j’avais envie de parler de quelque chose ce matin. J’avais envie de parler de ce dimanche de Pâque.
Il y a une ambiance de fête, depuis hier soir sur mon téléphone. je reçois des vœux, des photos d’œufs coloriés et des lapins, que je transfère à mon tour aux amis et à la famille.
Dans la monotonie de ces jours de confinement, j’ai été content pour le moment de bonheur que cette ambiance de fête nous procure.
Je ne vais à l’église que, quand j’y suis invité, pour les cérémonies de mariage ou de baptêmes. Sans être pratiquant, la religion me fait, des fois, planer dans une atmosphère irrationnelle et fantaisiste certes, mais reposante et apaisante aussi.
Je ne sais pas ce qui fait remuer cette faiblesse en moi. Est-ce le fond, et le spirituel de la religion ou la forme, et l’enveloppe de celle-ci.
Est-ce la forme ? Sont-elles ces églises gothiques, immergées dans ce silence qu’on n’ose pas perturber, mais qui tolère quelques notes d’orgue. Ces édifices aux voûtes en forme d’arc brisé, dressées sur des colonnes inébranlables, et ne permettant à la lumière du jour d’y pénétrer qu’à travers ses vitraux coloriés, purifiant cette lumière et la repeignant. Ces sanctuaires aux murs, dont la mission semble-t-il est de porter ces tableaux qui magnétise nos regards par leur majestueuse présence, et qui envahissent notre âme, de couleurs et de thèmes de la vie. On y voit et on aime le bien, l’hospitalité, la fidélité, l’humilité, l’abnégation et le sacrifice. Ces mêmes œuvres accaparant l’esprit et l’ébahissant, nous médusent, nous manipulent, en nous faisant mépriser le mal, l’hostilité, la trahison, la vanité, l’égoïsme et l’individualisme.
Est-ce le fond ? Sont-elles ces paroles qui font déconfiner une certaine nostalgie en moi, et qui m’emmènent dans les greniers de ma mémoire où je retrouve l’innocence de l’enfance, et les commandements de bonne conduite qu’on m’a enseignés au début de mon apprentissage de la vie, et qui ressemblent étrangement à celles de l’évangile.
J’ai tendance à m’estimer athée. Je ne pense pas, finalement, que cette qualification s’applique fidèlement à moi, à “moi” tout entier. En « moi », s’y trouvent le raisonnement, le discernement et la lucidité, mais aussi y résident les sensations, les émotions et les intuitions. Je suis plus proche de l’athéisme quand je me remets à l’intellect de l’homme que je suis. Par contre, quand je me fais affaiblir par le chagrin, la peur, le désespoir, la sévère fatalité de la vie, des fois, et que l’irrationnel en moi prend le dessus, alors, et à ce moment-là, qu’est-ce que je ressemblerais au pauvre garçon de la cité de Jérusalem, il y a près de 2000 ans, agitant son rameau arraché à un palmier, pour accueillir un certain Jésus, descendant du Mont des Oliviers, et entrant triomphalement dans la ville sainte, précédant la passion du Christ, sa crucifixion, et par la suite, sa résurrection un certain jour de dimanche. Je ne sais pas si les choses s’étaient vraiment passées comme je l’ai lu dans plusieurs récits, et comme me l’a raconté, avec la certitude de celui qui y était présent, le couple accompagnateur de bourgeois pratiquant, qui nous a préparé à notre mariage catholique, ma femme et moi, quand on s’était rendu chez eux, à Neuilly-sur-Seine, dans leur bel appartement, surplombant l’éternel verdoyant bois-de-Boulogne, à côté duquel, les Parisii celtes avaient jadis bâti leur cité.
Peu importe la réalité des faits, peu importe le passage de la croyance religieuse du pauvre garçon de Jérusalem et des opprimés, au couple bourgeois de Neuilly-sur-Seine et des privilégiés. Il m’est des fois réconfortant de croire qu’il y a peut-être un pouvoir insaisissable pour nous, au-dessus de notre intelligence, et au-delà de notre imagination, animé de bonté et de justice, qui veille sur nous, et sur ceux que nous aimons.