De nos jours, tous les lycéens ont un téléphone portable, et au Lycée Scheurer Kestner, tous ont un ordinateur portable. Mais le plus important, c’est que tous l’utilisent. Certains pensent que les lycéens utilisent beaucoup trop leur téléphone. Et pour essayer de vous en donner une image, je vais vous raconter une expérience que j’ai vécue lors d’un cours de mathématiques. La professeure nous avait demandé combien de temps durait la batterie de notre téléphone sans chargement. Moi, j’ai fait le test, c’est entre 2 et 3 jours. La professeure, c’était une semaine, le reste des élèves, c’est entre 1 et 2 jours. Nous avons ainsi la démonstration qu’il y a un grand écart en termes de temps passé sur le téléphone entre les vieilles et les nouvelles générations. Je pense qu’il est ainsi légitime de se poser la question : faut-il interdire le téléphone au lycée ? Cette question nous amène à nous interroger sur les raisons qui ont poussé certains à se poser cette question. Mais elle amène aussi à connaître l’avis des élèves, et enfin elle amène à la question de la faisabilité. En nous interrogeant sur ces trois aspects, je pense que nous serons en mesure de répondre à la question : « faut-il interdire le téléphone au lycée ? ». Tout d’abord, il faut que je signale que je ne me baserai pas sur d’autres auteurs et leurs ouvrages.
Pour commencer, qu’est-ce qui pousse certaines personnes à vouloir interdire le téléphone au lycée ? Une première raison n’est pas difficile à comprendre. En effet, je pense qu’en se promenant dans les couloirs, on tombe de plus en plus souvent sur des groupes d’amis qui pourraient communiquer entre eux de façon orale, mais qui sont en train de faire on ne sait trop quoi sur leur téléphone. J’ai vu également des groupes d’amis « embêter » tout le monde en jouant et en criant sur leur téléphone au CDI. On ne peut rester aveugle sur les conséquences déjà visibles, et qui ne feront que s’accentuer au fil des années.
Je peux évoquer la baisse de la fréquentation des clubs, des associations lycéennes… En gros, les élèves sont de moins en moins impliqués dans la vraie vie et je pense même dans ce que leur téléphone pourrait leur permettre d’utile. J’ai la certitude que nous pouvons rejeter la faute de ce problème sur les écrans qui permettent en fait l’abrutissement absolu du divertissement chez les élèves. Le téléphone, tel qu’il est utilisé, ne permet pas l’enrichissement de l’individu, ne permet pas son dépassement de sa propre personne. Je tiens à signaler que l’objectif le plus beau qu’un individu peut avoir, c’est d’être une meilleure personne le lendemain par rapport à la veille. C’est que la personne s’améliore, tente de s’améliorer en permanence, d’acquérir de nouvelles capacités, pour ensuite les mettre au service des gens qui ont besoin de nous. Sachez que j’ai la conviction que c’est le but, l’objectif, la vue, de tout ce qu’il y a de plus noble.
Et là, on voit des lycéens abrutis par leur téléphone, à poster des photos sur les réseaux sociaux, comme si quelqu’un en avait quelque chose à faire de leur vie. L’usage que les lycéens font du téléphone me dérange personnellement. J’y vois presque quelque chose de malsain, mais je saurai y revenir dans cette étude ou dans mes futurs écrits. Le téléphone n’enrichit en rien le lycéen, au contraire, le lycéen se désintéresse de la vie publique pour passer à son simple divertissement de masse. Il n’apprend plus par lui-même, il ne lit plus la véritable littérature, qui contient moults efforts d’écriture. Le lycéen n’est devenu qu’un simple consommateur désintéressé des affaires de son lycée, mais encore pire de son pays. Tocqueville lui-même serait heureux.
Je conclurai cette partie en disant que le téléphone au lycée, c’est un moyen de plus pour le harcèlement. Or le lycée a pour devoir de protéger le lycéen, or le cyberharcèlement est l’aboutissement même d’une politique d’égalisation des professeurs aux élèves, le fait que les élèves soient perdus sur les réseaux sociaux est la raison même du cyberharcèlement.
Cependant, dans notre démocratie, les lycéens ont le droit de faire valoir leurs droits. Ainsi, écoutons ensemble leurs arguments. Tout d’abord, interdire le téléphone serait infantiliser les lycéens. Ils estiment que les élèves seraient capables de gérer eux-mêmes leur temps d’écran, et sauraient quand passer à autre chose. Un autre argument est que nous en aurions besoin en cours, pour faire des partages de connexion car les bornes wifi du lycée sont insuffisantes pour supporter la connexion de tous les ordinateurs de tous les élèves. On en aurait soi-disant aussi besoin pour faire des recherches. J’ai aussi entendu dire que les élèves auraient une phobie sociale, et qu’ils auraient besoin de leur téléphone pour pouvoir communiquer avec l’extérieur. J’ai également mes arguments personnels : interdire le téléphone au lycée risque d’être compliqué, car les lycéens sont dispersés, ce qui rend la surveillance compliquée, et l’application assez difficile à assurer. De plus, les lycéens pourront jouer avec les règles pour aller devant le lycée, ou aux alentours pour pouvoir être tranquillement sur leur téléphone.
