Basil Moran, partie 2.
BASIL
J’entrai sous la douche, l’eau fraîche détendit mes muscles chauffés depuis plus d’une heure. Mon corps était musclé par le sport intense que je pratiquais tous les jours. C’était que je m’ennuyais dans cette école de malheur, c’était plutôt calme pendant les vacances d’été. Aiden et moi n’avions plus eu de famille depuis des années alors Ecclésia était devenue notre maison en quelque sorte. Il me restait une année, après j’étais bon à errer dans le monde.
Mon corps, bien que jeune, était recouvert de cicatrice témoignant de mon passé peu glorieux. J’avais trompé la mort des centaines de fois, et tué trop d’innocents pour espérer ma place au Paradis. De toute manière, dès ma naissance, j’étais baigné dans les flammes de l’Enfer. Mes parents avaient été des Assassins hors pair, j’étais né pour ça. L’incendie qui les avait tué m’avait également offert une longue cicatrice sur ma jambe droite, me mangeant jusqu’à la cuisse. S’ajoutait cela mes Sceaux. J’en avais deux, le plus puissant se trouvait sur le coté gauche de mon torse, il bloquait une partie de la malédiction, bien que j’avais besoin d’un deuxième dans le creux de mon dos et de ma potion pour compléter le tout. Sans tout ce merdier, je n’étais plus moi-même et j’espérais que personne ne croise ma route dans ce cas-là. J’avais confiance en mes bloquants, réalisés par la plus grande Sorcière de sa génération : Madalena Turner. Elle nous avait beaucoup aidé, Aiden et moi afin de nous sentir à l’aise dans son école. Et c’était tout à son honneur. Elle dirigeait Ecclésia de la meilleure de façon.
Lorsque je sortis des douches, je vis par la fenêtre de l’aile droite du château un groupe de jeune, nu comme des vers, riant aux éclats. Ils sortaient de la forêt, mais préféraient ne pas se Changer à la vue de tous. J’aperçus la belle Élise qui empoignait l’épaule de Gabriel en secouant la tête. Les Loups-Garous revenaient de leur chasse, et c’était toujours incroyable de les voir se transformer. On parlait alors de douleurs atroces pour eux, sentir leurs os se briser puis se replacer, sentir les griffes qui sortaient du bout de leurs doigts, sentir leurs yeux se crever et remplacé par ceux perçants de leur Loup. Malgré cette torture, les Loups n’avaient jamais cessé de se transformer, car cet appel de la bête sauvage était trop fort. Ils avaient besoin de se transformer pour se sentir complet et en symbiose avec leur Loup, et vice-versa. L’Humain laissait place à la Bête en se détruisant et le Loup en faisait de même pour laisser l’Humain prendre le contrôle. Ils étaient liés à jamais. J’avais rencontré beaucoup de Loups-Garous dans ma vie, dont un Ancien vieux de plus de cinq cents ans, qui m’avait raconté qu’il arrivait parfois que la Bête en eux puisse se rebeller et monter à la surface sans l’autorisation de l’Humain, on parlait alors de Métamorphose. Le Loup devenait l’Humain en gardant la forme Humaine. On ne parlait donc plus de Changement. Et ces cas, étant rares, causaient souvent la perte de la personne. Parfois même, c’était intentionnelle. En l’occurrence, l’Humain laissant la place au Loup dû à un traumatisme ou d’une perte trop grande. C’était une sorte de suicide.
Greg s’étonnait à chaque fois devant mes connaissances en la matière et me disait que le Loup-Garou entre nous deux, c’était moi. Il est vrai que je connaissais personnellement ce peuple, ayant beaucoup voyagé. Les Loups-Garous étaient probablement l’espèce que je respectais le plus, de par leur Histoire, mais également de leur Essence. La Déesse Loève était, d’après moi, la plus bienveillante de tous. Ne cherchant que seul la compagnie de son Loup. J’aimais bien l’histoire des Dieux des Sept Essences, ma sœur me les racontait lorsque j’étais plus jeune. Tout en privilégiant à chaque fois notre Déesse : Psyanka. Celle qui nous avait créés.
Après quelques minutes, le temps pour Élise de monter les longs escaliers du château, elle me sauta au cou pour me dire bonjour, complètement nue sous le T-shirt de Greg qui lui arrivait sur les cuisses. Les Loups-Garous avaient un sens propre de la nudité, et encore plus lorsqu’ils étaient élevés dans une vieille meute. J’avais déjà vécu dans des meutes où des Loups vivaient quotidiennement nus, c’était… Déconcertant au début, mais on s’y faisait. Élise était très jolie avec ces cheveux mi-longs blonds clairs, tirant sur l’or. Malgré son image de princesse et sa petite taille, elle excellait dans l’art du corps-à-corps, devenant même, championne de l’école. La Louve d’Élise avait toujours été tactile et ne pouvait s’empêcher de toucher et d’enlacer tout le monde, y compris moi, qui n’était pas vraiment à l’aise avec autant d’affection. Il fallait dire que je m’amusais plus à zigouiller des Démons dans mon enfance, à contrario de faire des câlins à mes parents carbonisés.
