Asura – Dieux et diviotis – Chapitre 2

8 mins

Je pratiquais mes moulinets alors que le cor retentit fortement dans toute l’enceinte, avertissant tout le monde que la garnison était arrivée. Mon stress augmenta d’un cran lorsque les soldats passèrent l’arche d’entrée d’un pas lourd. Il y en avait une bonne centaine ! Ils se placèrent en rang de dix et seul un homme se distinguait de tous les autres. C’était un elfe d’une grande stature aux cheveux bruns noués derrière la nuque ainsi qu’aux yeux bleus sévères. Il était facile de deviner qu’il était le général de la garnison avec ses badges en or et ses couleurs vives. Ce qui le rendait si différent était son armure. Le style de sa cuirasse était plus sophistiqué que celle des autres chevaliers. Il ne portait pas de heaume comparativement aux soldats. Il fit quelques pas en avant et détailla chacun d’entre nous.

— Je suis le général Telrym Daserion et je dirige ce régiment de cents soldats qui sont prêts à se battre contre l’ennemi, pour défendre nos pays et nos rois et reines. Je suis au courant de notre arrivée impromptue, mais nous sommes ici pour recruter les meilleurs d’entre vous afin d’en faire des soldats. Que vous le vouliez ou non. Il y a une insuffisance de guerriers alors nous parcourons le pays pour en enrôler. Vous allez tous être attribué à un chevalier qui testera vos aptitudes au maniement des armes. S’ils vous jugent trop faible ou pas assez expérimentés, vous ne serez pas sélectionnés.

Nous jaugeant, il nous observa silencieusement de haut en bas. Je détestais me faire juger de la sorte, mais je ne dis rien et me contentai de le regarder dans les yeux. Puisque je me trouvais au premier rang en compagnie de Nyra, Elize et Kaleb, je savais qu’il me regardait. Après quelques minutes à attendre, des soldats commencèrent à choisir les enfants contre lesquels ils seraient. Rapidement, les orphelins quittèrent le rang pour aller rejoindre leurs chevaliers. Une cinquantaine de gamins ainsi que moi et Nyra étaient toujours en train d’attendre debout après quinze minutes. Je me doutais qu’elle ne serait pas choisie en raison de ses ailes de papillons. Les fées n’étaient pas faites pour la guerre. Un simple geste de la part du général me fit comprendre qu’il m’avait sélectionnée. Génial, râlais-je intérieurement. J’aurais largement préférer un chevalier que le général-qui-regarde-de-haut-les-gens. Alors que je m’avançais vers lui, mon amie se dirigea vers un banc un bois situé un peu plus loin la mine basse. En la voyant de la sorte, j’eu un pincement au cœur.

Je bifurquai vers la gauche pour prendre mes armes de prédilection. J’étais habile avec chacune d’entre elles, mais j’avais une préférence pour les lames courtes que je pouvais manier à une main. Je pris deux falchion qui reposaient sur le râtelier. Je pouvais sentir son regard sévère dans mon dos et c’était plutôt une sensation désagréable. Je reviens vers lui et me plaçai en position de combat à trois mètres de lui. Il se positionna lui aussi et dégaina son arme : une hache lourde à double tranchants. Parfait. Il m’offre déjà des ouvertures et combat n’est pas encore commencé. J’étais plutôt confiante. Je devais tout de même faire preuve de prudence, car ce n’étais pas un enfant contre lequel je me battais depuis des années mais bien un général de guerre. Dès que le signal de départ fut lancé – un simple hochement de la tête de notre part – le général Daserion se rua rapidement sur moi pour envoyer sa hache droit sur moi. Me protégeant de mes lames, je reçu brutalement son coup. Il est rapide et puissant, pensais-je en parant un coup sur ma gauche.

— Allez l’ange, ce n’est pas en parant mes coups que tu viendras à bout de moi. Il va te falloir un peu plus de muscles.

Il était arrogant et je n’aimais pas cela. Cette fois-ci, il frappa à droite mais je réussi à esquiver l’attaque de justesse. Il avait une arme lourde or, comment faisait-il pour être si rapide ? Je n’eu pas le temps d’y penser qu’il m’envoya un mètre plus loin grâce à un simple coup de pied.

— Es-tu certaine de pouvoir y arriver ?

