Mutación

11 mins

 E/N.T/R.O/P.I/E

Les images crachotantes diffusées sur les réseaux montraient un exa-chalut échoué sur une plage de sable, plus quelques bribes d’informations techniques, s’incrustaient à intervalles réguliers dans le ciel gris, et indiquaient que ce bâtiment dernier né de sa génération avait la capacité de s’échouer volontairement sur la côte, afin de décharger au plus vite sa cargaison. Les ingénieurs s’étaient inspirés de la nature et d’une technique de chasse particulière à quelques gros mammifères marins, l’échouage volontaire. Ironiquement, l’exa-chalut était un baleinier dont les soutes se trouvaient pleines de ces mêmes mammifères marins. Nous nous étions inspiré de la Nature pour la tuer.
Une nouvelle information apparut, des lettres blanches en surimpression sur la coque grise du bateau :
« Les lumières roses qui illuminent le pont à intervalles réguliers sont dues aux découpes laser de la peau des baleines, une découpe précise et profonde. »
On voyait ensuite un bras de grue se déployer au-dessus du bastingage, chargée d’une baleine gigotante, puis les fixations s’ouvraient et la baleine tombait au sol, sans sa peau pré-découpée qui restait maintenue par de fins crochets entre les doigts d’acier de la grue. Cette image me fit penser aux petits fromages blancs que nous déroulions de leurs papiers, enfants.
L’orque dépecé transformé un tas de chair rose et frémissante à la forme grossière d’un poisson mourrait en s’écrasant sur la plage, quelque trente mètres plus bas. Les images montraient les vaguelettes rouges-sang, autour des bottes des ouvriers qui plantaient de lourds crochets dans l’animal, avant de le tracter. Puis le bras de la grue revenait encore au-dessus du bastingage, chargé d’une autre baleine. Les images avaient instantanément fait le tour du réseau, certaines versions holo détournées où seules étaient montés les baleines qui tombaient de la grue, à l’infinie, avec affiché le slogan «Pour m’endormir, je ne compte plus les moutons, mais les poissons !». L’intention était comique, pourtant dans l’ensemble, il semblait que personne ne riait trop.
Des manifestations violentes éclatèrent dans la demi-heure sans que personne ne comprenne pourquoi. Les autorités dépassées indiquèrent que cet animal ne bénéficiait plus des lois de protection, son nombre d’individu étant devenu trop faible pour pérenniser l’espèce. D’autres images, une heure plus tard, un zoom sur la frégate plus petite de l’armée où les manifestant arrêtés avaient été transférés, puis l’émeute, l’héliT rempli de soldats essayant de s’élever du pont durant l’assaut, l’héliT qui tangue, vacille, puis s’écrase contre le flanc du bateau. D’autres images, ailleurs. Un couple de personnes âgés, la femme allongée sur le canapé et le vieil homme qui répétait « Non nous ne sortirons plus de chez nous ! Non nous ne sortirons plus de chez nous ! » Des quartiers entiers de la ville en proie aux flammes, il s’agissait du titre décliné dans toutes les tailles de polices, sur tous les réseaux d’information …
Encore dans mon autocab j’essayai d’entrer en communication avec l’ami qui m’avait envoyé ses images, sans succès, les réseaux étaient saturés. Le vague malaise qui me saisit avait peu de rapport avec ces évènements violents, incompréhensibles. Mais bon sang que se passait-il ? des émeutes autour du baleinier, en mer de Cortes ? Et ici partout dehors, à Carthage ? Je lui envoyai un message différé :
« Fernao ici Nataniel, écoute… Je n’arrive pas à te joindre, je n’arrive à contacter personne, tous mes réseaux com sont saturés, même ceux du véhicule… As-tu une idée de ce qu’il se passe ? »
Pour toute réponse, je reçus un appel entrant de Carolina, sa voix hurlait au travers des parasites : « NATANIEL ! C’EST ELLE, CAROLINA ! MON DIEU NATANIEL ! »
J’eus du mal à desserrer mes poings, mon cœur pulsait sous l’effet de la peur, je ne comprenais rien.
 
[Des émeutes déclenchées pour de putains de poissons, et Carolina qui hurlait…]
Le silence à l’intérieur de ma tête, un silence absolu sans aucune connexion réseaux, rien, aucune musique, pas d’images, pas d’interfaces de commandes, seulement moi, moi et mon silence sans fin, c’était cela qui me terrorisait.
J’enclenchai le pilote manuel et prenait la direction de l’appartement de Carolina sans réussir à me sortir du crâne cette phrase étrangère « je ne compte plus les moutons mais les putains de poissons. »

****

Nous retrouvons Sebastian, après.

