Récit mis en ligne sur la plateforme Reddit puis effacé en mars 2016, l’auteur est inconnu. Traduction de l’anglais au français.
Titre du post : Quelles sont vos pires expériences routières ?
“[…] C’était ma meilleure amie, Miranda qui conduisait. On sortait d’un vieux bar perdu au milieu de nulle part, au petit-matin vers quatre heure ou cinq heure par là. On avait pas voulu reprendre la route la veille au soir à cause de l’alcool qu’on avait laissé coulé à flot. Je me souviens que j’avais la gueule de bois, ma bouche était pâteuse et ma tête était aussi lourde qu’une boule de forçat (le boulet attaché au pied des prisonniers pour les empêcher d’évoluer comme ils le veulent dans l’espace).
Fallait se l’avouer, aucun de nous deux n’était réellement apte à prendre la route, ce matin-là. Après un certain recul, j’étais jeune et stupide. On aurait clairement pu faire un accident grave.
Vous devez connaitre les routes de l’Arizona, certaines sont étroites et rigides avec des virages qui tournent beaucoup quand ce ne sont pas des lignes droites à perte de vue. On a dû croisé cinq ou six voitures grand maximum. Chez nous, on les appellent “les routes de la solitude” ou “les routes de la lune” pour le paysage qu’elles nous offrent. Personnellement, je ne suis pas fan des Canyons et de ce style là. Je préfère les grands buildings de la ville. C’est sans doute à cause de l’impression d’être seul au monde et de se sentir isolé de la Terre entière.
Avant que tout ne commence, je ressentais déjà un mauvais pressentiment. Je ne me sentait pas bien mais je pensais que c’était à cause de l’alcool. C’était un mal-être physique ou quelque chose dans le genre […] je ne sais pas comment l’expliquer. J’y ai fait abstraction.
À un certain moment, la pluie s’était mise à tomber en trombe avec violence. Ça nous avait surpris, on n’avait pas pensé à la météo. Même avec l’aide des essuis-glaces il était impossible de voir correctement à plus de dix mètres devant nous. Miranda a ralenti embêtée. Je me souviens qu’on s’était engueulé au même moment, pour trois fois rien. Nos voix couvraient quasiment la musique cubaine qui s’échappait de l’émetteur radio mais ajouté au boucan que faisait la pluie, cela donnait un cocktail sonore fort désagréable.
On a vu une silhouette sombre qui se tenait en plein milieu de la route au dernier moment. Il était déjà trop tard, on l’avait percuté de plein fouet. Je me souviens de la violence du choc, chacune de mes cellules a été secouée. On pensait que c’était un animal qui campait au bord de la route. Quand je suis sorti pour vérifier. Il n’y avait personne. Aucun animal, aucune silhouette aux alentours. C’était comme s’il n’y avait jamais rien eu. C’était la première confusion. On était pourtant certains, elle et moi, d’avoir écrasé quelque chose. Si seulement cette pluie et cet étrange brouillard n’avait pas été là, on aurait pu y voir plus clair. Miranda m’avait dit que l’animal avait sans doute réussi à se sauver en courant. On savait tout deux que c’était bizarre mais je me suis résigné à la croire. On ne pouvait pas tout expliquer et tout ne pouvait pas arriver.
” Hey, tu as vu ça ?!” m’a-t-elle dit en me secouant le bras. Ses yeux semblaient scruté quelque chose dans le nuage blanc qui engloutissait la route. Elle a arrêté la voiture et l’a pointé du doigt. Au début, je ne l’avais pas vu tout de suite. Il avait fallut qu’il bouge pour que je m’aperçoive de sa présence. La chose avait une forme humanoïde mais ce n’était pas vraiment un humain. Il n’y avait que les contours d’une tête et celles de deux mains. On aurait dit l’ombre d’un homme se confondant avec la pluie. Ça n’avait aucun sens mais ses mains arpentaient le brouillard comme s’il se trouvait derrière une vitre. Bien vite, ils étaient des dizaines à apparaitre devant nos yeux. C’était l’ombre de dizaines de corps humains entiers dépourvus de tête qui restaient immobiles dans les airs. Miranda a coupé le moteur et a pris son téléphone pour filmer, sauf qu’aucunes des créatures n’apparaissaient à l’écran. Un camion est ensuite arrivé dans le sens opposé. Il s’était arrêté à notre niveau. Il y avait deux hommes dans la cabine. Ils nous croyaient en panne de carburant. On leur a demandé s’il avait vu la scène à laquelle on avait assisté. Ils nous ont presque rit au nez. Les choses avaient déjà disparu et il n’y avait aucunes preuves qu’elles aient vraiment existé. Miranda a tout mis sur le dos de l’alcool et n’a plus eu envie d’en parler.
J’y suis retourné cet été dans l’espoir de comprendre ce qui s’était passé mais il ne s’est rien produit. Je sais qu’il y a de nombreuses légendes concernant les routes des canyons mais j’en avais jamais entendu parler auparavant. J’ai utilisé mon expérience pour écrire une creepypasta que j’ai épinglé sur mon mur. Le nom que j’ai donné à ces créatures est “Fog Head”. Les gens se sont mis à la partager en masse mais moi j’ai toujours été mal à l’aise par rapport à ça. […] C’était ma pire expérience sur la route mais je crois qu’il s’agit davantage d’une aventure paranormale qu’autre chose”.
Cette réponse a reçu 12 upvotes et 3 downvotes ainsi que 3 commentaires :
Lapislazulis : “C’est de là que ça part ?”
Goomens : “J’adore Fog Head”
Craig-E-moots : “Toi et ton amie, vous étiez juste ivres”.
Retranscris sur Wikipen par Anonyme Anonyme, le 13 décembre 2022.
Deuxième article que je lis de toi, deux textes plutôt amusants. Merci.