— Greg n’est pas rentré ? Me questionna-t-elle comme si j’étais la mère de ce Loup qui avait la bougeotte.
— Oui ça va, et toi belle Élise ? Rétorquais-je du tac au tac, ironique.
Elle croisa ses bras en soufflant.
— Basil !
Je me retournais pour rentrer dans ma chambre et haussais les épaules dans sa direction.
— Je n’en sais rien, peut être qu’il est tombé amoureux de la Demesse et qu’ils sont partis loin, en Europe, en amoureux.
Je m’amusais beaucoup de la jalousie maladive de la Louve. Je sortais ma tête de l’embrasure de la porte en jouant avec mes sourcils dans sa direction. Son teint vira au rouge et je savais que j’avais touché une corde sensible. Alors qu’elle allait sûrement me maudire pour mille ans, je fis la moue et la laissai en plan dans le couloir. Puis ricanai. Je l’aimais bien, la belle Élise, c’était divertissant de la pousser dans ses retranchements.
— Tu vas la laisser tranquille, oui, marmonna Aiden qui lisait un livre, allongé sur son lit.
Nous partagions notre chambre à quatre. Il y avait Aiden, Greg, le petit nouveau qui arrivera à la rentrée, et moi. C’était assez dangereux de nous laisser ensemble dans un endroit si confiné, mais Turner ne s’en formalisait pas. Nous faisant confiance aveuglement, si c’était une bonne idée ? J’étais partagé. Bien que lors de notre première année, nous avions foutu le feu aux rideaux ; et l’année suivante, ramené un serpent qui se baladait dans les couloirs. Que l’on soit bien claire, c’était la faute d’Aiden qui, à l’époque, s’improvisait Sorcier de mes deux.
Je lui pris le livre des mains.
— Hey ! Je lisais, connard.
— Parce que tu sais lire ? Raillais-je, d’humeur moqueuse aujourd’hui.
Je réussis à lire le début du titre avant qu’une masse ne se jette sur moi pour me mettre la raclée de ma vie. J’éclatais de rire et me mis à regretter la présence de Greg. Il ne nous aurait pas séparés, c’est sûr, mais il se serait rajouté avec Aiden pour me foutre une mandale. Aiden se mit à rire à son tour lorsque je le mettais hors d’état de nuire facilement.
— Je suis peut-être nul au combat, dit-il, essoufflé, mais je peux te faire faire n’importe quoi, Psychic. Et ce n’est pas ta tête de petit génie qui va m’arrêter, enfoiré.
Ses yeux jaunes vifs se mirent à briller et je le laissai me contrôler pour qu’il puisse s’échapper de ma prise. Au fil de mes voyages, j’avais réussi à développer une sorte d’immunité à leur hypnose cependant, Aiden était puissant et il arrivait parfois que je me fasse avoir, le con.
C’était étrange, mais j’affectionnais Ecclésia, et la bulle face au monde qu’elle m’offrait. Partir sera difficile pour moi et sachant d’ores et déjà que je serais seul à me défendre. Puis ce n’était pas un problème après tout, je l’avais déjà fait. Néanmoins, j’avais des besoins qui me faisaient devenir dépendant de cette école. J’étais Maudit, et le monstre au fond de moi pouvait créer le chaos si je le laissais sortir en faisant sauter mes Sceaux, et la potion de l’infirmière m’était vitale. J’étais dans une sacrée merde, et même si j’avais réussis à garder le secret pendant presque quatre ans, je sentais qu’il faudra, un jour ou l’autre, que je m’éloigne, pour ne pas faire de mal aux personnes que j’appréciais, ici.
J’étais ainsi fait, les Psychics étaient des nomades et j’oubliais souvent ce détail, sans oublier que je n’avais pas de maison. Alors je partirais, sans un regard en arrière, puis me laisserai mourir face à la Bête en moi qui me bouffera de l’intérieur, car, tel était ma malédiction pour avoir été un Assassin Déchu.
Bravo Serena, en plein dans l’ambiance de l’école.
J’avoue avoir été un peu perdu au début, je croyais que c’était notre petite sorcière, mais j’ai vite compris mon erreur.
Merci ! 🙂 ahah oui c vrai vu que je coupe en plusieurs partie ça peut porter à confusion, mais il y a le prénom en majuscule en début de chapitre si tu veux :))
C’est ce que j’ai remarqué après coup, désolé. Super de voir à travers les yeux de nouveaux personnages.