées.

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Merci à Françoise pour les corrections

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Retrouvailles mouvementées

« Pour ceux qui aiment la bagarre ! »

Lorsque nous arrivâmes en vue de la clairière, je pus y distinguer une grande agitation. Nous nous approchâmes à pas de loup et Eorelle me désigna un point d’observation particulièrement bien choisi. Elle avait l’expérience suffisante pour repérer immédiatement ce genre de choses. Bien cachées et un peu en hauteur, nous pûmes contempler la scène.
D’horribles monstres à l’aspect humanoïde s’y tenaient. Les plus petits devaient mesurer environ un mètre quatre-vingts, et certains en atteignaient certainement plus de deux. Leur carrure était impressionnante, ils étaient dotés de muscles démesurément saillants et leur peau était olivâtre.
Leurs visages, si on peut utiliser ce mot pour de tels abominations, étaient munis de crocs saillants et surtout respiraient la haine pure. Ils étaient armés de lourdes haches, de sabres, mais certains contrastaient de cet harnachement médiéval, avec des fusils d’assaut semi-automatiques en bandoulière.
Ils étaient protégés par d’épaisses cuirasses en métal ainsi que par des cervelières, dont certaines à nasale.
Ils étaient sept dans la clairière, trois étaient armés de fusils.

Mais ce qui nous bouleversa profondément fut la vue de prisonniers au fond de la clairière. L’horreur de la situation nous terrassa, car il s’agissait des enfants du village, des petits. Je cherchai parmi les visages. Ma main tout à coup se referma sur celle d’Eorelle. Je venais de reconnaître ma sœur, ma petite Lily.
— Lily ! Stupéfaite, je ne pus m’empêcher de murmurer son prénom.
Eorelle, capable de se contrôler, appliqua le bout de son index sur ma bouche. Elle me fit signe de la suivre un peu plus loin. Je ne lâchai pas sa main.
Quand nous fûmes hors de portée de l’audition supposée des monstres, nous pûmes tenir conseil.
— Ce sont des orcs, ma petite Margaux, ça ne rigole pas. Je m’en doutais, mais je ne voulais pas y croire. Je n’en avais pas vu depuis à peu près deux millénaires, si tu comprends à quelle époque je fais allusion.
« Il y a deux scénarios possibles : soit ils ont reçu des ordres précis et ont enlevé les enfants pour une raison qui m’échappe, soit les pauvres petits sont destinés à la marmite. Je penche plutôt pour la première, car sinon, pourquoi les auraient-ils laissés en vie ?
— C’est quoi ça ?
— Ils ont été créés à partir d’humains par un de leurs dieux mauvais aujourd’hui interdit. Si quelqu’un le prie encore, c’est dans l’illégalité. Ils ne sont que haine pure. Ils ne sont pas bien intelligents mais sont de redoutables combattants.
— Que peut-on faire ? Une bonne soupe dont ils ne se remettraient pas ?
— Peut-être, mais il faudrait arriver à la leur administrer, mais cela pourrait s’avérer dangereux s’ils veulent nourrir leurs prisonniers. Je vais alerter mes amis elfes les plus proches, ils habitent à peu près à deux heures de marche.
« Viens, éloignons-nous encore un peu, je dois appeler un ami à moi.
— Attends, je dois empêcher Bastien de se faire prendre, j’y vais, appelle tes amis.
Elle hésita un instant.
— D’accord, vas-y il n’y a pas le choix. Mais sois prudente, leurs sens sont aiguisés.

Je commençai à contourner la clairière, je l’entendis pousser un cri, semblable à ceux des oiseaux de proie. Mais je ne pouvais m’arrêter pour regarder ce qu’elle faisait.
De mon côté, je continuais ma progression et arrivai en vue du chemin d’où Bastien devait arriver. Eorelle n’était plus en vue.

