De la colère à la fascination, partie 2.
TORI
Lorsque je rentrais chez moi, j’avais eu la bonne surprise de ne rencontrer personne. Je montai les escaliers en grandes enjambées pour ensuite m’enfermer dans la salle de bain. Je décidai de prendre une longue douche chaude.
Je ne voulais pas inquiéter mes parents. Ils étaient si gentils, remplis d’une bonté rare de nos jours. Ils méritaient tellement mieux qu’un enfant perdu tel que moi. L’idée de partir sans en informer personne m’effleura l’esprit. Après tous, ils ne me laisseront pas quitter la maison. Je le savais, ils m’aimaient. Et je les aimais, pour toujours. Néanmoins, je ne pensais pas qu’ils comprendraient que ma place n’était pas à Chicago, que j’avais besoin de réponse.
Camille vint à la maison un peu tard et je la remerciais de m’avoir rejoint. En effet, mon père m’avait remis en place toute la soirée, me rabâchant que j’avais été insolente avec ma mère et que je devais avoir honte, je n’étais qu’à moitié d’accord. Après tout, elle m’avait bien titillée, elle aussi. Il m’avait été difficile de ne pas l’ouvrir devant mon paternel, mais mon respect pour lui était trop grand pour que je ne tente quoi que ce soit. Alors je subis pendant tout le dîner son regard inquisiteur et ce sentiment de malaise ne m’avait plus quitté. Ce ne fut qu’à l’arrivée de Camille que je me sentis respirer convenablement. Nous montâmes dans ma chambre et elle s’étala sur mon lit, le sourire aux lèvres et les yeux pétillants de malices. Camille avait toujours eu cet air enfantin sur le visage, elle ne s’arrêtait jamais de sourire, à s’en faire mal à la mâchoire.
— Comment se prénomme ce bel étalon ? minauda-t-elle.
Je ris en secouant la tête.
— Grégoire.
— Il est dans quel lycée ?
— Il n’est pas d’ici.
— Un nouveau ?
— T’arrêtes de poser des questions, oui, me mis-je à râler et elle fit la moue en se redressant.
Camille soupira alors que je m’énervais pour rien, elle se retourna sur le ventre et se mit à jouer avec les objets sur ma table de nuit. Camille était le symbole d’une confiance facilement faillible, autrement dit, je me tâtais à lui révéler certaine chose. La jeune femme avait été ce qui me rapprochait le plus d’une meilleure amie à Chicago et je ne pouvais décidément pas en parler à mes parents. J’étais excellente pour garder les secrets, mais seulement lorsque ça ne me concernait pas. Dans ce cas-ci, j’avais besoin d’une épaule sur laquelle me reposer et ainsi me confier, car même si l’idée de partir à Ecclésia était aguicheuse, je préférais demander l’avis d’au moins une personne. Après tout, n’étais-je pas plus ou moins objective ? J’avais tendance à agir sans réfléchir et j’avais donc, souvent besoin de quelqu’un pour me ramener sur terre.
— J’ai quelque chose à te raconter, Cam.
L’intéressée me donna toute son attention.
— Je pense être différente, commençais-je, fébrile.
— Tu m’étonnes, se mit à ricaner, Camille.
— Mais non ! Je veux dire… C’est compliqué pour moi alors, s’il te plaît, Camille, fais un effort.
Elle fronça les sourcils, une dose d’inquiétude dans le regard puis s’assit en tailleur sur mon lit, attentive.
— L’homme que tu as vu, Grégoire, il dit que je suis d’une différente espèce et inscrite dans une école pour des personnes différentes, comme lui, et comme moi du coup. Je vais probablement y aller.
— Quoi ?
Je n’avais pas de tact, c’était claire cependant, m’éterniser n’était pas une solution pour que Camille comprenne que ma situation était bancale.
— C’est une école au Canada. Ecclésia.
Le regard de Camille changea, elle le baissa sur ses doigts qu’elle triturait. La jeune femme n’avais pas eu l’air surprise lorsque je lui avais annoncé le nom de l’école, ce qui avait eu le don de m’interroger sur ses connaissances en la matière.
— Ecclésia… murmura-t-elle.
Lorsqu’elle releva la tête vers moi, ces yeux furent voilés d’une tristesse que je ne lui avais jamais connue. Camille qui était si drôle, si enjouée, c’était comme si le masque venait de tomber.
— Cam…
— Tu ne devrais pas y aller, Tori.
