Les premières lueurs de l’aube dévoraient lentement le ciel nocturne, baignant la façade d’une humble demeure d’une lumière froide des premiers jours d’hiver.
A l’intérieur, le vieil homme y vivant était déjà levé et terminait de boire son café volontairement trop fort en grimaçant. Il ne le finit pas, comme à son habitude et jeta la vieille tasse noircie au milieu d’une montagne de vaisselle sale. Il s’habilla et entoura par trois fois son cou d’une épaisse écharpe verte. Il sortit, inspira l’air glacial à plein poumon pour terminer de s’éveiller parfaitement et se donner du courage pour la journée à venir. Il se mit enfin en marche, ses bottes sombres crissant dans le gravier fin des allées du cimetière.
Chaque matin, le rituel était le même. il faisait le tour des lieux, ramassant au besoin les pots de fleurs tombés durant la nuit. Une fois l’inspection faite, il se dirigea vers la dernière étape de son périple matinal, gagné par l’habituel frisson qui ne devait rien au froid.
Il se racla doucement la gorge en tentant de ne pas observer le couple enlacé face à lui, ou plutôt à ses pieds, et s’exprima d’une voix calme :
– Monsieur… C’est l’heure…
L’homme s’étira longuement sans dire un mot, ni même lancer un regard au vieux gardien, qui s’en passait volontiers. Il leva doucement la main vers le visage pâle de sa compagne endormie et lui caressa la joue, passant son pouce sur ses lèvres avant d’y poser les siennes en un lent baiser. Il se redressa sur un coude, la main toujours posée sur la peau de son amante, dégageant une longue mèche blonde des ses yeux clos.
– Monsieur…, reprit confusément le vieil homme. Les premiers visiteurs ne vont pas tarder…
Il parlait sans les regarder. Une fois il l’avait fait. Il était certain que cela serait la dernière image qu’il verrait encore au moment de sa mort.
– J’arrive…, répondit finalement le jeune homme.
Mais il ne bougea pourtant toujours pas. Gardant la même position, il offrit un nouveau baiser à sa compagne, plus long, et se releva enfin, déclamant à celle qui ne se réveillerait plus :
– Depuis que tu es partie, je n’ai de cesse de revenir ici. M’allongeant dans ton dernier lit, me remémorant ta vie. Te souviens-tu de ces jours passés ensemble ? A présent, aucun ne leur ressemble. Te voilà les yeux éteints, les lèvres sans teint. Désormais si pâle et moi rongé par le mal. Toi seule savait comment l’apaiser, de ton simple baiser. Mais je ne te rejoindrai pas dans la tombe, une autre tâche m’incombe. J’embellirai leurs corps, pour effacer leurs torts. Dans mon regard froid, ils verront l’effroi, de cette vie qu’ils t’ont prise, et que désormais je brise, leur interdisant la mort malgré leurs remords…
Je serai ta colère. Je serai ta vengeance. Je serai ton testament à ce monde arrogant.
Le vieil homme frissonna à ces mots. Chaque matin, il les entendait. Depuis trois mois.
Le jeune homme se retourna, et un nouveau frisson parcouru le gardien, comme à chaque fois qu’il croisait ce regard. Son iris droit noyait d’un bleu profond tel un océan surplombant une fosse abyssale. Son iris gauche, dévorait de son vert aussi sombre qu’une forêt ne laissant pas le soleil percer son feuillage.
La sensation de ce regard vairon posé sur lui, mêlé à l’expression glaciale d’un visage pourtant magnifique, baigné d’une longue chevelure sombre faisait trembler le vieil homme jusqu’aux tréfonds de son âme. Surtout après l’avoir entendu prononcer de tels mots, dont il connaissait l’aspect prophétique. Lui, ou un de ses collègues, enterrerait bientôt quelqu’un.
Ils s’observèrent un instant en silence. Moment lourd de sous entendus, puis le jeune homme lui glissa une bourse remplie de pièces d’or. L’équivalent de plusieurs mois de salaire. Il y avait droit tous les matins. Accompagné de cet ordre :
– Prends soin d’elle.
Le vieil homme acquiesça, le regarda s’éloigner avant de remettre la tombe en état. Ce soir, il faudrait de nouveau l’ouvrir. Il observa longuement la stèle de cette jeune femme : Véronica Hérone, morte à l’âge de vingt ans. Pauvre gamine, pensait-il à chaque fois. Il ne savait rien de sa vie, ni de sa mort, ni de son lien avec son étrange amant. Mais par moment il se prenait à penser que si des ordures étaient derrière tout ça, alors ils méritaient leur sort.
Et puis, il voyait les corps.
( à suivre… )
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