Prenez garde aux belles pommes bien rondes et appétissantes, la plupart du temps, elles sont soit pourries, soit empoisonnées.
C’est en contemplant ma porte fermée que mon côté réfractaire* fait surface. Je pense avoir le droit à une négociation équitable où les deux parties doivent avoir la possibilité de faire valoir leurs revendications. Or, dans cette histoire, mon point de vue n’a pas été pris correctement en considération et donc j’ai tout à fait le droit de faire entendre mes objections et mes demandes légitimes.
Ragaillardi par cette idée, je me lève de mon lit et me dirige vers l’armoire pour m’habiller. À l’intérieur, se trouve qu’une seule tenue composée d’une chemise qui, ô miracle, est blanche, d’un gilet corset noir et d’une jupe de couleur, attention suspense, … Grise ! J’enfile la chemise qui sans m’étonner s’avère être trop petite pour moi. De toute façon, à partir du moment où tu n’entres pas dans les standards imposés par le tyran de la mode, rien ne te va. Et comme je rentre dans la catégorie du “trop”, tout est “trop” pour moi. Je suis trop grande, trop musclée, j’ai de trop gros seins, des hanches trop rondes, un trop gros fessier et je suis trop cambrée. Donc c’est toujours trop juste, trop court et trop étroit. Je me retrouve avec une jupe qui remonte à l’arrière, des manches dont les coutures sont prêtes à craquer et un chemisier avec des boutons prêts à sauter. Je suis saucissonnée comme un bon gros rôti et si j’ai le malheur de prendre une trop grande inspiration, je me retrouverais avec des haillons en guise d’habits.
L’une de mes doléances sera la venue de mon tailleur pour qu’il me confectionne ma garde-robe. Ce qui est bien quand tu es championne, c’est que tu as le droit d’avoir un tailleur attitré pour te confectionner tes tenues de combat. Mon tailleur à moi est tellement gentil et adorable qu’il accepte de me faire mes tenues de ville, même si pour les couturiers d’arène faire dans le civil est considéré comme dégradant pour l’image. Dans ce milieu les uniformes de combat, c’est aussi valorisant qui confectionner les vêtements royaux. Il faut dire aussi que le salaire que je lui verse peut-être très motivant et compenser sa petite perte de prestige
C’est d’un pas résolu que je me lance à la poursuite de mes parents.
Une fois la porte franchie, je me retrouve dans un long corridor, avec d’un côté des portes semblables à la mienne qui doivent donner sur des chambres, vraisemblablement. Entre chaque porte, se trouve une torche où brûle un feu magique qui ne s’éteindra jamais. En face, un mur décoré de portraits d’hommes et de femmes qui me sont inconnus. C’est en sentant la douceur de la moquette qui recouvre le sol que je m’aperçois que je suis pieds nus. Ce n’est pas grave, je n’ai pas le temps, de retourner dans ma chambre pour en chercher. Je fonce au hasard, vers la droite et débouche sur un énorme escalier en bois qui me donne la possibilité soit de monter vers un étage supérieur, soit de descendre. Je n’hésite pas et descend les marches quatre à quatre.
J’atterris dans un hall éclairé par d’immenses vitraux colorés. Juste en face de moi, deux lourds portants entrouverts me laissent apercevoir l’extérieur. Je m’engouffre dans l’entrebâillement et me retrouve devant un somptueux jardin paré de mille couleurs estivales. Je prendrais le temps, une autrefois d’admirer ce paysage qui je suppose fortement doit être un vrai régal à admirer. Au loin, je discerne deux silhouettes qui s’éloignent et dont l’une d’entre elles est pourvue d’une chevelure blanche. Ce sont eux !
Je m’apprête à me précipiter à leur rencontre quand je sens un poids s’abattre sur mon épaule droite. Je tourne légèrement la tête pour jeter un œil sur la chose indésirable qui s’est posé sur moi. Une grande main vêtue d’un gant en cuir noir me retient prisonnière. Je lève les yeux pour découvrir à qui appartient cette main malvenue quand je me retrouve aspiré dans deux lacs turquoise. Deux superbes disques bleu-vert qui m’invitent à plonger et à nager dans leurs profondeurs pour m’y perdre avec bonheur. Je peux affirmer que je suis face aux plus beaux yeux qu’il m’a été donné d’admirer et je peux même prédire que jamais je n’arriverai à en trouver des plus magnifiques.
-Tu t’es perdu apprentie ?
Hypnotisé par ses yeux, me voilà maintenant envoûtée par le son de sa voix. Elle est grave, rauque et profonde. Je sens ma peau se couvrir de chair de poule et tous mes poils se hérisser sous la caresse de cette voix enchanteresse. Je ferme les yeux un bref instant pour me ressaisir et ensuite observer l’homme qui me fait face. Les premiers mots qui me viennent à l’esprit sont : sublime, apothéotique, divin, splendide, ineffable. Il est la perfection même : des yeux légèrement en amande, un nez droit, des pommettes hautes, une mâchoire carrée et volontaire, une bouche pleine et généreuse, des traits fins et ciselés et une cicatrice en forme de croissant de lune au coin de l’œil gauche qui lui donne un petit côté canaille qui n’est pas pour me déplaire.
-Je te demande si tu es perdue ?
