Traverser le Passage a été une expérience inoubliable. La petite troupe était arrivée dans une grotte où les Éléments leur demandèrent de se placer dans un coin qui brillait magiquement. Elleana avait ressenti un mélange de froid et de chaud puis s’était retrouvée sur un nuage avec ses amis. Air et Feu n’étaient pas passé par là car, en tant qu’Éléments, ils ne pouvaient pas passer par ce chemin.
Le Pays-des-Cieux était magnifique. Il ressemblait à une ville mais en plus grand et tout brillait d’un éclat magique. Le bâtiment principal était au centre de la ville, immense et impressionnant, on aurait dit qu’il s’élevait jusqu’au soleil. Tout autour de lui, il y avait des cabanes et des jardins.
Manon cherchait à découvrir d’où l’éclat magique provenait.
Mathéo, lui, était en extase devant ce paradis et reprocha intérieurement à Elleana de ne pas lui en avoir parler plus tôt.
– Comment se fait-il que le Pays-des-Cieux reste toujours au même endroit, les nuages bougent, non ? Et comment fait-on pour respirer ? demanda Arthur.
– Il ne reste pas toujours au même endroit sinon les humains se douteraient de quelque chose mais on l’a contrôlé pour qu’il reste toujours au-dessus de la Corée du Sud, répondit Air. Et il y a une bulle d’oxygène tout autour mais nous n’en avons pas besoin ce n’est que pour les humains qui travaillent ici.
– Il y a des humains qui travaillent ici ?
– Oui, mais c’est très sélectif.
Arthur était déboussolé : une grande partie de ce qu’il avait appris à l’école se révélait être faux.
Le groupe fut accueilli par les sous-éléments.
– Ah ! Vous voilà. Nous vous attendions pour le dîner.
– Oui, cela a pris plus de temps que prévu, répondit Feu avec un regard encore plein de colère vers le petit groupe d’amis.
Les quatre adolescents ne le remarquèrent même pas, tant ils étaient occupés à regarder ce qui se passait autour d’eux.
Ils mangèrent avec appétit, la nourriture des Cieux était excellente. Elle consistait en fait à des fruits et des légumes de couleurs et formes étranges et variés qui avaient des goûts succulents, sucrés et rafraîchissants. Il y avait même un fruit qui prenait un goût différent selon chaque personne !
– Jeune fille, voudrais-tu bien nous montrer comment tu maîtrises tes pouvoirs, s’il-te-plaît ? demanda Feu à la fin du repas.
Elleana acquiesça et fit apparaître de l’eau. Pendant plusieurs minutes, elle lui donna des formes et joua avec elle, elle fit de même avec le feu et l’air.
À la fin de la prestation, ses amis applaudirent tandis que les Éléments se regardaient d’un air désespéré.
– Eh bien, il va falloir de l’entraînement, commenta Air.
– De l’entraînement ! ironisa Feu, il faudrait au moins cinq années d’entraînement pour qu’elle soit prête. Il faut trouver une autre solution !
– Arrêtez, c’est trop bien ce qu’elle a fait ! Moi j’aimerais trop pouvoir faire ça ! répliqua Manon.
Les deux garçons acquiescèrent. Mais Elleana sentait que ça n’allait pas suffire, il fallait qu’ils trouvent une solution.
Finalement, il fut décidé que les sous-éléments allaient entraîner les humains pour le combat pendant que les Éléments entraîneraient Elleana et qu’ils chercheraient tous une autre solution plus rapide, au cas où ses progrès ne seraient pas suffisants.
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Désormais les journées étaient très monotones, ils se levaient, allaient au collège, revenaient dans les nuages pour s’entraîner quelques heures puis rentraient chez eux pour dormir.
Pour que leurs parents ne se doutent de rien, ils leur disaient qu’ils faisaient leurs devoirs ensemble, ce qui ne plut pas aux parents d’Arthur. Mais leurs têtes épuisées lorsqu’ils rentraient laissaient aux parents un grand doute.
Exceptionnellement, les Éléments avaient créé une Porte magique, mais puisqu’ils n’étaient pas au complet elle n’aboutissait qu’à l’autre Passage, qui, lui, permettait d’accéder aux nuages.
Elleana apprenait vite mais, selon les Éléments, pas assez. Et, intérieurement, elle maudissait Jacques qui lui avait interdit d’utiliser ses pouvoirs.
Dès qu’elle arrivait au Pays-des-Cieux, Air l’entraînait au pouvoir de l’air pendant deux heures, puis Feu prenait la relève pour le pouvoir du feu et, enfin, ils l’entraînaient au pouvoir de l’eau.
Et tous les jours, Air lui adressait des tristes sourires en la félicitant sans réussir à être convainquant tandis que Feu la rabrouait à tout bout de champs, et tous les jours Elleana disait qu’elle ferait mieux le lendemain.
Pendant ce temps, ses trois amis se faisaient entraîner aux techniques de combats comme le karaté ou la boxe par un petit groupe de Sous.
Un jour, les quatre amis se réunirent dans leur cabane. Lorsqu’ils ne se réunissaient pas un vendredi après-midi, comme ce jour-là, cela signifiait que l’heure était grave.
Arthur présidait la séance.
– Je déclare la séance ouverte !
– Quand est-ce qu’on va attaquer Vide ? demanda directement Manon.
– Lorsque Elleana sera prête, répondit le garçon, du tac-au-tac.
– Et avant que quelqu’un ne demande, je ne sais pas quand ce sera car les Éléments ne sont pas satisfaits de mes progrès, ajouta l’intéressée, désespérée et un peu vexée de ne pas être aussi douée qu’il le faudrait.
– On s’en fiche de ce que pensent ces deux zigotos, protesta Mathéo, ce qui compte c’est : est-ce que toi, tu te sens prête ?
– Je ne sais pas, je pense que oui, maintenant j’arrive à créer une bulle d’eau rien qu’avec l’humidité dans l’air, je peux aussi demander à un feu de s’éteindre et je comprends ce que me dit le vent. Mais si les Éléments pensent que non, je pense qu’ils ont leurs raisons alors on devrait prendre en compte leur refus, répondit-elle, encore plus dépitée de ne pouvoir satisfaire les envies de se battre de ses amis.
– Oh ! s’écria Arthur, on se calme, qui vote pour qu’on aille attaquer Vide ?
Trois mains seulement s’étaient levées, mais finalement Elleana, le regard fuyant, leva la sienne.
– Le vote est accepté à l’unanimité, on va combattre Vide. Mais avant, il faudrait en savoir un peu plus sur lui.
Il fut décidé qu’Elleana chercherait des informations du côté des Éléments, Arthur à la bibliothèque et Mathéo et Manon du côté des sous-éléments. Et que le vendredi suivant, ils mettraient en commun leurs trouvailles.