Deux Joyaux Violets. Chapitre 8,1.

10 mins

(Salut, désolée c’est un peu long, je ne peux pas faire autrement, bonne lecture…)

Un mélange étrange, partie 1. 

TORI

J’étais fébrile. Je ne savais plus où donner de la tête. Tout était incroyable et je ne voulais pas en rater une miette. Comment avait-on pu me cacher de telles merveilles ? Je ne tenais plus en place, alors que nous nous engouffrions dans le château, je ne pus qu’être de plus en plus fascinée par tout ce que je voyais. L’entrée était dans un style britannique, très chic. Avec des tons chaud, il y avait un sentiment de réconfort lorsque l’on rentrait dans la pièce. Quelques canapés rouges sang longeaient les murs et certains élèves s’étaient installé là, pour lire, discuter, et semblaient même patienter.

— Voici le secrétariat.

 Greg me montra une arche de trois mètres de haut qui ouvrait dans une seconde pièce où une femme semblait s’affairer sur un bureau. Alors que je l’observais attentivement, je pus voir son crayon se mouvoir sans l’aide de sa main. Fantastique.

— Si tu as perdu quelque chose, où que tu veux envoyer des lettres, c’est à elle que tu t’adresses. Par contre, le Loup baissa la voix en s’approchant de mon oreille : la secrétaire est une vieille Vampire qui perd un peu la boule, faut être patient… Ensuite !

 Greg frappa dans ses mains, heureux comme un gosse de me faire la visite guidée d’Ecclésia. Nous montâmes plusieurs marches et mon Majeura eu le réflexe de me décaler alors qu’un objet volait dans les airs à toute vitesse, puis disparut dans un second couloir. J’ouvris grand les yeux.

— C’était quoi ça ? Soufflais-je.

— Heu…

— Rattrapez-la ! Hurla un jeune homme qui suait des grosses gouttes en débarquant de nulle part.

 Il s’appuya sur la rambarde de l’escalier avant que ses yeux ne rencontrent ceux de Greg, un énorme sourire illumina son visage.

— Greg ! Tu en as mis du temps, comment ça va, mec ?

— Ça va, et toi Gab ?

 Les deux amis se firent une accolade et commencèrent à parler de la pluie et du beau temps alors que je poireautais sur le côté. J’étais surtout impatiente de voir le reste du château, alors il pouvait bien discuter avec ces amis plus tard. Puis, c’était son rôle de m’expliquer le fonctionnement de l’école, non ?

— Et alors, tu ne nous présentes pas ? fit l’homme qui se prénommait Gab.

 Je me tournais vers lui en souriant, pour ne pas paraître trop associable et l’ami de Greg fronça ses sourcils, perdant de sa vivacité. Le Loup se gratta la nuque. Greg pouvait être un très bon Majeura, mais il était un très mauvais cachottier et il faudra qu’il crache le morceau sur ce qui clochait un moment ou un autre. Car je voyais bien qu’il me cachait certaines choses.

— Tori, je te présente Gabriel, un Loup-Garou. Gabriel, voici Tori, Demesse et nouvelle recrue d’Ecclésia. 

 Le dénommé Gabriel parut soudain plus détendu. Son sourire revint à la charge et ses yeux bleus azurs se remirent à pétiller derrière ses lunettes rondes. Il me sourit d’une drôle de façon.

— Enchantée, dis-moi, c’est quoi que l’on devait rattraper ? Demandais-je alors, curieuse.

 Le Loup tiqua une seconde puis se remit en course comme si ça lui était sorti de la tête et me cria alors :

— C’est ma chaussure !

 Greg se mit alors à éclater de rire alors que je ne trouvais pas la situation si drôle que ça, plutôt loufoque, je dirais.

— Ça doit encore être Adrian, il aime bien ensorceler les affaires de Gab. Bref, continuons !

 Mon Majeura se remit alors à gravir les grands escaliers comme si un Loup ne venait pas de partir à la recherche de sa chaussure ensorcelée. Alors que nous montions les dernières marches, un autre escalier surplombait un immense hall peuplé de jeunes gens qui semblaient vaquer à leurs occupations. Un balai balayait de par lui-même dans un coin de la pièce, mais je n’y fis pas vraiment attention. Néanmoins, je tiquais sur une jeune fille qui semblait boire à la paille un liquide rougeâtre tout en s’esclaffant à une blague de son amie. J’avais l’impression d’être entrée dans un monde parallèle, c’était au-delà de mes espérances et de ce que j’avais pu imaginer.