Je ne peux pas m’empêcher de le dévorer du regard telle une assoiffée devant un verre d’eau. Il est tellement beau. Un véritable fantasme sur patte. Mon imagination s’enflamme et des images érotiques s’affichent partout dans mon esprit. Je le vois remuer les lèvres pour me parler et dans mes visions, je les vois parcourir langoureusement mon corps. Je sens des milliers de papillons prendre leur envol dans mon ventre et une douce chaleur se répandre dans mes veines pour se concentrer vers un point humide entre mes jambes. Punaise, je me le ferais bien pour mon goûter, voire même pour mon déjeuner, mon dîner et mon petit déj.
-Tu te sens bien ? Tu comprends ce que je te demande où c’est trop compliqué pour toi ? Depuis quand il accepte des simplettes comme apprenties ?
Simplette ! Ce mot me sort de mon fantasme comme si je venais de recevoir une gifle en pleine face. Une véritable douche froide. Je dirais même complètement gelée. L’incendie qui était en train de ravager ma petite culotte vient d’être éteint et mes parties intimes congelées en un claquement de doigts. Je n’y crois pas, Monsieur sexy vient de me traiter d’idiote. Trop beau et trop con surtout. J’aurais dû m’en douter. La jolie pomme à laquelle j’avais tant envie de croquer est finalement gâtée. Beurk !
C’est alors que j’aperçois ses oreilles pointues. Pourquoi je ne les avais pas vues dès le début ? Pourtant, j’en ai passé du temps à le dévisager. Je pense que mon cerveau à faire abstraction de ce détail pour me laisser l’espoir de penser que ce type pouvait être l’homme idéal. On sait jamais, sur un malentendu ça peut peut-être marcher.**
Un elfe ! Ce n’est même pas une pomme pourrie que je m’apprêtais à déguster, mais une pomme empoisonnée. Au secours, fuyons ! Les femmes et les enfants d’abord, suivez le guide ! Ce n’est pas que je suis raciste loin de là, mais un elfe, c’est comment dire ? Comme une constipation qui dure depuis trop longtemps, un bouton indésirable sur le visage lors d’un rendez-vous galant. Vous voyez ce genre de personne qui vous pourrit la vie juste par sa présence ? Bon ok, j’avoue mon ressentiment vient de mauvaises expériences qui m’ont laissé un goût amer dans la bouche. Ce que je déteste chez eux, c’est qu’ils font tout pour te donner l’impression d’être un vulgaire parasite qui dérange comme un cheveu sur la soupe ou un cafard dans les petits-pois. Je ne supporte pas ça. Et en ce moment même sous son si beau regard plein de mépris pour ma petite personne, je sais exactement ce que ressent ce petit insecte innocent perdu dans cette assiette remplie de boules vertes géantes.
Mais attention, l’ami. Le petit cafard que je suis, cache en lui un gros dragon susceptible et vexé. Tu vas voir ce que tu vas voir. Ce n’est pas un porteur d’oreilles pointues qui va m’insulter sans conséquence, aussi beau qu’il soit.
Je baisse les yeux sur sa main toujours posée sur mon épaule, donne une petite tape dessus et je plonge mon regard dans ses beaux yeux turquoise. Un sourire en coin étire lentement mes lèvres et je savoure d’avance ma douce vengeance. Je lève ma main délicatement vers son visage, sers mon poing et lève mon majeur triomphalement. Je m’abstiens de danser une petite gigue pour appuyer la jouissance de mon insolence.
-Voilà ce qu’elle te répond la simplette, connard.
Ni une, ni deux, je tourne les talons et sors de cette demeure, école ou château de malheur. Une fois dans le jardin, il me faut un temps d’adaptation pour m’habituer à la luminosité du soleil. Un majestueux parc se déploie devant moi. Une longue étendue verte intense s’étend à perte de vue, des arbres et des haies fleuries aux mille et une couleurs égayent l’ensemble. C’est magnifique, mais je n’ai pas le temps de m’attarder et je m’élance à la poursuite des deux silhouettes de mes parents. J’ai à peine le temps de faire mon premier pas que je suis immobilisée par un étau autour de mon bras. La main gantée indésirable fait son retour sur ma personne. Pire qu’une mouche autour d’un pot de miel. Je me détourne pour affronter mon geôlier. Oups ! Je crois que je vais en prendre pour mon grade si j’en juge la fureur qui déforme ses si jolis traits. Je relève crânement le menton et plonge mes yeux dans ses deux lacs agités par la tempête qui l’habite. Si je dois mourir sous son courroux, je ne le ferai pas sans dignité.
-Sais-tu qui je suis, apprentie ?
-À part un gros connard, non. Mais en même temps, ce n’est pas comme si cela m’intéressait.
Et voilà comment l’expression êtres foudroyer d’un regard est née. S’il pouvait me tuer rien qu’avec ses yeux, je serais morte à l’instant et plusieurs fois. Sa rage est telle que je commence à avoir chaud aux fesses. Foutu pour foutu, quitte à être suicidaire autant l’être jusqu’au bout et c’est d’un air bravache que je continue de le provoquer mes prunelles bien ancrées dans les siennes.
