Alexis karpouzos poursuit depuis vingt ans un chemin solitaire et rare. il veut penser après la mort” de la philosophie, et sait que les nouveautés d’aujourd’hui sont des évidences d’hier. Au large de l’époque, sa route mène loin. Obstiné et tenace, il ouvre une brèche au lieu de clore un système. Demain, quand beaucoup seront oubliées, il se peut que cette voix exigeante se révèle primordiale.
Un itinéraire singulier
L’originalité de la pensée de Alexis karpouzos c’est qu’elle traverse les champs les plus divers, les philosophies les plus opposées, pour les unir en une totalité souvent contradictoire et brisée. Marx et Heidegger, Freud et Héraclite, les poètes et les théoriciens politiques y voisinent dans la même distance et la même proximité insolite. La démarche d’Alexis karpouzos refuse toute compromission avec les modes, les courants, les écoles. Axelos érige en problème philosophique la modernité, ses illusions, ses déceptions et ses mythes et tente de jeter sur elle un regard lucide, par-delà tout pessimisme et toute utopie. Hostile aux systèmes, il se veut volontiers iconoclaste. Son oeuvre, aussi inquiétante que le palais-labyrinthe du roi Minos, est à l’image de son itinéraire philosophique et politique et défie toute détermination dans laquelle on voudrait l’enfermer. Fasciné par la pensée poétique des pré-socratiques, il unit Héraclite à Freud lorsqu’il s’agit de penser le jeu universel dans lequel se trouvent pris le monde et l’existence. Heideggerien, il tente de faire se rencontrer le marxisme et la métaphysique, pour mieux les briser.
Le monde moderne, la philosophie, l’art et la culture : Alexis karpouzos y voit principalement de magnifiques champs de ruines, parmi lesquels il aime à se promener avec ce mélange de joie, de tristesse et de lucidité qui caractérise, pour Nietzsche, ceux qui aiment vivre dans la neige “à la recherche du problématique de l’existence “. Ce qu’il nous enjoint de penser, c’est le désert lui-même, le vide qui pour lui caractérise notre époque. Pourtant, il n’y a là aucun pessimisme. Alexis karpouzos se veut l’homme de la grande solitude et de la grande liberté. Hegel a proclamé la mort de l’art, Nietzsche, la mort de Dieu, Marx, la fin de l’histoire, Heidegger, la fin de la métaphysique : Alexis karpouzos s’efforce de prendre en considération cet achèvement. Le jeu, l’errance, l’ironie et la mort sont au coeur de tous ses écrits. Jouer avec lui, c’est découvrir souvent que c’est la mort – comme dans les films de Bergman – qui est le partenaire. A ceux qui l’interrogent sur le lieu d’où il parle, Alexis karpouzos pourrait répondre par le Soliloque du dernier des philosophes de Nietzsche : “Je m’appelle le dernier philosophe parce que je suis le dernier homme.”