Chapitre 45 : Plus de secret
Jeudi 26 janvier – Campus Okona
Assise en cours, la prof distribue nos copies d’examens de décembre, je piétine du pied alors que l’enseignante nous rend nos sujets par ordre alphabétique. J’attends donc un bout de temps et commence à stresser alors que je n’en aie aucune idée de si j’ai réussi la philo. Sachant déjà que j’ai raté mes deux examens de socio, j’aimerais bien avoir réussi celui-ci. Surtout vu le sujet. Le secret.
– Bravo Eleonora, dit-elle alors qu’elle dépose ma feuille devant mes yeux.
Je souris doucement alors que je vois ma note mais à l’intérieur c’est l’explosion de joie. La sonnerie sonne enfin après une heure et je cours hors de la salle vers ma voiture.
Je ne sais pas par quoi je suis poussée mais enclenche bien vite le moteur alors que je jette ma veste et mon sac sur le fauteuil passager.
J’arrive devant chez moi vers vingt heures et rentre directement dans la maison pour trouver mes pères dans la cuisine autour d’un verre de vin préparant le repas.
– Nora ! Tu vas bien ? S’alarment-ils.
– Ça va bien, je voulais juste vous parler, dis-je alors que je plonge dans leurs bras.
– De quoi ? Dit papa Éric doucement alors que je sens les mains de papa Li dans mes cheveux.
– De moi…chuchoté-je alors que je me recule.
Nous nous asseyons dans le canapé alors que je baisse les yeux ne sachant pas exactement par où commencer.
– Je n’ai rien dit avant parce que j’avais peur, pas peur de vos réactions, rajouté-je alors que je vois déjà leurs mains se poser sur ma jambe.
– Je ne me comprenais pas moi-même et j’avais peur de moi. J’ai des…je souffle alors que je ne sais pas comment le dire.
– Nora, tu n’as plus peur maintenant ?
– Non je ne crois pas, dis-je avec un maigre sourire alors que je réalise que non je n’ai jamais eu peur de leurs réactions et que je n’ai plus peur de moi, du moins en cet instant.
– J’ai des habilités, comme des pouvoirs magiques, je peux sentir les émotions des autres, je les ressens tout le temps dans la majorité du temps, et c’est pour ça tous les rendez-vous médicaux que nous avons eu, j’avais peur parce que je ne comprenais pas ce que je ressentais. Ce n’était pas mes émotions mais celles des autres gens, et je… Et c’est pour ça que je suis très renfermée, dis-je alors je renifle. J’étais ensevelie par les émotions des autres, mais maintenant ça va mieux, Emil a débloqué quelque chose.
Il y a tout un monde qu’on ne connaît pas, un monde surnaturel dont je crois faire partie, comme Emil, et c’est grâce à lui que je n’ai plus peur…
Mes pères me prennent dans leurs bras alors que je renifle et lâche une larme.
– Ma fille…dit papa Li alors qu’il pleure aussi.
Nous séchons nos larmes et je sais qu’il faut que je leur dise le dernier secret.
– Chérie, nous serons toujours là, dit papa Éric.
– Je sais, merci, dis-je alors je tiens leurs mains dans les miennes.
– Toujours, dit papa Li.
– Mais j’ai voulu trouver mes parents biologiques… je sens leurs surprises mais ils ne me lâchent pas la main. Les gens avec des pouvoirs dans ce monde surnaturel sont transmis de génération en génération alors je me suis dit que si je les trouvais, ils pouvaient m’aider à mieux me comprendre. Ça n’a pas marché. Je suis désolée de ne pas vous l’avoir dit…
– Chérie si tu pensais que c’était pour le mieux, bien sûr que tu devais essayer. Je suis désolé que ça n’a pas fonctionné, disent-ils.
– Merci, alors j’essuie une larme avec la manche de mon t-shirt.
Comment j’ai fait pour leur cacher ça pendant toutes ces années alors que je ne sens que de la fierté, amour, sincérité de leurs parts.