Il commence alors à me détailler de haut en bas puis de bas en haut. Il est vraiment impressionnant, voire terrifiant avec toute cette férocité meurtrière au fond de l’œil. C’est bien la première fois que je vois ce genre d’émotions chez une personne de son espèce. Mais en même temps, vu la couleur de ses cheveux et sa peau mate, il doit s’agir d’un elfe sombre, ils sont réputés pour être de redoutables guerriers et la face obscure de leur race. Je ne connais que leurs cousins les elfes de lumières qui sont aussi froids et expressifs qu’un bloc de glace, donc je pense que je peux m’inquiéter de devoir subir un véritable ouragan courroucé. Comment je le devine, moi qui ne suis pas devin ? Il y a des signes qui ne trompent pas : les traits tendus à l’extrême, la mâchoire crispée jusqu’à se briser, les veines du cou et de ses tempes qui saillent prêts à exploser et il serre ses poings tellement forts que les jointures de ses mains en sont blanchies. Je parie qu’en ce moment même, des images de moi, bleue, asphyxiée entre ses doigts qui me compriment la trachée, se déroule comme un doux fantasme dans ses pensées. Comment je le sais ? Parce que j’ai les mêmes images dans ma tête, mais avec nos rôles inversés
S’il veut la bagarre, je suis son homme, enfin sa femme. Je n’attends que ça. J’ai un besoin impérieux de me défouler. De soulager cette colère et cette mauvaise humeur qui bouillonne en moi. Je pense que de lui à moi, si un de nous deux est légitime dans cette confrontation, c’est moi, Putain ! Je ne pense pas que ce bellâtre s’est tapé une journée de merde comme la mienne. Oui, je sais mon vocabulaire laisse à désirer. Mais là, maintenant, tout de suite, je m’en bats les couilles, ou plutôt les ovaires. Mon réveil a été douloureux, mon corps est en compote, mon ventre est rafistolé comme une dinde farcie, mon cerveau est en miettes et cerise sur le gâteau mes parents viennent de me laisser en plan dans cette fichue école sans mon consentement. Alors les prudes du langage aux oreilles sensibles passez votre chemin, car il va y avoir de la poésie colorée digne du plus grand des bordels.
– Je suis le prince héritier Aradan Ladylias de la cour Sombre, Maître du cercle du nord et Champion de l’arène de Rubis et Noire, maître d’armes et surtout professeur des arts de combat et de la guerre de cette école.
Qui aurait pensé que ce si joli minois est en réalité une véritable machine à botter les culs ? Le petit malin. Mais moi aussi, je cache bien mon jeu. Petit un, j’ai comme lui, en ma possession un titre redondant, je suis la princesse Alyana Dedarhaco de la cour de feu et je suis la deuxième à la succession de la couronne royale. Petit deux, nous sommes ex æquo sur le statut de champion. Oui, vous avez bien compris et non il n’a pas une arène en plus dans son palmarès. Je sais encore compter, figurez-vous. Je ne vous ai pas tout dit, je suis aussi championne de l’arène sanglante. Et oui mes amis, la légendaire Sanglante, celle qui a pris son nom de la couleur vermillon de son sol entaché à jamais par les torrents de sang qui se sont écoulés dessus. Cet endroit cauchemardesque qui fait trembler les plus redoutables guerriers et pleurer de terreur les enfants. Laissez-moi vous raconter la légende.
Tout a commencé par une partie d’échecs divins entre deux tricheurs : Sinès, déesse du chaos et Marès, dieu de la guerre. Ils étaient engagés dans une partie longue et fastidieuse où des pions disparaissaient et réapparaissaient au petit bonheur la chance. Un des deux joueurs par ennui (nous ne savons pas lequel car tous deux s’octroient l’idée vicieusement lumineuse.), a lancé l’avis qu’il serait plus sympathique d’organiser ce combat stratégique et intellectuel dans une arène avec des vrais pions et un zeste de magie. Ils furent emballés par ce concept si existant, le jeu fut mis de côté, et les cerveaux retors, tortueux, morbides et sanguinaires de nos deux divins protagonistes établirent les règles de ce nouvel amusement.
Je dois bien vous avouer, mes chers amis, qu’ils ont fait des étincelles et nous ont concocté un tournoi des plus pervers et tordus jamais imaginés jusque-là. Je vous explique. Nos deux divins maîtres du jeu choisissent chacun un roi ou une reine parmi les anciens et nouveaux champions. Les deux chanceux se voient attribuer une équipe de 15 combattants. Dans ses 15 joueurs, le roi ou la reine doit désigner un stratège prénommé le cavalier, un tacticien : le fou, un défenseur : la tour, et bien sûr la chair à canon : les pions. Une couleur est donnée à chaque équipe, le rouge pour l’équipe de Sinès et le noir pour celle de Marès.
Une fois, tout ce petit monde paré de ses couleurs et avec son rôle défini, le spectacle peut prendre place dans son lieu de présentation. Imaginez une énorme grotte avec des stalactites de différentes tailles parant le plafond comme une magnifique sculpture. Dans les parois des niches où sont installés luxueusement des invités, au milieu de tentures, de coussins, tapis, tables basses garnies de victuailles. Le sol est parsemé de stalagmites, où sont posés à leur sommet des bougies de feu magique. Au centre un large espace plat recouvert de sable qui au fil du temps s’est teint de la même couleur que le sang des morts qui s’y sont entassés. C’est au son d’une cloche que le silence se fait et que le combat peut commencer.
