À la fin du processus tous les yeux étaient tournés vers la jeune fille, ils la regardaient bouche bée.
– Co…comment…comment t’as fait ? demanda Manon pour les autres.
Elleana commença à paniquer, pourquoi elle avait fait ça ? Jacques lui avait bien dit de ne jamais utiliser ses pouvoirs. Mais en même temps, elle n’avait pas fait exprès, ses mains avaient agi d’elles-mêmes, c’était juste pour aider Arthur. Elle ne pouvait plus revenir en arrière, que leur dire ? comment leur dire ? pouvait-elle leur mentir ?
– Eh bien…
– Oui, l’encouragea Mathéo.
Elle se résigna, après tout, ils étaient ses amis, ils avaient le droit de savoir. Et puis elle ne voyait pas comment leur mentir.
– C’est à dire que… Bon, OK, je vais tout vous dire, mais il faut me promettre que cela ne sortira pas de ces murs.
– Promis ! répondirent ses amis en chœur.
– Très bien (elle prit une grande inspiration et, avant de changer d’avis, se lança), j’ai des pouvoirs. Je peux contrôler l’eau, le feu et le vent. Je peux aussi respirer sous l’eau, le feu ne me brûle pas et le vent me parle.
Ses amis en restèrent bouche bée, les bras ballants, la regardant comme si elle s’était transformée en extra-terrestre. Elle retenait son souffle, en attendant leurs réactions. Elle avait toujours redouté le moment où ils l’apprendraient mais elle s’était rassurée en se disant qu’elle ne leur montrerait jamais et qu’il n’y aurait pas de problèmes. Mais maintenant qu’elle leur avait dit elle avait peur qu’ils la considèrent comme un monstre et la rejettent.
– Waouh ! Et tu nous avais caché ça ! Franchement t’exagères ! s’indigna Mathéo qui s’était repris le premier.
– Jacques m’avait demandé de ne le dire à personne, répondit Elleana, soulagée que Mathéo trouve ça chouette, mais toujours inquiète quand à la réaction d’Arthur et Manon.
– Mais on est tes meilleurs amis ! insista-t-il.
Elle ne répondit rien car elle savait qu’il avait raison et puis de toute manière, il n’abandonnerait jamais la partie si elle répliquait.
– Merci, dit simplement Arthur qui n’en revenait pas.
Manon ne dit rien mais Elleana pouvait lire l’admiration dans ses yeux.
Après cet incident, l’atmosphère fut tendue, ils ne parlèrent plus beaucoup. Et à dix-huit heures ils rentrèrent chez eux, chacun prétextant un truc à faire à la maison.
******
Sur le trajet du retour Elleana marchait (elle préférait rentrer à pieds lorsqu’il faisait beau) en réfléchissant à l’incident à la Cabane, elle avait trahi Jacques. Elle décida de ne rien lui dire. Elle s’en voulait de s’être laissée aller, de ne pas avoir gardé le contrôle, mais, en même temps, elle était soulagée de ne plus avoir à cacher ça à ses amis.
Enfin, elle espérait qu’ils prendraient bien la nouvelle, Arthur et Manon n’ayant pas donné leurs avis, elle redoutait le pire. Mais elle aurait sûrement eu une réaction similaire si elle avait été confrontée à la même situation. Il n’y a eu que Mathéo qui a eu l’air enthousiaste.
À mi-chemin, le vent se mit à souffler de plus en plus fort. Elleana marchait sur le sentier d’un parc désert. Toute à ses pensées, elle ne s’était pas aperçue que le vent avait pris des proportions énormes, lui soulevant les cheveux, les vêtements… Soudain, il se rassembla en une personne… juste devant Elleana ! Elle prit peur et s’enfuit en courant, en hurlant mais l’être de vent l’interpella et se téléporta juste devant elle en créant un mur de vent tout autour d’eux de sorte que la jeune fille ne pouvait plus s’enfuir, ne pouvait plus bouger, ni voir autre chose que le vent… c’était une sensation étrange. Il lui sourit.
– N’aie pas peur, je ne te veux pas de mal, souffla le vent. Mais il faut que je t’emmène avec moi.
– Non, je ne viendrais pas avec vous, répliqua-t-elle.
Elle n’avait plus peur, elle savait qui il était, son instinct le lui disait : c’était un Élément. L’Élément de l’air plus précisément.
– Mais il le faut. Toi seule peut nous sauver, souffla un peu plus fort le vent. Eau a été kidnappée et toi tu dois la remplacer pour neutraliser Vide.
– Écoutez, je ne comprends rien à ce que vous dites, répondit calmement Elleana, malgré la situation étrange dans laquelle elle se trouvait. En plus je suis en train de parler à un homme fait de vent, c’est du grand n’importe quoi !
– Je m’appelle Air, répondit le vent… bon, je suis désolé, mais là les gens vont se douter de quelque chose. Il faut qu’on parte !
Soudain, le vent souleva Elleana, elle cria, cette fois-ci la panique était revenue mais le vent l’emporta sans que personne ne remarque quoique ce soit car la rue était déserte.
Durant le trajet elle tenta vainement de s’enfuir, de sauter, de crier… puis finalement, fatiguée par ces émotions, elle s’endormit.