J’avançai prudemment pendant quelques minutes lorsque j’entendis un cri rauque et puissant venant de derrière moi. Un orc immense m’avait repérée et fonçait dans ma direction. N’écoutant que ma couardise, je me mis à courir dans le même sens que lui afin de lui échapper. Mais il était bien plus rapide que moi, il se trouvait encore à plus de cent mètres, lorsque je vis Bastien sur le chemin.
Croyant que je me précipitais vers lui pour je ne sais quelle raison, il se mit à courir vers moi, tout joyeux. Jusqu’à ce qu’il le vît. Il resta dès lors immobile, pétrifié. Je devais faire quelque chose sinon il serait la prochaine victime de l’orc. Arrivée à la hauteur de Bastien, je fis face. C’est alors que cette horreur jeta sa lance dans notre direction. Je fis un saut de côté bien inspiré, car elle se planta profondément dans le sol juste à l’endroit où je me tenais moins d’une seconde auparavant. Il ralentit légèrement, le temps de sortir une hache accrochée dans son dos.
Sorti de sa torpeur, Bastien jeta une grosse pierre qui était à nos pieds et j’enchaînai en lançant une autre. Il prit celle de Bastien dans le torse, ce qui n’eut aucun effet, mais il reçut la mienne en pleine face. Cela le fit ralentir une seconde, mais il repartit en avant, sa haine et sa puissance décuplées par l’adrénaline.
Bastien s’était à nouveau armé d’une pierre, mais il n’eut pas le temps de la jeter avant l’arrivée du monstre. Au dernier moment alors qu’il allait fondre sur nous, je plantai la lance d’Alamarielle dans le sol, la pointe en direction de son torse. Il n’eut pas le temps de ralentir et s’empala, emporté par sa vitesse, et l’énergie avec laquelle il percuta l’arme était augmentée par son énorme poids.
On aurait pu croire que tout allait s’arrêter là. Mais dans un dernier sursaut, il décocha à Bastien un coup de hache qui le blessa au bras. L’orc s’était empalé sur l’arme que je tenais à deux mains comme je pouvais, son sang noir bouillonnant de sa blessure, son visage nous contemplant, rempli de haine. Remuant encore il essayait vainement de nous atteindre par tous les moyens. Ce fut l’ultime souvenir que j’eus de lui. Il n’exprimait que la haine pure alors qu’il était en train de mourir, il pensait encore à tuer plutôt qu’à se sauver.
Lorsqu’il finit par tomber sur le côté, exsangue, je manquai de basculer, suivant comme je pouvais le mouvement de ma lance. J’étais horrifiée, jamais je n’oublierais cet instant de terreur et de dégoût.
Je dus appuyer mon pied sur son torse pour pouvoir récupérer mon arme. Oui, c’était devenu la mienne, ce n’était plus celle d’Alamarielle, car l’ombre bienveillante de son ancienne propriétaire me fit comprendre qu’elle me la cédait afin de nous protéger, Eorelle, moi, et ceux que nous aimions.

Je me tournai vers le pauvre Bastien, légèrement blessé au bras, et qui n’avait rien compris à ce qui lui arrivait. Je me penchai vers lui pour voir sa blessure, mais il tenta maladroitement de m’embrasser. Je reculai vivement et lui plaquai ma main ouverte sur le visage.
— Qu’est-ce que tu fais, imbécile ?
— Ben, je croyais que c’était ce que tu voulais ? Tu étais jalouse de Romane, non, alors je me suis dit que tu avais envie sortir avec moi.
Je me mis à rire à gorge déployée.
— Tu te fous de ma gueule en plus ! Râla-t-il.
— J’aime les femmes, pas les hommes, ce n’est pas d’elle que j’étais jalouse, mais de toi.
Après avoir eu un regard éberlué, il se mit à rire franchement lui aussi tout en tenant sa blessure.
— Ah je comprends mieux pourquoi tu me faisais la gueule. Je croyais… Et après je t’évitais parce que je ne voulais pas sortir avec toi. Et puis là, tu viens de me sauver la vie, alors je me suis dit que… pour te remercier…
« Bon ben, sans rancune ? Il me tendit sa main valide. En tous cas, ça me rassure, on peut redevenir potes.