J’ai oublié de préciser plusieurs choses. Dans les arènes normales, la magie est proscrite pour que tous les concurrents puissent être à égalité, ce qui fait que, bien évidemment, autrement ce ne serait pas drôle, dans l’arène sanglante la magie et mutations sont à l’honneur. Et bien sûr à la fin, il n’en reste qu’un. Vous avez deviné que le gagnant, c’est celui qui a réussi à rester vivant, pas comme dans les autres arènes où c’est celui qui reste debout qui est proclamé vainqueur par le jury. C’est fou comme on s’amuse là-bas et à chaque fois que tu reçois ta convocation, tu te sens toute émoustillée à l’idée d’aller te faire massacrer jusqu’à la mort, sans avoir le droit de refuser gentiment, car tout refus entraîne ton trépas.
Donc si on fait le calcul, je gagne pour ce qui est des arènes et lui, il gagne pour ce qui est du reste, donc nous sommes au même niveau. Mais si monsieur cherche la petite bête et qu’il veut jouer à celui qui pisse le plus loin, là, c’est moi qui remporte le trophée, et largement. Il ne peut pas rivaliser avec un dragon, c’est moi la grosse bébête. Je n’ai même pas besoin de lever la patte pour arroser les fleurs sur plusieurs pieds, je vous avais prévenu qu’il y allait avoir de la poésie. Maintenant le hic, c’est de savoir si je suis capable de me retransformer en gros lézard, mais chut, il n’a pas besoin de savoir ce petit secret. Ça reste entre nous. Mais trêve de plaisanterie, il est grand temps de montrer à ce monsieur qui c’est le patron ici.
-Et toi ? Sais-tu qui je suis ? Je suis la princesse Alyana Dedaharko, Princesse des dragons de feu, deuxième à la succession de la couronne, Maître du cercle du sud et championne de l’arène de feu. De plus pour ta gouverne, saches que si on me chauffe trop, je deviens un dragon super balèze avec un mauvais caractère et un très gros appétit. Il y a une semaine, j’ai bouffé un orc pour l’apéro alors croqué un prince héritier en dessert ça ne me dérange pas du tout, au contraire, j’ai les crocs.
Vous vous demandez pourquoi je ne parle pas de la Sanglante . Mes parents ne sont pas au courant de mes petites visites là-bas. Et j’aimerais qu’ils restent dans l’ignorance, donc motus et bouche cousue.
L’homme me dévisage un long instant puis recommence à me détailler de haut en bas et de bas en haut. Je sais que je ressemble à rien dans ces vêtements trop justes et pieds nus, mais ce n’est pas l’emballage qui fait un homme, mais ce qu’il y a à l’intérieur et crois-moi mon petit gars, mon âme est celle d’une guerrière et je compte bien te botter le cul et je le ferais sans hésitation.
Il me toise de son air arrogant et hautain, comme savent si bien le faire les elfes.
-Tu me dois obéissance et respect, je serais amené à être un de tes professeurs. Il serait judicieux pour toi de savoir qu’elle est ta place ici. Les petites apprenties prétentieuses et trop sûres d’elles, j’en vois chaque année et crois-moi quand je te dis qu’elles ne font pas les fières très longtemps.
Mais c’est qu’il commence sérieusement à me courir sur le haricot, ce drôle.
-Déjà, je ne suis pas petite et ensuite, tu n’es pas encore mon instructeur, les cours n’ont même pas encore commencé et je ne suis même pas élève officiellement, je suis en pleine négociation avec la haute autorité parentale sur cette question. Et pour ta gouverne, comme le dit si bien mon grand-père, le respect se mérite par les actions. Et je suis dans le regret de t’annoncer que tu as été pesé, tu as été mesuré et je t’ai jugé insuffisant. Donc va te faire voir chez les trolls et on reparlera de déférence quand tu en seras digne.
Mon père avait raison, cette réplique est fortement sympathique. Je me retourne d’un coup pour m’élancer dans une fuite de survie, car si je ne m’en ramasse pas une après mon petit discours, cela révélerait du miracle. Dans mon élan, je me retrouve le nez collé contre un torse dur et massif qui sent bon la maison. Mon père ! Par la clémence du dieu protecteur des dragons, faites qu’il n’est rien entendu.
-Quand quelqu’un se tient comme ça devant ma fille avec un air et une posture de bourreau très impatient à exécuter un condamné, c’est qu’elle a fait usage de sa langue de vipère et de son caractère de gobelin enragé. Je vous présente mes plus humbles excuses en son nom, en celui de ma famille et de mon peuple. En tant que père et roi, j’essaie depuis de nombreuses années, dix-neuf pour être précis, de lui inclure l’éducation digne de son rang et les subtilités de la diplomatie et des étiquettes, mais cette tâche est bien trop ardue pour moi. Elle se révèle être mon seul échec dans cette vie. Ma chère enfant est un cas désespéré et je compte sur les enseignements de cette école pour rattraper toutes ses lacunes et ses travers.
