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Les sentiments enterrés vivants ou la débâcle inéluctable
Deux morts en quinze jours.
On parle de la mort tous les jours.
C’est une époque depuis 1 an déjà. Une époque où le monde comprend qu’il meurt alors les médiats l’écrivent et les statistiques fausses tentent d’effrayer les vivants.
Ceux qui continuent de se toucher, continuent de s’aimer et de partager comme deux fourmis qui se croisent sont passible d’amandes, sont jugés sur le bûcher d’une société mondiale qui a elle même créé ce virus et puis la mascarade autour.
La famine continue mais on en parle plus.
Les animaux disparaissent mais on en parle plus.
Il reste dans le filet un seul mot lourd de 5 lettres.
c’est tellement fantasque que je me demande qui y croit et je me fou des débats, je vais mourir et pour l’instant je n’en ai pas peur et surtout je n’en fais pas tout une affaire. Mon heure viendra et ce sera ainsi.
La sonate, les touches lourdes, les fa meurent, les sol aussi à coup de marteaux. Pas une mort franche mais à petits coups, le souffle qui persiste, le cœur qui ne rompt pas.
Notre amour aussi.
Étrangement pendant cette mort lente, parce que l’attachement fait qu’on y va à reculons,
Je me sens vivante.
La tête à deux langues a repris du service.
Rides en plus, hormones en moins, peu importe, peu importe dehors, la vie, la véritable se résume à l’âme et aux actes. Pas à cette apparence et sûrement pas à cette peau qui fut plastique de désir pendant une époque de ma vie.
Je me sens comme une lune pleine qui perce les nuages de la nuit.
Rien ne m’a finalement tué, même si je suis morte plusieurs fois d’amour et de tristesse.
Je me sens la brume d’automne et d’hiver, celle qui est devant la falaise qui nous a vu naître, celle qui nous voit nous enterrer vivant.
Les lieux sont claffi d’amours mortes, j’ai l’impression d’en voire de partout, les ventres ouverts avec des questions qui dégoulinent comme le ferai le sang, avec des mots qui jaillissent tels des feus follets, tels des horreurs qui n’ont jamais pu sortir vivantes de leur bouche.
Je voudrai savoir crier, mais crier vraiment comme tu le fais, je voudrai avoir dans l’esprit assez de « haine » pour t’insulter comme tu le fais, assez de « pas de coeur » pour t’humilier comme tu le fais, assez de « plus d’amour ».
J’ai un truc qui cloche, ma voix ne sort pas. Dedans il y a un truc cassé, une corde vocale sans doute absente.
Encore un mort.
Je lis « ce matin là » de Gaelle Josse, il est aussi arrivé dans ma vie, comme le matin dernier ou encore une fois la goutte, celle là qui est aussi lourde que la lame du boucher sur la peau de la bête qu’il doit sacrifier,
Encore une fois la mort.
Il paraît que le ventre est le deuxième cerveau, il en paraît des choses, peut être que c’est pour cela qu’à chaque fois j’ai mal, une douleur violente puis lancinante, juste là autour du nombril.
Un autre mort.
Étrangement on dirait qu’ils sont venus ou partis, je ne sais pas comment le dire, je ne sais pas comment parler de ce fait là, de ces âmes parties mais revenues pourtant dans mon esprit.
Par les souvenirs qu’ils ont fait ressurgir, ils ont eu le pouvoir de me réanimer, faire de leur mort en ricoché, une entaille béante tout le long de mon ventre.
Pleurer me fait saigner de vie.
Les mots coulent de ma plaie, en silence, comme un flot qui vient de je ne sais où, un truc qui semble intarissable. Le flux ne se fatigue pas, il est la rivière mystérieuse qui prend sa source je ne sais où. Une sève étrange de lettres qui s’agglutinent comme des notes qui se suivent et tentent de dialoguer avec celui qui écoute.
Le flot coule ici sans spectateur, sans besoin de présence, sans raison, juste parce qu’il n’a pas d’autre choix que de ruisseler, que d’y aller enfin, dehors.
Peut être que ces morts sont des sérials killers, qu’ils entraînent mon esprit au loin, au loin de la réalité pour que je puisse la vivre d’assez loin, pour ne pas en mourir de corps.
Une séquestration pour une mort lente, une agonie pour avoir le temps de tout écrire.
Il y a eu tellement de larmes.
À l’heure où l’on a plus le droit de se serrer, je serre encore si fort les gens que j’aime. Je vais mourir aussi et cette affaire de corps qui disparaîtra me fait moins souffrir que nos sentiments enterrés vivants.
Beethoven, sa ballade, on dirait qu’il fuit comme moi, qu’il se sauve, qu’il court, il y a ce phénomène, cette affaire de débâcle, ce mouvement alors que nous sommes inertes, les yeux fixés sur un horizon que nous ne voyons même pas.
Débacle, c’est exactement le mot, quand je l’ai entendu j’ai compris que je ne pourrai faire autrement que de partir aussi violemment que possible, même pieds nus, même scalpée, même encore avec de l’amour dans le cœur.
Il est 9h32 nous allons au crématorium.
Tu joues au scrabble sur ton téléphone pendant que je conduis, tu aimes être le premier.
Quand j’ai voulu qu’on parle tu as encore crié, un coup de pelle en plus, pleine de merde qui nous enfonce un peu plus sous la terre.
Tu joues au scrabble mais plus avec moi. Jouer avec moi ce n’est pas drôle, je perds parce que je tente les jolis mots mais pas ceux qui rapportent, je ne bloque pas les cases aussi, je pense toujours qu’il faut laisser de l’espace pour après, je n’ai jamais eu le goût de la compétition mais j’ai toujours aimé le jeu. Je perds toujours et pourtant je joue encore.
Il est 9h56, nous sommes devant le crématorium, sur france culture beethoven et sa sonate me sauvent.
Je ne te parlerai plus d’amour.
L’animelle