Je topai.
— T’en fais pas Bastien, tout ça est fini. J’ai quelqu’un qui m’aime. Fais-moi voir ta blessure, mon vieux.
Il avait tout de même une belle entaille. Heureusement que cette abomination n’avait plus beaucoup de forces quand elle avait porté le coup.
— C’était quoi, ce gros truc vert, Schrek ? Je le voyais plus sympa quand même ?
— C’est un orc, qui voulait notre peau ou celle de toute créature qui se dresserait devant lui. Il y en a six autres là-bas, en admettant que celui-là fait partie des sept que nous avions repérés. Ils ont ma petite sœur et d’autres gamins du village. Viens avec moi.
— On va où ?
— Retrouver mon amoureuse. Et aussi, accessoirement essayer de sauver les gamins… Et ma Lily, dis-je les larmes aux yeux. Mais d’abord, je vais laver ma lance. Il me l’a polluée.

Je commençais à réaliser que j’avais tué. En tenant fermement la lance, j’avais senti en ma chair ses côtes craquer, j’avais vu son sang se vider, sa vie s’envoler. J’avais tué. Mais c’est un monstre, un être sans foi ni loi, pétri de haine jusqu’au fond de ses entrailles. Mais j’avais tué un être vivant. Un être qui vivait et qui, par mon action, avait été réduit au trépas. J’étais une meurtrière, mais ce faisant, j’avais protégé mon ami et moi-même.
Effectivement, j’avais tué et j’avais eu raison de le faire, car je n’avais pas eu le choix. Et je devrais réitérer ce geste pour sauver ma petite sœur, les enfants du village et certainement bien plus encore.
Alamarielle avait été avec moi, et le serait encore lorsque j’en aurais besoin. Je ne la connaissais pas, elle était morte il y a plus de deux mille ans, mais j’avais ressenti sa présence. Elle approuvait mon amour pour Eorelle et elle serait là pour et avec moi, chaque fois que j’aurais besoin d’elle, elle serait une force de soutien. Pour le bonheur de son amour, Eorelle, et pour le mien.
Nous aurions pu être jalouses l’une de l’autre, même séparées par la mort, car elle vivante, je n’aurais pu partager l’amour d’Eorelle, et elle ne pouvait plus l’aimer dans notre monde. Mais nos esprits avaient décidé que ce n’était pas la peine de faire la guerre, se soutenir était une meilleure attitude.

Alors que je trempais mon arme dans la Doucerive, regardant ce sang noir et impur qui souillait l’eau claire, nous vîmes six orcs venant du village, probablement une patrouille. Nous nous serions volontiers cachés, mais ils nous avaient apparemment déjà vu. Nous nous préparions à défendre chèrement nos existences, lorsque nous remarquâmes que trois d’entre eux étaient armés de fusils. Nous ne pourrions rien faire contre eux. Nous allions certainement vivre nos derniers instants.
Alors, sans que quiconque puisse le prévoir, l’un des fusiliers tomba, une flèche plantée dans la gorge. La patrouille stoppa net. Ils se mirent à chercher du regard d’où pouvait venir le tir, et un autre orc mourut de la même manière que le premier. Mais le dernier épaula et tira.
Un cri perçant s’échappa des fourrés à une certaine distance de nous. N’écoutant que mon amour pour Eorelle, je courus dans sa direction supposée, Bastien sur mes talons. Je la vis enfin, elle était blessée à la jambe, en mauvais état, mais vivante. Je me retournai pour la défendre coûte que coûte. Mais l’orc au fusil était presque sur nous avec ses comparses. Il nous tenait en joue et je lâchai mon arme.

