T1#IWS – Chapitre 6

6 mins

PDV EEVA – MERCREDI 17 MARS – 22h30 CHEZ EEVA ET LUCAS BALGRAPH
Je viens de raccrocher avec Liliane, je ne comprends rien à ce qui se passe, mais nous allons partir ensemble, je sors de ma chambre et vais dans celle de mon petit frère, je dois lui expliquer tout ça.
– Je peux entrer, on doit parler, dis-je à sa porte entrouverte.
– Oui vas-y, dit-il reposant son livre papier.
Ça, c’est maman qui a continué à acheter des livres papiers, souvenirs ou rappels de son époque.
– Heu… Cette situation est très étrange, mais Shay nous a parlé tout à l’heure, elle nous a appris que la MCPV va venir vendredi soir au foyer et ils vont emmener trente enfants à la ville 1bis, enfin plutôt moins car quelqu’un qu’elle connait va partir autre part, il est infiltré à la milice et il les emmène en sécurité.
– Mais, les enfants, ils ont le virus ? Comment elle a cette information ? S’interroge-t-il.
– Nous ne savons pas… Je sais que tu as plein de questions, moi aussi j’en ai plein, mais il faut monter dans ce camion. Je ne peux pas abandonner Liliane, mais je ne peux pas t’abandonner non plus. Nous n’avons pas notre place ici, dans une maison fantôme avec un père fantôme, dans une ville ou nous ne pourrons sûrement rien faire après, et puis je pense que… que papa a le virus, j’ai trouvé des billets vers la ville 1 puis la 20, il nous confie à un certain Elio Turner, c’est le médecin qui accueilli maman, argumenté-je.
– Je crois que j’ai à peu près compris ce que tu as dit, dit-il en rigolant légèrement. Tu sais si tu avais juste dit que tu voulais suivre Liliane, j’aurai dit que je viens avec vous, dit-il en rougissant.
– Je t’aime, dis-je en le prenant dans mes bras.
– Moi aussi, dit-il sa tête calée contre moi.
XXX – VENDREDI 19 MARS
Jeudi est passé très lentement, nous sommes allées au bar, et Shay m’a glissé dans l’oreille 23h avant que je passe la porte. Le convoi arrive vendredi soir à 23h devant le foyer.
Nous devons y être avant donc, nous allons s’introduire dedans vers 22h quand tous les responsables seront dans leur salle de détente, Liliane dit qu’ils y vont directement après avoir couché les petits puis, ressortent vers 23h pour cette fois-ci faire dormir les grands.
Assise sur les chaises de l’ES, je me dis que c’est peut-être la dernière fois que j’ai cours, ça me fait sourire, mais je me rappelle pourquoi nous partons. L’avenir ici est très flou, nous n’avons pas les moyens de me payer des études à ESS, et ça je le savais déjà quand je suis rentrée en classe 3.
La question que tout le monde a, c’est travailler ou continuer les études ? C’est bien le but des stages de dernière année pour t’aider à choisir ce que tu peux faire et veux faire. Mon avenir est devenu beaucoup moins flou, quand je suis entrée dans ce garage et que j’ai commencé à faire ce que j’aime vraiment, le patron est cool, et puis je commence en tant que stagiaire en août. Enfin je devais commencer, pensé-je en fronçant les sourcils, est-ce que je vais revoir ma ville ? Tient le flou est revenu avec tout cette histoire, deux jours que je le sais, et autant de jours que j’ai décidé de partir, ou plutôt de suivre Liliane, partir dans cette aventure alors que je ne sais pas ce qui va nous arriver, que je ne contrôle rien.
Je préfère contrôler mes actions, tout ce que je fais est régi par moi et mon cerveau. Depuis que maman est morte, c’est comme ça. Sa déportation était une surprise. Nous étions à table, c’était un dix septembre, nous nous racontions nos journées chacun.e à notre tour, nos voix envahissaient la maison, les couverts qui tintaient contre les assiettes en porcelaines, la télévision en fond sonore. Nous sommes malheureusement obligés de l’avoir, tous les soirs à 20h elle s’enclenche et se met sur la station de News Jo’.
Mais nous avions soudainement entendu un bruit sourd qui nous avait tous fait sursauter sur nos chaises, nous n’avions jamais de visite dans la semaine. La milice a débarqué sans nous laisser le temps de nous lever pour ouvrir, les soldats sont entrés chez nous, ils se sont postés devant nous, nous observant toujours assis. L’un d’eux a dit : « Hina Mori-Balgraph, veuillez-vous lever de suite, main dans le dos, vous êtes arrêté pour symptômes du virus et mise en danger de la ville ».