Je regarde mon géniteur, les yeux exorbités et la bouche grande ouverte. L’hypocrisie de cet homme est phénoménale. Comment ose-t-il critiquer mon caractère alors que nous avons le même. Depuis ma naissance, j’entends le fameux « tel père telle fille », « les chiens ne font pas des chats » et le célèbre « par tous les dieux, on dirait son père ». Les failles de mon éducation sont sûrement dues au fait qu’il a été décidé pour ma sécurité de m’envoyer vivre chez mon oncle au milieu de combattants et combattantes pour seul modèle. Bien évidemment, je retournais très souvent au palais, mais à chacune de nos retrouvailles mon patriarche ne pouvait s’empêcher d’étoffer mes connaissances de combat, mon attirail guerrier et bien sûr ajouté des paillettes dans mon vocabulaire très coloré***. N’allez pas croire que personne ne s’est chargé à éveiller mon esprit et de développer mon intelligence, j’ai été suivi par un précepteur, un vieux monsieur rusé et bienveillant qui a su malgré mon manque de motivation à l’apprentissage intellectuel, à me faire aimer les mots, l’histoire, les sciences sauf les mathématiques, et surtout l’art du sarcasme et de la repartie.
Je m’apprête à riposter pour défendre mon honneur salement amoché par cet homme qui ose se prétendre être mon père, mais d’un regard en coin, il me fait comprendre de me taire. Je l’aime plus que tout au monde, mais parfois, surtout en ce moment, je me dis qu’un petit parricide me tenterait bien. Je jette en coup d’œil, en biais, à Monsieur Sexy Connard, ce nom lui va comme un gant, un petit sourire moqueur étire ses lèvres. Le pire dans cette histoire, c’est que cela le rend encore plus beau. Ce côté railleur accentue son charme. Je le déteste et je déteste son air suffisant. Je sais bien qu’il exulte devant les remontrances de mon père. Son regard rencontre le mien. Je plisse les yeux en focalisant toute ma colère et ma haine dans cet échange visuel, au cas où par un petit coup de pouce divin, des éclairs y sortent pour le foudroyer sur place. Son sourire s’élargit encore plus. C’est décidé, incident diplomatique ou pas, je lui rentre de lard et avec un peu de chance, je serais renvoyé avec anticipation d’ici.
-J’accepte vos excuses, altesse. En tant que futur maître d’armes de votre fille, je saurai lui inclure quelques notions qui lui font défaut, comme le respect et la maîtrise de soi. Apprentie Alyana, je ne dirais pas au plaisir de vous revoir, car ce ne serait pas la vérité. Je vous reverrai pour vos leçons de combat !
Sur ce, il tourne les talons et s’éloigne sans un regard en arrière.
-Papa, je peux le tuer ?
-Non.
-Le bouffer ?
-Non plus.
-Le pousser sans faire exprès en haut d’une falaise ?
Mon père pousse un long soupir et passe la main dans sa longue crinière.
-Mon petit poulet, si mes cheveux n’avaient pas été blancs, dès ma naissance, je pense qu’ils le seraient devenus à cause de toi . Tu as la chance d’être ma fille et que je t’aime plus que tout au monde, car autrement, cela ferait longtemps que je t’aurais fait griller.
Ma mère nous rejoint, échange un regard avec son époux et me prend dans ses bras.
-Ma chérie, tu te souviens de la prophétie des frères maudits qui a conduit à la Grande guerre draconitique ?
-Oui, c’est la prophétie de papa et de mon oncle.
Je vois bien que vous ne comprenez pas de quoi je parle. Ne vous inquiétez pas, je vais vous faire un petit résumé. Mon paternel a un frère jumeau, l’un est un dragon de feu et l’autre un dragon de glace. Ils sont tous deux souverains de leurs royaumes respectifs, le royaume de feu pour le roi Eirik Dedaharko et le royaume de Glace pour Sigvard Dedaharko. Avant leur couronnement, régnaient deux frères que l’on surnommait les jumeaux maudits. Eh oui, encore une paire ! Mais que voulez-vous, chez les dragons, nous aimons bien faire les choses en grand. Alors deux bébés pour le prix d’un, pourquoi s’en priver.
Donc nos deux précédentes têtes couronnées étaient de véritables tyrans sanguinaires qui avaient fait de leurs sujets des esclaves et des outils pour étendre leurs puissances et asservir les autres peuples. Mais comme toutes bonnes choses ont une fin et qu’il était grand temps que ces deux tortionnaires se fassent botter le cul une bonne fois pour toutes, une prophétie s’est fait entendre. Elle annonçait l’arrivée de deux frères qui viendront mettre fin à cette oppression. Après une longue guerre, que les livres appellent « la guerre des dragons », ils ne vont pas chercher loin, nos historiens pour nommer les choses, les rois maudits ont été tués et les deux jeunes héros couronnés. Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, blablabla, fin.
Bref, je ne vois pas en quoi toute cette histoire me concerne, à part que je fais partie des bébés de la fin.
Ma mère englobe mon visage de ses mains et plonge son regard dans le mien.
-La dernière partie de l’oracle n’est jamais mentionnée et elle a très vite été oubliée, car elle n’ajoute rien de plus à la légende et elle est restée une énigme jusqu’à la semaine dernière.
-Attends de quoi tu parles . De quelle fin parles-tu ?