Les monstres se saisirent de nous et commencèrent à nous emmener sans ménagement. Le plus discrètement possible, je jetai un dernier regard vers Eorelle, et surpris un clin d’œil qui m’était destiné. Elle simulait la mort, mais elle était toujours en vie. Pour combien de temps ?
Nous nous dirigions vers leur camp. Ils avaient allumé un feu tout autour du noyer. Ces créatures infernales tentaient de le faire mourir juste par plaisir. Ils nous jetèrent brutalement au milieu des enfants. Ma petite sœur me regardait avec des yeux atterrés. Un des orcs qui devait être le geôlier, m’empoigna par les cheveux et m’attacha les mains avec une corde épaisse. Il savait faire son travail, je ne pouvais presque pas bouger. Puis ce fut le tour de Bastien. N’écoutant que sa cruauté, l’orc l’empoignait par son membre blessé, lui arrachant des cris de douleurs. L’autre ricanait de plaisir.

L’un d’eux, le plus massif de tous, prit la parole :
— En voilà deux de plus pour le sacrifice. Nos maîtres seront contents. C’est du beau travail. Mais il me semble que vous êtes partis à six et vous n’êtes plus que quatre. Tu peux m’expliquer ça Urbul ?
— Il y avait un archer embusqué, Roshmak, mais je l’ai flingué répondit le fusilier.
— Vous êtes assurés qu’il est mort ? Je n’ai pas du tout envie de finir en brochette. Et où sont les fusils manquants ? Allez me rechercher tout ça. Et ramenez-nous de la viande.
— On pourrait manger ces deux-là, ils sont plus grands, fit le geôlier nous désignant.
— C’est exclu, nos maîtres ont besoin de leur âme, toi et toi, Termina,  Roshmak. Accompagnez-les avec des fusils.
Les quatre orcs repartirent, accompagnés des deux nouveaux.

Plus personne ne faisait attention à nous. Saucissonnés comme nous étions, nous étions réduits à l’impuissance. Je regardai autour de moi, l’esprit en éveil, à l’affut du moindre détail dont je pourrais profiter. Dans la clairière les monstres n’étaient plus que cinq désormais. Non loin de nous, étaient entreposées des armes. Des lances principalement, mais encore deux fusils, et quelques chargeurs apparemment pleins.
Le temps s’écoulait, je me repassais en boucle la dernière image d’Eorelle qui m’avait été donnée, me demandant si elle allait survivre.
Mais je me ressaisis et décidai de garder mon esprit en alerte. Je scrutais ce qui se passait autour de moi dans l’espoir de trouver une idée pour nous en sortir tous sains et saufs.  certains des six enfants qui étaient attachés là avaient le regard dans le vide. D’autres, dont ma sœur, étaient comme moi, dans l’attente d’un faux pas de la part des orcs afin d’en profiter pour agir. Et d’autres enfin avaient les yeux fermés, certainement pour ne pas voir l’atroce réalité. Bastien, lui, se tortillait dans tous les sens, essayant de se libérer. Par deux fois il avait attiré le regard des orcs sur lui, ce qui lui avait valu quelques violents coups de pieds dans les côtes et lui avait arraché des hurlements.

Je ne pourrais dire combien de temps s’écoula de la sorte. La plupart des orcs se reposaient, d’autres jouaient aux dés et trichaient, ce qui entraînait à chaque fois de violentes disputes. De temps en temps le geôlier venait voir si nous n’avions pas bougé. À un moment donné nous avions entendu quelques coups de mitraille, mais depuis, plus rien.