Camille fut intransigeante tout d’un coup. Elle se leva et me tourna le dos, je lui pris la main pour ne pas qu’elle s’éloigne.
— Cam, que sais-tu ? Parle-moi, lui murmurais-je doucement.
Je n’avais jamais vu cette facette d’elle et ça me retournais presque l’estomac de la voir en réalité, plus brisée qu’elle ne le montrait. J’avais oublié que je n’étais pas la seule à avoir un trou béant à la place d’un passé.
— C’est compliqué, je ne sais pas si…
— S’il te plaît, c’est important. Si tu ne me dis pas pourquoi je dois m’inquiéter, je foncerai tête baissé dans le tas, tu le sais très bien.
C’était bas de ma part. Elle savait comment j’étais impulsive et à quel point je n’en faisais qu’à ma tête. Donc, au final, si elle me faisait part de ses peurs, ça ne changerai pas ma façon de penser.
— Ma mère était une Elfe. Elle a été élève dans cette école.
La surprise avait dû se lire sur mon visage, car Camille se moqua de moi.
— Ne fais pas cette tête Tori. Mon père est Humain et ce sont ses gènes qui ont eu le dessus, même si parfois, il m’arrive de ressentir des choses.
La jeune femme sourit face à ses souvenirs et je restais bouche bée. Le monde était en réalité gorgé de secrets inavoués depuis probablement des millénaires. Plus j’en connaissais les ombres et plus les mystères me frustraient. Tant de choses à voir, à vivre, à connaître. J’eus, pendant une seconde, peur de perdre la tête. Demesses, Pychics, Sorciers et maintenant Elfes… Je devais rêver.
— Mais tu ne vis qu’avec ton père, non ? Finis-je par demander, mes pensées ne faisaient qu’affluer dans mon esprit.
— Oui, elle est morte lorsque j’avais 10 ans. Elle travaillait pour l’organisation politique qui contrôle ce monde. Et crois moi, c’est des monstres. Mon père et moi étions dévastés d’apprendre sa mort et surtout de ne pas savoir comment ça s’était passé, ils n’ont rien voulu nous dire, car nous sommes “de simples Humains” d’après eux ! Crachait Camille, la tristesse de ses yeux se transformant en colère sourde.
— Je suis désolée, Cam…
— Ne le sois pas, ce n’est pas ta faute. Il m’arrivait de l’accompagner dans ce lieu, se mit-elle à se remémorer comme si cela s’était passé il y a des siècles. Je ne me souviens plus du nom, mais il y avait des personnes tellement… différentes, ils dégageaient cette aura de frayeur, je ne voulais plus jamais y mettre les pieds. Je sais que tu es différente, j’ai déjà vu des créatures aux yeux violets, mais ils étaient rejetés au travail de ma mère, Tori. On les traitait comme des animaux. C’est aussi pour cela que j’avais peur d’aller avec elle, murmura-t-elle comme pour me faire part d’un secret.
« — Je n’ai pas besoin de toi, et surtout de quelqu’un comme toi. »
« — Démon ! »
J’avais le visage baissé, perdue dans un dilemme où je n’avais aucune emprise. Je sentis les doigts fins de Camille qui me pris le menton pour lever mon visage vers elle. Elle me souriait tendrement. Ce monde me paraissait affreusement sombre, mais j’avais un espoir au fond de moi, qu’il y avait une minorité qui puisse l’éclaircir.
— Je sais que tu iras là-bas, Tori, tu as toujours eu cette envie de changement, cette vie si commune ne te correspond pas. Mais je peux t’assurer que ce n’est pas seulement ta famille et Chicago que tu vas quitter, mais bien tout ce que tu connaissais depuis ta naissance. C’est un autre monde, je le sais. Ma mère me le répétait bien souvent. Un monde antagoniste au notre, l’Enfer de la réalité.
Elle se baissa et me fit un baiser sur la joue avant de quitter ma chambre. Camille avait raison, je vais aller à Ecclésia. Parce que là, était ma place, même si elle avait décidément réussi à m’inquièter.
Alors j’adore ce mélange entre Xmen et Harry Potter, n’y vois aucune offense.
J’ai hâte de savoir à quoi va ressembler cette école.
J’adore ! Non vraiment je suis fan ! Le fait sur la meilleure amie soit déjà au courant lui apporte un soutien inespéré. Même si elle n’est pas d’accord avec la décision.
J’aime énormément.
Ça me fait trop plaisir que tu apprécies ! C’est vrai qu’elle est dans une situation compliquée mais c’est si tentant ce qu’on lui propose !