-Laisse-moi te compter la prophétie dans sa totalité :
« Les premiers jumeaux seront maudits
Les cœurs royaux seront détruits
La glace et le feu à jamais ennemis
tant que battra le cœur du conflit
Lorsque viendront les jumeaux divins
L’amour de deux frères marquera la fin
La glace et le feu s’aimeront enfin
Alors viendront quatre prophéties pour le bien
La première fille possédera toutes magies confondues
le premier fils portera la couronne à jamais perdue
La deuxième fille sera chérie par un dieu déchu
Le deuxième fils sera couronné dans un monde inconnu »****
-Tournée comme ça, pour la simple mortelle que je suis, ça reste complètement incompréhensible. Déjà que même en connaissant l’histoire, la prophétie de papa est pour moi du plus haut point cabalistique, alors imaginez si en plus on y ajoute un morceau qui n’a aucune référence sur lequel s’appuyer ! Mais bon, faut pas être doté d’une intelligence fabuleuse pour comprendre que la première fille, c’est moi, vue que je suis le premier bébé Dedaharco née après la guerre des dragons.
Mon père me donne une grande claque dans le dos et s’esclaffe joyeusement.
-Dans le mille mon petit poulet. J’ai toujours su que tu étais une fille ingénieuse. Tu es bien la digne fille de ton père.
Alors lui, c’est vraiment quand ça l’arrange, l’hérédité. Je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel, pour lui montrer ce que je pense de tout ça.
Bon, récapitulons tout ce merdier. Il existe une prophétie qui parle d’une première fille qui possédera toutes les magies et cette chanceuse, c’est moi. Moi, le dragon qui il y a une semaine, étais incapable de muter, moi qui n’avais même pas une minuscule étincelle de magique frétillante au bout de mes doigts. Je me retrouve aujourd’hui, catapultée sans n’avoir rien vu venir dans une école des mages avec des capacités draconitiques et élémentales en cadeau, alors que je n’avais rien demandé. Enfin, si un peu, mais pas autant. Je voulais juste pouvoir devenir un dragon. Rien de plus. Si je savais qui est mon exaucer de souhait divin, je lui ferais comprendre à coups de pelle, ce que je pense de son fiel. Oui, j’aime bien manier la pelle, je trouve que c’est une arme vraiment sympathique, trois fonctions en un seul objet. Tu assommes, tu achèves et tu enterres. Simple et efficace
J’observe mes parents les épaules voûtées sous le poids de la défaite. Il faut toujours qu’ils trouvent l’argument ultime pour avoir le dernier mot. Ma mère me caresse doucement le dos, comme pour me faire avaler la couleuvre plus facilement.
-Tu seras amenée à faire de grandes choses dans ta vie, Alyana. Je pris les dieux pour que ton futur soit le plus radieux possible.
Mon père ricane tout en prenant mes mains dans les siennes.
-Comme si une prophétie pouvait annoncer un avenir où tout le monde, il est beau, gentil et avec des cœurs dans les yeux. C’est dans cette école que tu vas pouvoir t’entraîner et t’endurcir pour ce qu’il t’attend. Crois en mon expérience, mon petit poulet. Il y aura du sang, de la douleur, des larmes, des trahisons, des deuils, mais avec un peu de chance, tu trouveras, comme moi, la plus belle chose qu’il puisse arriver à un homme ou à une femme : le bonheur de rencontrer ton âme-sœur, l’unique amour de ta vie et de bien plus encore.
-Merci papa, je dois dire que là, tu m’envoies du rêve. Autant me jeter du haut d’une falaise maintenant, ça fera moins d’histoires. De toute façon, que je meure tout de suite ou plus tard, je n’ai aucune échappatoire. Mon destin a été tracé avant même ma naissance et si je veux avoir la moindre chance de survivre, il est dans mon intérêt de suivre l’enseignement de cette école. Mais pourquoi avoir fait des gosses dans ces cas-là ?
-Mon petit poulet, d’abord la prophétie de la première fille n’a pas encore été annoncée, avec un peu de chance…
-Un peu de chance ? Tu l’as dit toi-même des prophéties qui parle d’arc-en-ciel, de paillettes et des cœurs dans les yeux des gens, ça n’existe pas. Et pour ce qui est de trouver l’âme sœur en récompense, mon historique amoureux parle pour lui-même, j’ai la poisse pour ces trucs-là.
-Tu es ma fille et je sais que comme moi, tu survivras à ton destin. Tu es forte, intelligente, redoutable guerrière et surtout la digne fille de ton père. C’est en nous, nous sommes des survivants et ici tu trouveras tout ce qu’il faut pour te préparer à affronter ce que l’avenir te réserve.
-Mouai, je suis un peu sceptique, mais je te laisse le bénéfice du doute. En même temps, comme le dit l’adage, ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort. Nous dirons que je suis appelée à devenir la plus grande de tous les guerriers et que les dieux feront de moi une déesse.
-Que ta prière soit entendue, mon petit poulet. Maintenant que nous sommes d’accord sur ta présence en ces lieux et sur l’enseignement que tu vas recevoir, il est grand temps pour ta mère et moi de nous retirer. Soit une brave fille sage et obéissante. Et à très bientôt.