Tout à coup je sentis quelque chose de petit et chaud se coller contre ma main. Je ne pouvais me retourner pour voir ce que c’était, mais une petite minute plus tard, mes mains étaient libres. Je pus alors bouger. Me retournant à moitié je vis une petite queue rousse qui s’enfuyait en direction de Bastien. Mon ami l’écureuil ! Je ne devais pas me faire remarquer, attendant que les orcs regardent ailleurs. Lorsque vint l’opportunité, discrètement et rapidement, j’allai me servir dans les chargeurs. J’eus le temps d’en saisir quatre. Je ne savais pas utiliser un fusil, mais j’avais une autre idée. Aussi je me mis à les vider dans mon dos.
Bastien fut lui aussi libéré par le petit animal. Je dus lui intimer l’ordre de rester tranquille, lui expliquant que j’avais un plan et qu’il devait se calmer si nous voulions nous en sortir. Il finit par m’écouter. Au bout de quelques minutes, tous les enfants furent libres et notre sauveur s’enfuit. Je regardai aux alentours et distinguai des ombres se mouvant silencieusement plus loin dans la forêt. Peut-être de l’aide.
J’avais à peu près une centaine de munitions à ma disposition. Je les répartis entre les enfants en les faisant circuler de main en main pour que chacun en ait suffisamment, et j’y adjoignis un message oral.
Puis je lançai le top, et tous les enfants, moi-même et Bastien, nous levâmes simultanément et jetâmes les balles en direction du feu. Peut-être qu’un quart seulement atteignirent leur cible, mais cela devait être suffisant. Il n’y avait pas le choix de toute façon.
Les orcs nous virent debout et, se saisissant de leurs armes, commencèrent promptement à vouloir nous attraper. Mais nous nous jetâmes tous à terre. L’explosion eut lieu à temps, cette diversion nous permettant de nous enfuir. L’instant d’après, quatre créatures barbares tombèrent, percées de flèches. Il n’en restait qu’un. Nous fîmes face à notre geôlier. Je me saisis d’une lance qui était restée au sol et le menaçai. Il ne s’agissait plus d’utiliser un effet de surprise, mais bien de le combattre face à face. Armé d’un sabre, il me regardait d’un air de défi. Mais il s’écroula, une flèche dans la nuque.

Je vis alors Eorelle sortir du bois, la jambe tenue par une attelle, appuyée sur une béquille et son arc dans l’autre main. Je courus vers elle le plus rapidement possible pour lui sauter dans les bras et la serrer contre moi. Non sans faire attention à sa blessure.
— Margaux ! J’ai eu tellement peur pour toi.
— Eh moi donc !
Je la serrais si fort que j’aurais pu l’étouffer.
Nous nous tournâmes vers les petits, et trois autres personnages sortirent de la forêt, portant le même type d’armement qu’Eorelle. Deux d’entre eux serrèrent des enfants dans leurs bras pour les réconforter. Je pris ma petite sœur dans les miens et la gardai un long moment contre mon cœur, sans parler. Après ce moment de réconfort, je me tournai à nouveau vers mon amour pour lui donner un baiser.
— C’est ton amoureuse ? Me demanda ma sœur. Elle est belle ! Mais moi, je préfère les beaux garçons comme lui là-bas.
Elle désignait un des personnages entrés à la suite d’Eorelle dans la clairière.

Il était grand, blond, les yeux d’un bleu clair et froid. C’était le seul à ne pas avoir serré d’enfant dans ses bras. Il était resté debout, digne dans son port, et distant. S’approchant de lui, Eorelle nous fit les présentations.
— Voici Hindred, c’est un elfe comme moi. Il n’aime pas trop les humains, c’est ainsi.
— Je préfère les elfes, répondit-il en me regardant étrangement.
Ses yeux je le voyais bien, avaient les mêmes propriétés que ceux d’Eorelle.
— Mais je n’ai rien contre vous. Ajouta-t-il au bout d’un instant.
— Je te présente la dame de mon cœur, Margaux, fit Eorelle.
— Elle en vaut la peine, dit-il laconiquement.
— Et sa petite sœur, Lydia.
Continua Eorelle avant de rajouter :
— Lily, ta sœur m’a beaucoup parlé de toi, elle t’aime très fort.

Eorelle fit quelques pas pour aller rejoindre Bastien et les deux autres personnages, quand Hindred se pencha à mon oreille.
— Elle t’a parlé du choix ?
— Le choix ?
— Si tu l’épouses, tu auras le choix de devenir une elfe.
— Pourquoi me dis-tu ça, toi qui n’aimes pas les humains ?
— Parce que je préfère les elfes, si tu en deviens une, ça en fera une de plus. Tu en vaux la peine, Margaux, ton âme a la grandeur nécessaire. Mais chut. J’ai une réputation à garder.

