Chapitre 22 : Halloween (partie 2)
Lundi 31 octobre – 21h
Nous arrivons à la fraternité, qui est déjà bien remplie d’étudiant·e·s, il y a des guirlandes lumineuses sur le porche avec bien sûr les citrouilles au visage effrayant. Dans le petit jardin juste devant la grande maison blanche, il y a quelques personnes qui fument, dans l’arbre, il y a déjà eu un jeté de papier toilette.
La musique résonne en moi, et je ferme les yeux un instant alors que je suis frappée d’une vague d’émotions.
Je sens alors une main et une voix qui me chuchote que ça va aller, je rouvre les yeux pour tomber dans ceux d’Emil, avec sa main dans la sienne, nous rentrons dans la maison.
Elle est décorée en conséquence avec des toilettes d’araignée à chaque recoin, et un squelette qui pend dans la cage d’escalier, il y a à droite une grande pièce à vivre qui c’est transformer en dance room avec de multiple enceinte et spot lumineux.
À gauche, la cuisine et salle à manger renouveler en bar et salle photo, on s’engage là-bas pour récupérer des boissons, qui sont donc gratuites avec l’achat du ticket.
Le barista nous sert des bières et on accepte une photo à trois dans le décor effrayant.
– Voilà, photo 53, envoyez-moi un mail pour la récupérer, dit le photographe en nous tendant une carte de visite avec notre numéro de photo.
– Merci, bonne soirée à vous, dit Natalie alors qu’elle range précieusement la carte dans son short.
– Santé ! S’écrie Emil et on entrechoque nos verres une fois dehors.
J’essaye de me détendre, j’ai repris un thé avant de partir à la fête, je ne voulais pas être accablée, je me répète les détails de la maison pour être concentrée sur autre chose que les couches d’émotions des personnes qui me secouent de part et d’autre dans ma tête.
Nous parlons avec une hôte de la soirée -qui est donc une amie de classe de Natalie- mais je me sens partir, je n’ai presque pas bu ma bière, voulant rester dans le contrôle mais ça ne sert à rien car je me sens quand même partir dans la profondeur des esprits.
– Reste concentré sur moi, dit Emil alors qu’il m’éloigne de quelques pas du groupe.
Il attrape mon visage en coupe entre ses mains et me fixe yeux dans les yeux.
– Tu as le droit de faire ta vie comme n’importe quelles autres étudiantes, tu as le droit de profiter, de boire, de ne pas toujours être dans le contrôle, dit-il mais je secoue la tête, je ne peux pas.
– Mais si tu ne peux pas, alors reste concentré sur mes émotions, sur moi, regarde mes yeux, que les miens, chuchote-t-il près de mon visage.
C’est vrai que ces yeux sont envoûtants et m’apaisent, alors je me concentre sur ses émotions, je m’ouvre à lui. Et sa première couche me frappe. Il est calme, détendue, alors j’essaye de caler mes émotions sur les siennes. Et petite à petite ça arrive, les émotions des autres sont de retour aux autres -et n’ont plus chez moi-, je me suis calmée.
Cela faisait quelques années, que je n’avais pas fait une sorte de crise de panique à cause des émotions des gens autour de moi, j’étais avant si effrayée de tout ce que je ressentais que ça m’entraîner dans des espaces sombre de ma tête.
Après ce qui s’est passé lors de ma dernière année de lycée, j’étais effrayée mais j’ai éloigné tout le monde, pour justement enlever ce sentiment de peur, j’ai en conséquence augmenter mes doses de thé pour être dans le contrôle.
Jusqu’à maintenant, je me suis autorisée qu’à deux fois d’accéder aux émotions des autres pour calmer les miennes, la fois avec Natalie alors que je commençais à avoir une crise de panique dans la salle de bain et maintenant avec Emil.
Nous retournons vers le groupe mais on se sépare bien vite, je suis alors entraînée sur la piste de danse par ma coloc et Emil qui nous suit bien vite.
Et je danse. Je danse sur la musique, crie les paroles et me retrouve à fixer Emil trop intensément pour de l’amitié.
Mais ce n’est pas grave, je ne veux pas penser à ça, je veux juste m’amuser.
Un plus d’encouragement ! Il y a moins de fautes de conjugaisons !