Ils ont voulu me faire taire, faire taire ma différence, faire taire ma voix. A coups de poing, à coups de pieds, à coups de mots bien aiguisés.
« Tu es intelligente, tu dois comprendre ce qui cloche »
« Non je ne comprends pas et je ne comprends toujours pas et je ne comprends pas toujours non plus »
Me faire taire.
Faire taire ce qui dérange, ce qui ne doit être dit.
Tout le monde sait et nul ne dit.
Seule et étrange pour certains.
Étrangement seule pour d’autres.
« Je ne comprends pas, je ne comprends toujours pas »
La vie est un jeu, un jeu c’est plus marrant à plusieurs.
Oui, comprends que, dans ce jeu, il y a des règles, des règles tacites.
Tu t’y plis ou tu perds la partie.
« Je ne comprends pas »
« Je ne t’écoute pas »
« J’aime jouer, j’aime découvrir comprendre, observer, partager. »
« Aime comparer, juger, jauger, stratégies pour gagner, fort ou faible, dualité. »
Pas les mêmes règles pas le même jeu pourtant tous dans la même partie.
Les cloches de l’église retentissent.
Je suis là, au sol, sur la place, en larmes et en sang, recroquevillée je sens le gravier sur la maxillaire de ma joue droite. Il me réconforte ce gravier, un peu comme un câlin d’un ami.
« si on te frappe sur la joue droite, tends la joue gauche, tu es plus intelligente que ça… »
Je tends la joue et les coups pleuvent.
Je vis dans une peur permanente alors je tente.
Ce jour là entre l’église et le café du village bondé aux vues de tous.
Je me fais rosser, laissé pour morte, inerte, gisant sur le sol.
Nul ne vient, nul n’agit.
Entre les verres qui s’entrechoquent et l’église qui retenti nul humain de moi ne se soucis.