La manière dont il me parlait m’irritait, mais je devais garder mon sang-froid et concentrer sur le combat. Il essayait de me déstabiliser pour me faire perdre plus rapidement. Lorsqu’en colère, les gens ont tendance à perdre cette concentration et à commencer à faire des mouvements n’ayant aucun sens. Je me fâchais rarement alors cette tactique ne pouvais pas m’atteindre.

— Change ta posture, me cria-t-il par-dessus le bruit de l’entrechoquement de nos lames.

Je ne répondis rien et tentai une feinte pour le frapper sur sa droite. J’échouai, mais j’essayai encore. Après quelques tentatives peu fructueuses où il parvenait toujours à me bloquer, je réussis à frôler sa cuirasse.

— Tu comprends rapidement, me dit-il alors que je reculai en tentant de reprendre mon souffle.

Nous continuâmes de la sorte pendant de longues minutes. Mon jeu de pied était semblable à une danse endiablée qui ne semblait pas vouloir s’arrêter. Après un moment, je remarquai qu’une foule c’était amassée autour de nous pour observer notre duel. Ils se demandaient qui allait gagner mais le choix était vite fait et tout le monde le savait. Vingt minutes passèrent et je ralentis la cadence pour reprendre mon souffle à nouveau. La sueur perlait de mon front à grosse gouttes et la chaleur du soleil tapait directement sur nos têtes ce qui l’atmosphère étouffante. Les nuages de poussières qui se soulevaient du sol en suivant mes pas devinrent de plus en plus petits. Le général le remarqua et en profita pour envoyer un coup si puissant que je fus propulsée vers l’arrière en tentant de le bloquer avec mes lames. Je glissai dans le sable et la poussière, à bout de souffle et fatiguée.

— Qu’est-ce que ça fait de littéralement manger la poussière ?

Je lui lançai un regard mauvais alors qu’Elize venait m’aider à me relever. Il m’ignora et se tourna vers la foule de chevaliers et d’enfants. Je souris vaguement à l’intention de mon amie puis le général pris la parole. Je savais que j’avais été testée avec seulement une arme, mais j’étais plutôt confiante qu’il allait me choisir.

— Puisque tout le monde a terminé leurs tests, veuillez dire à haute voix les noms de ceux qui n’ont pas été choisis, dit le général à ses soldats.

Seule une vingtaine de personnes (Kaleb, Elize ainsi que moi avions réussis) n’avaient pas passé le test et ces gens se dirigèrent plus loin, visiblement tristes. Les heures qui suivirent furent passée à parler et à manger en l’honneur de toutes les personnes. Avant de commencer à fêter, j’étais allée voir Nyra, car elle n’avait pas pu passer le test. Elle se trouvait encore sur le banc sur lequel elle s’était assise un peu plus tôt et semblait perdue dans ses pensées. Je m’assis à ses côtés, ce qui la surprit. En réalisant que ce n’était que moi, elle fondit en larmes en m’étreignant.

— Ils ne m’ont pas laissé faire le test et maintenant je vais devoir rester ici pour le restant de mes jours alors que toi et les autres allez partir pour la capitale et voir le monde…

— Je suis vraiment désolée Nyra, lui répondis-je en lui caressant le bas du dos en évitant soigneusement ses ailes.

Kaleb et Elize arrivèrent quelques minutes et m’aidèrent à consoler la petite fée.

— Tu sais, commença Kaleb, rien ne t’empêche de venir avec nous.

Cette simple phrase piqua son attention et elle arrêta de renifler un instant pour écouter ce que notre ami le triton avait à lui dire.

— Tu es une fée et tu possèdes des ailes. Tu pourrais simplement voler pour suivre la garnison qui est à pied. On pourrait s’éloigner un peu du campement pendant notre tour de garde pour venir te porter de la nourriture. De la sorte, tu pourras venir à la capitale avec nous.

— Mais comment ferais-je pour dormir si je n’ai pas d’argent pour m’acheter une maison ?

— Il doit bien y avoir quelques établis vides qui pourraient faire l’affaire en attendant de pouvoir t’offrir une vraie maison, suggéra Elize.

Nyra hocha la tête, en accord avec ce plan farfelu. Par la suite, nous nous dirigeâmes vers la cantine pour le repas du soir. Comme à l’heure du diner, le repas était celui d’un roi. Il y avait une multitude de fruits et légumes ainsi que de noix. De la viande rouge et du riz –aliment très prisé des nobles – étaient servis. Je mangeais au moins deux bonnes assiettes remplies avant d’être repue. Il fallait en profiter maintenant, car en temps de guerre, la nourriture était présente en moins grande quantité et les rations souvent maigres.