Je suis resté de marbre quelques secondes, avant de m’écrier que c’était ridicule, ma mère n’avait pas le virus ! Je m’avançais vers eux dangereusement, ils ont sûrement eu suffisamment peur car l’un m’a attrapé et m’a enfoncé la tête contre un mur, les mains dans mon dos puis, un autre à emmener ma mère dehors. Je regardais au ralenti ma mère être enlevée sous mes yeux et je ne pouvais rien faire, mon père était debout avec Lucas contre lui qui malgré son jeune âge comprenait tout à fait ce qu’il se passait, il était en pleurs. Une fois ma mère dehors, le soldat m’a lâché puis, la porte a re-claqué, j’ai couru dehors et vu le camion partir. J’ai hurlé sur le porche de ma maison : « MAMAN ! ».
A la fin des cours, nous sommes allés au bar comme d’habitude, nous n’avons pas parlé avec Shay, nous nous sommes juste prise dans les bras, et nous sommes rentrés à la maison comme tous les jours.
Mais nous ne sommes pas un jour comme les autres, après avoir mangé, me voilà en train de préparer nos affaires, espérons que les gardes ne remarquent pas le sac, j’ai mis de l’eau, quelques barres de céréales, un carnet, une batterie solaire et des câbles pour le téléphone, plus deux pulls. Le sac est prêt et est posé au pied de mon lit, je suis à mon bureau avec une feuille de papier devant moi et stylos dans la main, j’écris une lettre à notre père.
« Papa,
C’est bizarre de t’écrire une lettre, alors que tu es littéralement en bas, dans la cuisine ou dans votre chambre à maman et toi, bref dans la même maison. En fait, je n’ai pas le courage de venir te voir, te regarder dans les yeux et te dire tout ce que je pense.
C’est peut-être le seul truc où je ne suis absolument pas courageuse, de faire face…. C’est compliqué, d’un côté je t’en veux de nous avoir laissés de côté après que maman a été emportée, mais de l’autre je comprends, tu as perdu la femme de ta vie. Maman été la femme de ta vie, l’est-elle toujours ? Elle était extraordinaire, je pense que je n’ai pas besoin de te le rappeler, tu été son mari et c’était notre mère.
Mais j’avais dix ans bordel et Lucas six ans, j’avais perdu ma mère, tu as été là pendant quelques mois, puis tu t’es enfoncé dans le travail, son travail, son livre, tu as fait en sorte qu’il puisse être publié, et ça j’en suis fière, et ouais j’en suis fière de pouvoir m’appeler Eeva Balgraph-Mori ! Mais j’ai perdu mon père en même temps.
Liliane, c’est mon âme-sœur, je la suivrais n’importe où et je ferais tout pour elle, pour ma famille, pour les gens que j’aime. Alors, nous allons partir tous les trois. Pour survivre, le système nous ment papa, nous ne savons pas ce qui se passe au CRV et MCPV à la ville 1 bis.
Alors s’il te plait, ne te rends pas auprès d’eux, bat toi.
Je t’aime,
Eeva. »
Je plie la lettre et la glisse dans une enveloppe, j’écris dessus « Elias Balgraph » et descend sur la pointe des pieds en bas, je prends un exemplaire du livre de maman dans l’armoire, et le pose en évidence sur la table de la cuisine avec dessus l’enveloppe.
XXX – 22h50 – FOYER VILLE 537
Nous sommes au foyer depuis vingt minutes, nous sommes tous les trois dans le couloir assis devant une fenêtre qui donne sur la rue, et nous voyons enfin des phares arriver devant le bâtiment et ils s’éteignent. Nous allons rapidement dans une chambre inoccupée, et deux minutes plus tard, des pas sourds se propagent dans le couloir et on tambourine aux portes des chambres.
Nous descendons dans la salle principale, des soldats du MCPV sont là, comptant les enfants, les responsables sont tous debout ne sachant pas quoi faire. Nous nous glissons dans la foule devant, et les soldats nous poussent tous les trois dehors.
Devant le foyer, trois camions comme prévu, avec trois conducteurs devant, heureusement qu’il y a de la lumière du porche du foyer, je reconnais facilement Rick, homme dans la quarantaine d’années, il porte l’uniforme de la milice, avec une barbe rasée de près.
Je fais en sorte que nous allons vers lui, tout le monde est paniqué, les soldats du MPCV crient des ordres, les jeunes et les responsables demandent des informations, personne ne répond, on nous jette juste dans les camions. Et ils ferment les doubles portes, et le conducteur prend place et s’engage dans les rues sombres de la ville.
Dans le camion, un léger néon, nous permet de se voir, deux bancs en acier, cinq sur chacun, Liliane est contre le mur puis, Lucas et moi, avec le sac caché derrière mes jambes.
– Dors Lucas, dis-je, ça ne sert à rien d’espérer des réponses, on n’en aura pas, dis-je plus fort pour que les autres puissent m’entendre.
Liliane ferme à son tour les yeux puis, finalement je m’endors aussi.

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