Je ne relèverais pas le « brave fille sage et intelligente », je n’ai pas l’humeur pour ça. J’étreins mes parents dans un dernier câlin et les laisse partir. Je reste debout, immobile, à les regarder s’éloigner et disparaître au loin. Je me retourne et reprends le chemin qui m’a conduit jusqu’ici en sens inverse, pour retrouver ma chambre.
Je me laisse la fin de cette journée et la nuit pour me complaire dans mon apitoiement. Demain sera le premier jour d’un nouveau chapitre de ma vie et pour pouvoir le confronter sereinement, il me faudra toute ma combativité et ma force pour avancer. Donc mes idées noires, ma nostalgie et ma tristesse devront être éliminées avec le prochain lever du soleil.
Allongée sur mon lit à ruminer mes sombres pensées, j’entends des coups frappés. Je me lève lentement et ouvre la porte pour me retrouver nez à nez avec monsieur sexy connard. Qu’est-ce qu’il fout là celui-là ?
-Qu’est-ce que vous foutez là ? Je croyais que vous ne vouliez pas me voir en dehors des cours.
Pour appuyer mon mécontentement de me retrouver devant sa personne, je croise les bras et fronce les sourcils. Lui aborde un sourire terriblement affriolant. Hors de question que j’éprouve la moindre excitation devant ce sublimissime spécimen masculin. C’est avec toute ma volonté que j’arrive à rester de glace. Les dieux sont témoins de la hauteur de l’épreuve que je subis, car déjà, quand il tire la tronche, il est magnifique, alors imaginez quand il sourit…
-J’ai un petit présent de bienvenue pour toi.
-Cela commence toujours par une soi-disant gentille attention, mais ça finit toujours par une mort horrible. Donc vous ne m’en voudrez pas si je refuse votre présent, mais on ne peut pas dire que notre rencontre s’est faite sous les meilleurs auspices.
-Voyons, je suis un de tes professeurs, jamais je n’oserai intenter à ta vie.
-Mais bien sûr, vous n’êtes pas encore mon maître d’armes et j’appuie bien sûr le « pas encore ».
Il éclate de rire et me tend un paquet. Je le récupère non sans lui jeter un regard circonspect. Des morceaux de tissu enroulés sur eux-mêmes avec à l’intérieur quelque chose de dur. Je détache la corde qui tenait le tout et je me retrouve avec le même uniforme que je porte et une paire de chaussures montantes en cuire noir.
-Il m’a semblé que tu avais un petit problème vestimentaire.
Il me fait quoi celui-là ? D’où il se permet de me refiler des nippes sans demander mon aval .
-On a enfin relevé votre incompétence en tant qu’instructeur et on vous a rétrogradé à la lingerie .
-Ne me cherche pas, apprentie, où tu risquerais de te brûler les ailes.
-Un elfe cracheur de feu ? Je vous savais sensible aux arts nobles, mais je n’aurais jamais cru que l’art de la rue et des saltimbanques faisait partie des égaiements elfiques.
-Tu es vraiment une emmerdeuse à la langue bien pendue.
-Comment ? Une emmerdeuse ? Moi ? Mais qu’ouïs-je ? Mes oreilles si sensibles de jeune vierge innocente, saignent à cette invective.
-Ta réputation te précède, Alyana Dedaharco. Ton caractère et ton langage coloré sont légendaires parmi les combattants. On dit de toi que tu es aussi douce qu’un drake enragé avec une rage de dents et que tu possèdes un vocabulaire digne d’un vieux gobelin alcoolique et teigneux. Pour ce qui est de ta chasteté, je ne m’aventurerais pas dans cette direction, même la caresse de ton regard enfiévré sur ma personne lors de notre rencontre, me laisse envisager que les plaisirs de la chair ne te sont pas méconnus.
La discrétion et moi, nous n’avons jamais été de bonnes copines. Et là, je peux affirmer que je me suis fait griller en beauté. En même temps, comment rester de marbre devant un tel hymne à la dépravation ? Je suis sûr qu’il pourrait déflorer une vierge rien qu’avec un regard. Merde, mon imagination hyperactive s’emballe et si je ne prends pas garde, je vais me retrouver avec une inondation au sud de mon anatomie.
-Juste pour remettre les choses dans l’ordre, il ne faut pas oublier que vous êtes un de mes enseignants.
-Comme tu le dis si bien, Alyana, je ne suis pas encore ton maître d’armes.
Il s’avance et s’approche de moi. Nous sommes quasiment nez à nez. Par réflexe, je pose mes mains sur son torse pour le tenir à une distance de sécurité.
-Tout doux l’ami. Aux dernières nouvelles, nous n’avons pas gardé les cochons ensemble. Si vous pouvez avoir l’obligeance de ne pas envahir mon espace personnel, je vous en serai gré.
-Ce que je trouve fascinant chez toi, c’est à quel point ton corps peut être autonome de ta pensée. Tu dis des choses et tes gestes disent le contraire.
De quoi parle-t-il ?
-Tu me demandes de rester loin de toi, alors que tes mains ne cessent de me caresser. Il faudrait peut-être que tu revoies ta définition d’espace personnel.
