C’était ainsi, partie 2.
TORI
La salle Principale était bien vide après le départ des élèves. Malgré sa taille, il lui arrivait de déborder lors des heures d’affluence, ce problème n’avait pas lieu d’être à cette heure-ci. Aiden et Basil jouaient à un jeu de cartes tandis que je lisais un livre que Jack m’avait prêté. Un livre sur les Démons, enfin. C’était une Encyclopédie qui venait d’une des bibliothèques de Rowenam, d’après ces dires. Il contait l’histoire de la Nuit Neuve, par un auteur Démon. Et c’était passionnant de voir son point de vue, qui est sûrement partagé par les habitants de Rowenam. Il y était expliqué les causes et enjeux, mêlant conflits géopolitiques mais aussi psychologiques de tout un peuple. Lorsque le roi Démon fut assassiné, tous les peuples se sont ligués contre un ennemi commun : les Démons. Il n’y avait pas vraiment de lien, à part l’espèce du dernier roi. Puis vient alors le Sauveur, c’est ainsi qu’on l’appelait, c’était celui qui les avait sauver en leur trouvant un foyer et la sécurité d’un monde qui ne voulait pas d’eux. Le livre parlait également de Rowenam comme une terre riche et magnifique. On y parlait d’un grand lac, entouré des petits villages d’où l’on pouvait voir la capitale plus au Nord, grande et magnifique. Les descriptions étaient pauvres mais elles permettaient de dresser un schéma plus ou moins fidèle.
― Tu as contacté Enki, Tori ?
La voix de Basil me sortit du dressage de mon schéma. Deux jours avant ça, Basil m’avait conseillé de contacter Enki pour lui demander plus d’information sur moi, mais surtout sur Sue. Il pensait que le Rohan du Canada ne savait pas qui j’étais. De mon côté, j’en doutais
― Non, pas encore, soufflais-je.
Je me sentais souvent à la ramasse lorsque j’étais auprès du Psychic. Je faisais rarement des efforts lorsque mes recherches étaient au sujet de ma personne, il me rappelait souvent ma procrastination.
― Si tu ne veux pas être seule, je peux venir, pour t’aider.
Je l’observais alors. Aiden faisait une moue de dégoût devant l’empathie de Basil à mon égard. Je me mise à rire, c’était gentil de sa part.
― Pourquoi pas, souriais-je.
Un petit temps passa ensuite, jusqu’à ce qu’un Sorcier de la même année de Gabriel s’ajouta à notre table. C’était Adrian, ils avaient souvent tendance à se chamailler, en démontrait la chaussure de Gabriel accroché sur le lustre de la salle depuis presque trois mois.
― Salut !
― Salut, nous répondions tous les trois à l’unisson, concentrés dans nos affaires.
― Vous savez les dernières nouvelles ? Le Conseil passe à l’action.
Adrian attira alors ma curiosité.
― Comment ça ?
― C’est au journal d’aujourd’hui, ils vont payer quiconque qui apporteraient des informations sur des Démons qui se baladeraient, et une sacré somme pour le chanceux qui en capture un. Je pense que le dernier enlèvement à Québec à tirer la sonnette d’alarme.
― Ils sont si désespérés que ça, ricana Aiden.
― Ils ont aussi envoyé des Assassins à la recherche du Démon en cavale aperçu à Québec avant la déclaration d’enlèvement.
― Tori, ne sort plus d’ici. On va oublier le plan avec Enki, dit alors Basil de but en blanc.
― Quoi ? Mais…
― Si un Surnaturel voit tes yeux, c’est fini pour toi. Le Conseil n’est pas idiot, ils demandent l’action du peuple pour leur rappeler que les Démons sont considérés comme une menace par tous, pas seulement pour eux. Ils mettent alors les civils dans l’équation. C’est assez malin. Tu seras en sécurité ici. Je l’espère.
― Il y a eu un enlèvement pas loin d’ici ? Demandais-je alors.
― Il n’y en a eu quelqu’un à Hamilton, mais c’est dérisoire par rapport à ce qu’il se passe dans les grandes métropoles.
Basil avait raison, je n’étais pas en sécurité. Mais les derniers agissements du Conseil me semblaient tendus, j’avais l’impression qu’il redoutait quelque chose qu’ils ne pouvaient pas voir venir. Les Démons sortaient de Rowenam, commettaient des méfaits, et le Conseil ne comprenait pas. Ils avaient de quoi trembler.
La chasse est lancée!