Puis il s’agenouilla gravement devant Lydia :
— Crois en tes rêves et ne les oublie jamais.
Et il se releva.

Je rejoignis ma belle pour l’aider à marcher. Lily était restée vers Hindred, béate d’admiration. Ils finirent par nous rejoindre.

Nous approchâmes alors de Bastien et des deux derniers inconnus, ils devaient être un couple. Un homme et une femme, ils se tenaient par la main tandis que je pris celle d’Eorelle dans la mienne, ce qui eut l’air de les enchanter.
L’homme était brun et barbu, les yeux noisette, de taille et de corpulence moyennes. Il avait cependant comme les autres elfes un visage juvénile. La femme avait des cheveux châtain clair, coupés assez court, et les yeux gris. Elle et son mari, car j’appris plus tard qu’ils étaient mariés, avaient un air souriant malgré les circonstances tragiques. Ils étaient heureux de se retrouver avec leurs frères.

De leur côté, les autres enfants s’étaient mis à discuter vivement entre eux tout en regardant les elfes qui les avaient sauvés, éblouis par leur beauté, leur prestance, et pleins d’admiration pour ce qu’ils avaient réalisé.

Eorelle continua les présentations :
— Voici Margaux, celle que j’aime, Bastien un ami de Margaux, qui n’aurait certainement pas aimé être là ce soir, mais il a le cœur chevaleresque et vaillant… Et voici Hindred, Melodia et son époux Cantaran.
Chacun des elfes s’inclina à l’annonce de son nom.

Hindred, qui restait en alerte, fit signe à chacun de se taire et intima aux enfants et à nous-mêmes d’aller nous cacher dans les fourrés. J’entraînai Eorelle blessée avec moi.
— Ce sont ceux qui étaient partis à la chasse, je les avais oubliés. Ils sont six, fis-je à l’intention des elfes.

Les trois elfes encochèrent des flèches et disparurent dans la nuit.
Cinq minutes plus tard, il y eut quelques bruits de rafales de fusil, puis un silence de mort.

Melodia et Cantaran revinrent seuls moins d’une minute après.
— Et Hindred ? Demanda Lily l’air affolée.
— Ne t’inquiète pas pour lui, il est parti explorer la région pour voir s’il n’y a pas d’autres patrouilles. Répondit Melodia.

— C’est maintenant que commence le travail. Annonça Eorelle. Il va falloir rendre ces enfants à leurs parents, nettoyer toute cette horreur et chasser les mauvais esprits…
— Nous sommes là pour t’aider, dirent Melodia et Cantaran, lui posant chacun d’un côté un bras sur l’épaule.
— Bastien et moi aussi. Fis-je.
— Bastien est blessé me rappela Eorelle. Nous devons d’abord le soigner, mais il ne pourra pas nous aider, et même moi, je ne pourrai pas faire grand-chose.
L’intéressé la remercia du regard.

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9 Commentaires
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Laure Delier
1 année il y a

J’ai hâte de lire la suite.

Thibaut Séverine
Thibaut Séverine
1 année il y a

Aaah, l’entrée dans le monde de la fantasy ! Tes descriptions sont toujours aussi fortes et tu racontes très bien les batailles, bravo ! Hâte d’en apprendre plus sur Hindred, Melodia, Cantaran et tous tes nouveaux personnages !

Thomas Rollinni
1 année il y a

Un bien beaux chapitre ! Avec du combat, de la peur et pour finir beaucoup de tendresse ! Bravo !

Laure Delier
1 année il y a

Pour tout te dire Haldur, j’ai appris les bases de l’escrime en primaire : déplacements, attaque, parade, fente et les contre-attaque. J’ai également fait des duels avec mes camarades.
De plus j’ai déjà vue de vrai duel d’escrime.
Alors si je peux t’aider dit le moi.

Cora Line
1 année il y a

Des batailles dans cet épisode mais aussi de la tendresse que l’on perçoit dans le regard de Lydia dont le coeur bat plus fort…

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