Merde, c’est qu’il a raison en plus. Je baisse les yeux vers mes traîtresses de mains et les surprends en train de tâter ses pectoraux qui au passage sont très bien dessinés et d’une fermeté esquisse. Ce n’est pas possible, il est parfait ce type. Je parle du physique, car pour le reste, il reste un véritable connard. Le regard suffisant qu’il me jette avec son petit sourire charmeur et sexy ajoute une touche supplémentaire à mon exaspération. Tu n’as pas le droit de le tuer, de le bouffer ou de le jeter du haut d’une falaise, rappelle-toi ce qu’a dit papa. Mais en même temps, ce qui n’est pas su, n’est pas forcément arrivé ? Non ?
-Il y a des falaises dans le coin .
-Pourquoi ?
-Comme ça, par curiosité.
-Non
Il va falloir que je trouve autre chose.
C’est la caresse de ses mains sur les miennes qui me sort de ma réflexion profonde sur comment me débarrasser du corps sans que mon père ne le sache. Quelle n’est pas ma surprise, quand je me rends compte que mes mains se sont positionnées à nouveau sur sa poitrine. Je lève la tête pour attraper son regard. Je n’avais même pas repéré qu’il avait une bonne tête de plus que moi. Je n’aime pas ça, cela lui donne un avantage sur moi. Irritée, je le repousse sans ménagement vers la sortie.
-Il se fait tard et je suis encore en convalescence. Il est grand temps pour la grande blessée que je suis d’aller me reposer. Alors, merci pour l’uniforme, au revoir, bonne nuit et et cetera.
D’un mouvement sec, je lui claque la porte au nez. J’entends son rire à travers le bois.
-Tu as peut-être remporté cette bataille, mais la guerre est loin d’être terminée.
Je ne peux m’empêcher de rétorquer, le front appuyé contre le battant.
-Quelle guerre ? Il n’y a plus de guerres depuis longtemps.
-tu as raison, il ne s’agit pas d’une guerre, c’est plus une conquête. Celle de ton corps et avec un peu de chance, celle de ton cœur.
Mais bien sûr et pourquoi pas 100 pièces d’or et une barre de chocolat au caramel*****.
-Alors, écoute- moi bien espèce de queutard du dimanche. Ta conquête, tu peux te la mettre où je pense. Mon corps n’est pas un territoire à conquérir et mon cœur encore moins. Si ça te chatouille, je suis sûre qu’un paquet de demoiselles esseulées se bouscule au portillon pour te satisfaire. Avec la gueule que tu as, tu n’as qu’à te baisser pour les cueillir. Alors, si tu me le permets, je te dirai qu’une chose, va te faire foutre.
-Tu es tellement prévisible, mon cœur. Cette fois-ci, je te dirais au grand plaisir de te revoir.
-Les relations, entre professeurs et élèves, sont interdites. C’est la règle.
Enfin, je crois !
-Parce que tu as pour habitude de suivre les règles .
-Oui, parfaitement.
-Menteuse ! Mais je te pardonne pour ça. Car moi aussi, je dois me faire pardonner. Je te fais marcher depuis le début. Et voir comment tu cours est un véritable régal. Tu sauras qu’ici l’insolence n’a pas sa place et que les règles ont leurs utilités. Rien ne reste impuni. Voici ta première leçon, Alyana. À l’avenir, réfléchis avant de parler et surtout pense bien à qui tu t’adresses. Bonne nuit princesse guerrière.
J’entends le son de ses pas décroître à mesure qu’il s’éloigne. Mais quel connard ce mec et je reste polie ! J’ai plein d’autres noms qui me viennent en tête, mais je suis tellement furieuse que je n’arrive même pas à choisir lequel lui conviendrait le mieux. Je suis si enragée que j’ai l’impression que de la fumée me sort par les narines. Merde, ce n’est pas qu’une illusion, c’est vrai, je fume vraiment par le nez. Je me précipite pour ouvrir la fenêtre en grand, il ne manquerait plus que je meurs asphyxiée par ma propre fumée. Et d’ailleurs, c’est quoi cette fumée . Normalement, quand un dragon est dans sa forme humaine, le feu en lui, est en veille. Alors pourquoi, je sens comme un brasier en moi prêt à exploser ?
La fatigue tombe sur moi par surprise. Elle apaise l’incendie qui rugit en moi sans que je n’aie besoin d’intervenir. Mes yeux papillonnent de plus en plus pour se fermer définitivement. Je sombre doucement dans l’oubli non sans une dernière pensée pour la mort future de cet elfe de malheur. Je l’aurais un jour, je l’aurais******.
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* Référence à une sortie culte de notre si “diplomate” président : les Gaulois réfractaires.
** Vous avez effectivement reconnu une des plus cultissimes répliques de jean Paul Dusse dans Les Bronzés.
*** Petit clin d’œil à Inès Reg et Kevin. J’adore cette fille !
**** La prophétie n’est pas encore fixée. Je suis en pleine réflexion et j’attends l’aide d’un ami poète.
***** Expression de ma jeunesse : tu ne veux pas cent balles et un Mars ?
****** Vous l’avez tous repérée ? La fameuse réplique de la pub pour la MAf devenue culte.
À partir de maintenant, je mettrais un petit numéro à chacune de mes allusions et à la fin du livre je vous mettrais les réponses. Bonne lecture.
Palpitant!
Intéressant ! Elle a tout pour elle décidément 🙂