Après être restés au bord du feu, le général nous congédia pour nous permettre d’aller dormir. Il avait bien précisé qu’il nous voulait prêts avant l’aube et que nous pouvions emporter certains objets de valeur tout en étant en mesure de voyager léger. Puisque j’étais épuisée, je laissai mes amis pour me diriger vers le dortoir ou se trouvait toutes les chambres. Je revêtis ma chemise de nuit en pensant que ce serait probablement la dernière fois que je dormirai dans un lit avant un bon moment.

                                                                    ◊◊◊◊◊

Les couleurs rose et orange de l’aube commencèrent à teinter l’horizon d’une manière qui faisait penser à une toile pleine de passion. En remplissant mon sac de voyage, je ne mis que quelques objets : Deux tuniques de rechange, des sous-vêtements ainsi que la bague de ma mère. Lorsqu’on m’avait apportée dans cet orphelinat, elle se trouvait à mes côté dans mon berceau. C’était une bague en argent surmontée d’un saphir entouré de deux ailes d’ange. Comme pour me rappeler que j’en étais une. Je n’avais aucun moyen de savoir si ce bijou lui avait vraiment appartenu mais j’avais le pressentiment que c’était bel et bien le cas. D’une manière que je ne saurais expliquer, j’étais en mesure de ressentir ma mère à travers cette bague. Je fermai mon sac en toile puis me dirigeai vers l’extérieur. Presque tout le monde était déjà présent lorsque je me rendis sur le terrain d’entraînement. J’aperçu Kaleb au loin et le rejoignis au bout d’une minute. Elize arriva une dizaine de minutes plus tard. Lorsque tout le monde fut rassemblé, le général Daserion prit la parole pour énoncer le trajet que nous allions suivre.

— Nous passerons sur la route principale de L’Yndran, le chemin des noyers, puis ferons halte à Amselume la capitale. Par la suite, nous longerons la falaise silencieuse pour aboutir en Sellaluna et enfin à Mhala, la capitale de tout Extyria. Le voyage en entier devrait durer environ une semaine tout ou plus.

Les enfants de l’orphelinat et les professeurs – pour ceux qui étaient debout – nous saluèrent une dernière fois. Telrym Daserion engagea la marche d’un pas lourd. J’avais vécu longtemps ici, sortir de l’enceinte de l’orphelinat me stressait, mais j’appréhendais ce stress. J’avais eu une belle vie – excluant certaines choses – dans cet endroit mais je devais partir une fois pour toute. Notre groupe d’environs cent quatre-vingts personnes s’infiltra alors dans la forêt que nous n’avions jamais eu le droit de pénétrer. L’épais feuillage des arbres bloquait les rayons du soleil, mais nous gardait aussi à couvert.

Après avoir marché toute la journée, le général nous accorda une pause et plusieurs personnes montèrent le campement. Quelques feux furent allumés pour nous tenir au chaud, car il s’apprêtait à faire froid pendant la nuit. Alors que tout le monde parlait joyeusement, notre ration du soir nous fut distribuée : Un bout de pain, de la viande séchée ainsi qu’un gobelet d’eau. Les sentinelles avaient réussis à trouver une source d’eau près alors tout le monde en profitai pour se rafraîchir et s’hydrater. Lorsque notre tour de garde vient, à moi et Kaleb, nous nous éloignâmes du campement avec la moitié de notre ration en espérant que Nyra nous avait suivi. Au bout de cinq minutes de marche, nous la trouvèrent emmitouflée dans une mince couverture au pied d’un grand chêne. En nous voyant, elle sauta de joie. Nous lui donnèrent la nourriture puis retournèrent au campement pour éviter que notre absence soit remarquée.

Au bout de deux jours, nous quittâmes la forêt pour aboutir une sur des plaines remplie de fleurs où nous étions à découvert. Au bout d’une journée de marche, une falaise commença à se dessiner au loin. Nous devinâmes que c’était la falaise silencieuse. Lorsque nous arrivâmes devant, j’avais l’impression qu’elle nous regardait de haut tant elle était grande. Elle me fit penser au général. Malgré le fait que le trajet semblait durer une éternité avec mes pieds et mes jambes en compote, je savais que nous étions près de la capitale.

Asura – Dieux et diviotis – chapitre 3

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