— Quand tu montes les escaliers, le premier étage recouvre toutes les salles de classe, il y en a une bonne centaine. Puis le deuxième étage regroupe les salles spécialisées, pour nous entraîner à la pratique, unique pour chaque espèce, nous l’appelons le Défouloir, se mit-il à rire. Et puis vient les quatre autres étages qui sont nos quartiers personnels. C’est-à-dire chambres, salles d’eau, salles communes, bibliothèque, salles de travail et j’en passe… À droite, ce sont les quartiers des professeurs, et le bureau de Madalena.

 Greg bougeait beaucoup ses mains lorsqu’il parlait, et encore plus lorsqu’il expliquait. Cela lui donnait une sorte de prestance et un charisme qui lui offrait toute l’attention qu’il souhaitait. Greg semblait être un bon leader, quoi de mieux pour un Loup ? J’acquiesçais tout de même sans vraiment être intéressée. Il pouvait bien me donner les plans s’il le voulait, je m’en fichais pas mal, je voulais juste voir… De la magie ? Quelque chose de hors norme, de fascinant.

 Comme si la chaussure volante de Gabriel n’avait pas rassasié ma curiosité.

— Tu tiens encore debout ? Demanda Greg, presque moqueur de ma naïveté devant ce qu’il connaissait depuis probablement sa naissance.

 Je lui donnais un coup dans l’épaule alors qu’il se moquait ouvertement de moi.

— Ne me prends pas pour une petite ignorante, je me suis préparée au pire, tu sais.

 Il ricana.

— Tant mieux, parce que ce n’est pas fini. Je te présente alors la meilleure salle de toute, la salle Principale.

 Greg se faufila dans un des couloirs à gauche des escaliers, puis dans un autre. Il m’avait expliqué un peu plus tôt, qu’Ecclésia était un vrai labyrinthe pour celui qui ne connaissait pas. En effet, l’école était un amas de couloirs qui se reliaient et se dispersaient. Le seul moyen de se repérer était un temps d’adaptation et un sens de l’orientation aiguë. Mon Majeura m’avait également avoué qu’il n’en avait aucun et qu’il s’aidait souvent des balais qui balayaient seuls : ils nettoyaient sans arrêt la même zone et leurs couleurs différentes pouvaient permettre ainsi un infime repérage dans cet immense château.

 Au bout du dernier couloir, je fus éblouie par la lumière que renvoyait la pièce, il y avait une odeur de cigarette mélangée à la bougie et j’entendis une musique en fond, surement émise par les hauts parleurs situés par-ci par-là. La salle paraissait totalement coupée du château, de plus qu’elle était la plus éloignée de l’entrée et des professeurs. Le style était complètement différent de l’entrée, comme si la salle avait été créée par les élèves. C’était sans doute le cas d’ailleurs, avec des décors et des objets qui n’avaient pas de styles définis et renvoyaient à un tout très éclectique. Greg avança à reculons pour me parler, il ouvrit grand ses bras et dit d’une manière solennelle qui me fit sourire :

— La salle Principale est notre salle. C’est-à-dire que nous en faisons ce que nous voulons. C’est notre salon en quelque sorte. Il y a de quoi passer le temps, puis il y a des objets de loisirs Humains pour toi, regarde !

 Il me montra alors un baby-foot et un billard, je souris, amusée qu’il appelle ça des « objets de loisirs Humain ». La salle Principale était énorme, c’était compréhensible lorsque l’on savait qu’elle représentait le salon à des centaines d’élèves. Je levais les yeux au plafond pour voir un énorme lustre en verre, je remarquais un soutien-gorge, une chaussure et des vêtements pendre sur certains bras du lustre, comme quoi, peu de personnel enseignant devait s’aventurer dans cette pièce. Il y avait des dizaines de table plus ou moins grandes où des groupes d’amis discutaient. Sur les murs, étaient accrochés divers affiches pour des clubs et évènements à venir, tandis qu’au bout de la salle, un long bar faisait la longueur de la pièce, certaines personnes buvaient un verre, assissent sur des chaises hautes. Je n’en revenais pas, il y avait une grande liberté et une confiance aveugle envers les élèves de cette école, et cela n’avait rien avoir avec le lycée. Il fallait aussi savoir qu’Ecclésia faisait office d’école, mais également d’internat. Greg m’avait expliqué qu’il y avait beaucoup d’élèves qui restaient pendant les vacances, n’ayant nulle part d’autre ou aller.

