Hortense. Un prénom tout droit sorti de la bonne vieille bourgeoisie qui empeste les contes de fées et les histoires de princes charmands. En le prononçant, les gens appuient sur le r, et puis sourient, les beaux prénoms font sourire, les stupides aussi, mais ça elle sait bien que ce n’est pas pour elle. Hortense, c’est cette jeune femme aux boucles brunes que l’on peut croiser sur un banc. On admire sa coiffure soignée, un beau chignon tiré, avec un tailleur marine qui allonge son corps fin. Elle regarde les arbres devant elle, quelques copies sur les genoux. Hortense, c’est cette enfant trop vite grandie que l’on croise dans un bus ou un métro, une femme qui n’en est pas une, parce qu’Hortense a vingts six ans, et qu’à vingts six ans on se croit encore petit. Elle regarde ses pieds, enfermés dans des botines, et elle se demande si un jour elle pourra se dévetir On se dit “quelle belle enfant ordonnée !” et on n’imagine pas combien c’est le bazar à l’intérieur. Il fait froid, l’hiver ferme les chemises et reboutonne les gilets. Au loin, la cloche a sonné. Hortense n’est plus sur son banc, Hortense a filé.
Hortense…
< 1 min
Le prénom dit tout d’elle et de sa déchirure.
Quand on vous a volé l’insouciance pour les convenances absurdes l’enfance perdue reste à jamais.
Une histoire de rébellion ? On verra en lisant la suite.