Néanmoins, je ne suis pas d’accord avec les arguments des lycéens. Pour commencer, interdire le téléphone au lycée n’est en aucun cas une infantilisation mais au contraire un gage de confiance. En interdisant le téléphone au lycéen, on place en lui notre certitude qu’il parviendra à se passer de téléphone. Quand mes parents m’interdisent quelque chose, ou une action, ils savent ainsi que j’arriverai à respecter cette interdiction. Tant que l’interdiction a du sens, et des raisons d’être, ce que nous avons vu avant, il n’y a pas lieu de dire que l’interdiction est l’infantilisation même du lycéen. Et puis, si c’était le cas, qu’est-ce que ça change ? Regardons certains lycéens (une large minorité heureusement), ils sont très clairement capables d’être des enfants, à qui on doit tout dire car ils ne sont toujours pas capables de se diriger eux-mêmes. Pour qu’ils réussissent, il faut prendre les mesures nécessaires, même s’il faut les infantiliser un peu. Mais je le répète, selon moi, tant que l’interdiction a du sens, ce qui est le cas pour le téléphone, il n’y a pas lieu de dire qu’il s’agit d’une infantilisation.
Cela nous amène au problème des faiblesses du wifi au lycée pour les ordinateurs portables. Sur ce point même porté par l’argument, j’annonce être totalement d’accord. Le wifi au lycée n’est pas le meilleur. Mais cela ne pose pas de problème pour avoir le livre scolaire que l’on peut installer sans problème, ou le professeur peut l’afficher au tableau. Pour les recherches, très chers élèves, il y a ce que l’on nomme dans le langage technique des livres. Vous verrez, c’est magique, les livres peuvent être tout aussi complets qu’Internet sur la plupart des sujets, il faut juste que le CDI en recommande régulièrement sur certains sujets comme l’informatique.
En ce qui concerne les phobies sociales, tout ce que je suis en mesure de dire, c’est qu’une phobie existe pour être dépassée. Je l’ai dit avant, le but le plus noble est de se réveiller un matin en étant une meilleure personne que la veille. Cela vaut aussi pour les phobies. Et on ne demande pas aux gens d’aller parler physiquement à d’autres personnes, mais de faire autre chose, comme lire (ça ne fait pas de mal, cela enrichit le langage), faire du sport, dessiner, pratiquer un art. On peut faire plein de choses sans nécessairement être sur son téléphone. Vous trouverez forcément une activité qui vous plaît personnellement. En plus, rien ne vous empêche d’être sur votre téléphone une fois rentré chez vous, mais au lycée, il s’agirait de passer à autre chose.
Enfin, moi, qui suis un élève en fin de lycée, et qui ai vécu les ravages du téléphone, je pense qu’il est nécessaire de limiter l’usage du téléphone au lycée. Ce fait est largement indéniable, je l’ai suffisamment prouvé auparavant, et si cela inclut d’interdire le téléphone, j’annonce être totalement pour. Mais ce que je remets en cause, c’est la faisabilité d’une telle mesure. C’est faisable, mais il faut un peu réformer d’autres règles au lycée à côté, pour que l’interdiction soit effective.
Mais avant d’en arriver à une telle mesure, j’aimerais que l’on consulte d’autres scénarios. Tout d’abord, pourquoi ne pas créer des zones au lycée où l’on interdit le téléphone, comme le CDI, des salles de permanence… ? On ferait en sorte que chaque lycéen passe par ces salles, en rendant leur fréquentation obligatoire. Pour cela, on mettrait en place un système où les élèves inscrivent leurs noms sur une liste qui est analysée (cela peut se faire de façon numérique), et les élèves qui n’ont pas joué le jeu ont une sanction comme le temps qu’ils ont manqué dans ces zones en colle. Un autre scénario serait la récompense des élèves qui acceptent de laisser leur téléphone dans des zones spécifiques du lycée, bien gardées, comme des sorties ou des cadeaux. Cela permet de se baser sur le volontariat des élèves et non plus sur une simple obligation, ce qui est plus efficace pour moi.
En conclusion, faut-il interdire le téléphone au lycée ? Dans la configuration actuelle d’un lycée, cela ne saurait se montrer utile. Néanmoins, il y a nécessité et urgence à agir car les générations grandissent de plus en plus avec les téléphones. Pour pouvoir y faire face, pourquoi ne pas mettre en vigueur un de mes scénarios ? On peut aussi confisquer tous les téléphones au lycée, ou encore brouiller massivement les ondes 4G, mais il vaut mieux selon moi se baser sur du volontariat et ne tester la contrainte qu’après la constatation que le volontariat n’a pas fonctionné. Dans tous les cas, j’ai la certitude personnelle qu’il faut agir, et limiter l’usage de téléphone au lycée, et je suis convaincu que cela pourra se faire un jour.