— Ou si t’as envie de fumer une clope sans sortir, tu viens ici. Ou juste passer du temps avec tes amis. Nous faisons aussi des soirées parfois, parce qu’il est interdit de sortir le soir pour ceux n’ayant pas le DESC.

— Le DESC ?

— Le Diplôme d’Être Surnaturel Confirmé, récita Greg. Je vais le passer cette année, m’informa-t-il tout fière. Mais on te parlera des différents diplômes plus tard. En tout cas, sache que les élèves ici sont âgés de dix huit à vingt sept ans environ, sans compter le redoublants ou qui se réorientes.

 Je comprenais mieux cette liberté, dorénavant. Les élèves n’étaient pas tous jeunes, d’un point de vue Humain. C’était des adultes.

— Et à quel âge on obtient le DESC ? Demandais-je.

— Vingt-trois ans. Ah ! Mon Psychic préféré ! Se mit-il à hurler tout d’un coup, me faisant presque sursauter.

 Je ne regardais pas le Psychic avec qui il parlait, trop concentrée à zieuter partout à la fois. Je n’avais pas vu, mais il y avait une petite scène dans un coin de la salle avec des instruments de musique. Me rappelant par la même occasion que cela faisait longtemps que je n’avais pas touchée une guitare. J’entendis le rire de Greg, mais mon regard se concentra de nouveau vers une femme aux cheveux roux qui entourait de ses mains un verre dont je ne pouvais deviner la contenance. Tout d’un coup, ses longs doigts se mirent à vibrer et un nuage dorée apparut et s’enroula autour du verre. Je restais bouche bée, elle finit par boire son verre dont elle avait probablement modifié le contenant.

— Content de te revoir aussi, mon pote. Les mecs, je vous présente Tori !

 Lorsque Greg prononça mon prénom, je décidais alors de les saluer. Cependant, le jeune homme aux yeux jaunes sursauta.

— Ça, alors, putain Greg, se mit-il à rire sans joie.

 Je ne me laissai pas démonter face aux deux jeunes hommes et me présenta d’emblée :

— Je m’appelle Tori, et toi, tu es ? Demandais-je en tendant ma main à celui qui était le plus proche.

 Il était légèrement plus grand que son ami, et ses yeux me mirent mal à l’aise. Noirs, sombres. Il y avait quelque chose en lui qui me donna des frissons. Quelque chose de mauvais. Il se présenta, avec un sourire factice.

— Basil, enchanté. Voici Aiden, dis bonjour Aiden.

 Le concerné tira la tronche. Basil et lui semblait être amis mais s’envoyaient des piques de temps en temps. Je souriais pour le geste. Ce n’est pas que les garçons ne m’intéressaient pas, mais j’étais fatiguée du voyage, et le château était plutôt grand, mon rêve était d’y trouver un lit. Bien que fascinée, ma courte sieste dans la voiture ne me suffisait pas.

— Tu veux boire quelque chose ? Me proposa gentiment mon Majeura.

 Je refusais poliment avant de lui demandais où je pouvais ranger mes affaires. Il s’empressa de me conduire vers les chambres. Au bout du troisième étage, Greg me prit ma valise en voyant que je commençais à souffler. Il faudrait investir pour des ascenseurs ! Nous prîmes un couloir qui était différent de ceux que j’avais déjà vu, il était dans des couleurs plus claire et il y avait plusieurs portes avec des numéros.

— Tu es dans la chambre trois-cent-dix-neuf, Greg me donna la clé alors que nous arrivions devant mon nouveau chez moi. C’est également la chambre d’Élise, un sourire honnête apparut alors sur son faciès.

— C’est des chambres de trois, ça veut dire qu’une nouvelle élève fera sa rentrée avec vous dans quelques jours. Je vais te laisser t’installer le temps que j’aille retrouver quelqu’un.

 Je hochai la tête en sachant très bien qui il devait retrouver et il me sourit en se mettant à trottiner vers les escaliers.

