Dans les ruines
encore crépitantes
de notre humanité
dansent les mots.
Et tout comme l’étude acharnée des croyances d’hier ne ramènera pas
les Icares, les Apollons, les Aphrodites,
des kilomètres et des kilomètres de mots mis bout à bout
ne ramèneront pas les oiseaux.
Mais ils raconteront
comme c’est le rôle des mots.
Ils diront les ailes qui frôlaient le soleil,
ils diront les plumes à nos pieds, cadeaux précieux de nos enfances où tout était trésor,
ils diront, encore, les aubes flamboyantes de tant de chants mêlés,
à tel point qu’on se demandait
où commençait le rouge-gorge
et où finissait le corbeau.
Les mots sont les remparts qui protègent de l’oubli tous les oiseaux du monde
et aussi les forêts
et puis aussi les femmes.
De ces déesses indociles qui chantaient dans les rues
sous nos fenêtres closes
et dans les déserts fauves
un peu plus à l’est,
de ces déesses là
avec leurs bras levés
avec leurs ailes déployées
et à leurs bouches des mots comme femmes, vie et liberté,
de ces déesses là,
il restera le souvenir
qui dansera
qui dansera
dans les ruines dont je te parle
à toi qui n’écoutes pas
et qui demanderas
dans un dernier souffle brûlant :
mais où sont passés les oiseaux ?