 La rentrée était dans une semaine et il y avait déjà beaucoup d’élèves à Ecclésia, je me demandais bien à quoi cela pouvait ressembler avec tous les élèves réunis au sein du bâtiment. Je regardai la clé que venait de me donner Greg : “CHAMBRE 319, TORI BLAKE, AILE DROITE”. Je l’enfonçais dans la serrure et alors que j’ouvrais la porte, j’eus le souffle coupé par tant de luxe. La chambre était plutôt grande pour seulement trois personnes et le style de la pièce rejoignait celle de l’entrée avec des murs de couleur rouge foncé et une moquette qui semblait douce comme du coton. Un lit sur les trois avait l’air d’être souvent utilisé – appartenant probablement à Élise – et une commode du même côté, débordait de vêtement. Le lustre sur le plafond avait été recouvert d’un drap rouge également, ce qui donnait un effet tamisé, très joli. Il y avait deux coiffeuses de chaque côté de la pièce qui avaient une apparence très baroque. Tout semblait avoir été choisi avec détail, c’était magnifique.

 Je posais ma valise sur l’un des lits intact, et commençais à déballer doucement mes affaires.

 Ma nuit, qui avait été courte, me pesait, mais j’étais trop euphorique pour juste dormir. Je n’arrivais toujours pas à y croire. J’étais élève à Ecclésia, c’était inimaginable. Je n’avais pas oublié Greg qui m’avait parlé des lettres et j’allais sans doute en envoyer une derechef à mes parents et à Camille pour leur faire comprendre que j’étais toujours en vie et très heureuse d’être là. Je ne me souciais pas vraiment de Conrad et Carla, après tout, Camille avait été celle avec qui je m’étais le mieux entendu et celle à qui je donnais presque toute ma confiance. Avant de partir, elle m’avait assuré qu’elle trouverait une excuse pour justifier mon départ, je ne m’en faisais donc pas pour eux. Et qui sait, peut-être que Conrad se rendra enfin compte de l’amour que lui porte Carla sans moi dans les parages. Je ne pouvais que lui souhaiter du bonheur.

 Alors que je cherchais un endroit où poser mes produits d’hygiène, j’ouvris une porte qui déboucha sur un toilette et un lavabo où était déjà posé de nombreux produits de beauté. Je n’en revenais pas du confort que donnait cette école, c’était invraisemblable et complètement diffèrent de tout ce que j’avais connu. Après avoir déballé toutes mes affaires, je m’allongeai dans le lit, les yeux fixant le plafond.

 Bêtement, je me mis soudainement à douter. J’avais foncé tête baissé dans le tas, comme d’habitude,  et si je n’avais pas assez pris le temps pour réfléchir ? Au final, je n’y connaissais rien, et je n’avais jamais pratiqué ne serait-ce qu’un cours de Surnaturel. Ensuite, malgré ma condition, je me sentais capable de rien du tout. J’avais réussi à bloquer les poignets de mon père qu’avec la force de ma volonté pour venir à Ecclésia, pourtant, je me sentais incapable de recommencer maintenant. Sans qu’il n’y ait de force extérieur pour me pousser à agir. C’est pour cela aussi que j’avais besoin de cours, probablement. Pour me familiariser avec mes pouvoirs et qui sait, peut être un jour les contrôler aisément. Je l’espérais. Il y avait aussi cette crainte en moi de ne pas savoir m’adapter et de prendre du retard sur les autres qui étaient nés dans cet univers. Effectivement, j’avais le droit à l’erreur au début, après tout, je ne connaissais rien à ce monde il y a moins d’un mois de cela. J’avais des excuses, cependant, je voulais m’améliorer et j’allais travailler pour. Or, Greg m’avait beaucoup parlé de son monde qui allait bientôt devenir le mien, et je savais qu’il me cachait de nombreuses choses. Comme cette haine pour les Démons que j’avais devinée et ne comprenais toujours pas. Qu’avaient-ils fait pour mériter cette méfiance et cette peur. Je l’avais bien vu dans les yeux du jeune homme aux yeux jaunes : Aiden, ou même Gabriel. Lorsqu’ils avaient vu les miens, cette peur viscérale les avait traversés. J’avais même eu l’impression de la ressentir à leur place. J’avais encore des centaines de questions à poser à Greg, mais il avait bien le droit de voir sa copine, je l’avais déjà assez épuisé.

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1 Commentaire
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bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Je sais, c’est un peu con, mais ce chapitre m’a rappelé les colos de mon enfance.
Il n’y avait pas de loups garou mais on savait les inventer.
Merci pour cette lecture qui me ravit.

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