Elle était vraiment mal, j’ai regardé sa plaie, tout le monde paniquait autour, et je ne comprenais pas de quoi elle souffrait.
« Je ne comprends pas, la balle est ressortie pourtant ! »
Sa plaie était toute veinée de bleu, elle sentait mauvais… Ça m’est revenu d’un coup !
« Bon dieu ! Septicémie ce que je suis con ! Elle a un genre d’empoisonnement du sang ! Faut l’emmener fissa à l’hosto ! »
J’ai essayé de la prendre dans mes bras sans trop lui faire mal, mais de toute façon, elle était inconsciente, alors je l’ai à moitié chargé sur mon épaule, j’ai fait deux pas mais un type me dit :
« Tu veux aller où comme ça ? »
Je lui ai répondu «à l’hôpital » en réalisant tout de suite de l’énormité de la chose, c’était à cause du choc.
Y avait pas un endroit où l’emmener, les hôpitaux n’existaient plus cette nuit. Il était possible de tenter le coup, d’essayer celui du 44eme district, mais j’étais pratiquement sûr que nous n’y arriverions pas vivant. Je l’ai reposé sur sa couche.
« Renseignez-vous sur les médicaments qui soignent la septicémie, consultez le réseau, et puis vous me communiquez la liste par com. Moi je pars, ça devrait être faisable de trouver des médicaments.”
Je me suis remémoré les anciennes adresses, tenter les anciens hôpitaux, les cliniques, ou les grandes surfaces, ou encore un vendeur spécialisé en médoc sur l’avenue Sangre Del Santo, mais j’avais pas fait un kilomètre en courant à moitié que mon réseau com se déclencha.
« Elle est morte. »
Je fis demi-tour.
Je les ai tous trouvé debout autour d’elle, silencieux. Ils se sont écartés à mon passage.
« T’es triste ? » me demanda quelqu’un.
« Oui. Non. Je ne sais pas. Je vais emmener son corps. »
Je l’ai chargé sur mon épaule et l’ai emmené au balcon qui avançait sur le vide, un ascenseur le desservait, avant. Avec elle qui ne pesait presque rien sur mon épaule je dus monter un paquet de marches. J’ai étendu son corps sur le bord, y avait qu’elle et moi, et toute la ville qui s’étendait dessous, à perte de vue.
Les autres pensaient peut-être que cette perte me touchait plus particulièrement, nous avions été amants autrefois, pourtant, non, je n’étais pas anéanti, et c’est ce non-sentiment qui m’attristait.
Nous avions tous changé depuis, et elle aussi. Elle n’était plus la même. Rien ne nous liait plus vraiment.
J’aurais aimé lui dire quelques mots, mais ça ne voulait pas sortir.
J’ai juste posé ma main sur son front, un geste un peu tendre en souvenir de ceux que nous avions été un jour, je fis  basculer son corps dans le vide, et peut-être qu’en là résidait vraiment le lien qui nous unissait. L’idée de laisser son corps quelque part, et les choses étranges ou répugnantes qui auraient pu advenir…
Son corps est tombé, je le vis se cogner contre la paroi du databuilding, elle a disparu. Dans les ténèbres des bas-fonds.
Les réseaux se rétablissaient, les uns après les autres. Mon interface se remit en route, j’allais bien. Hormis mon rythme cardiaque, légèrement élevé par rapport à la moyenne.
Il nous suffisait d’attendre le matin dans son appartement, et ils enverraient des secours. Des flics, toute une armée de flics, oui.
Il suffisait d’attendre le matin.
pour m’occuper, je passais en revue mes fonctions vitales.

***

L’histoire de Demetrio, plateforme médicale #452MDAK,
Position stationnaire classifiée au-dessus du Golfe du Mexique, quelque part entre Monte-Cristo Bay et Carthage Del Cristo.

Les gens me font penser aux holo-pinks, les minuscules bonhommes holo à la mode, lorsque j’étais enfant. Il fallait toujours s’occuper d’eux, les nourrir avec de l’holo-bouffe, les hydrater avec de l’holo-drink, mais moi, je les enfermais dans une petite boite transparente, j’étais un peu con enfant. J’enfermais les holo-pinks dans une petite boite et je fermais le couvercle, et puis j’aimais les regarder crever. Surtout quand ils agonisaient, les petits personnages déambulaient dans la boite, un peu sonnés… Les gens me font penser aux holo-pinks, ils sont faciles à enfermer. Et même si en réalité, c’est moi qu’ils ont enfermé.

« Je te le JURE Demetrio ! Si j’avais su ! J’en ai vu pourtant, mais alors LA ! IN-CRO-YABLE ! Nan franchement, j’aurais tout eu ! »

Ismaël s’énervait et s’énervait encore, il ne savait même pas pourquoi. J’essayai de le calmer d’une voix douce.
« C’est pas grave faut pas t’en faire comme ça. Pourquoi t’énerves-tu ?
– C’EST QUE… TU VOIS…
– Tu t’énerves et tu ne sais même pas pourquoi. Je te connais. Faut que tu te calmes. Respire un grand coup.»

Il respira exagérément en grand, pleine force, en faisant du bruit, plusieurs fois.
« C’est juste que… tu vois…
– Ouais, ouais mais bon, on s’en fout, faut te calmer, c’est tout. Là, c’est mieux. Tu me parais… bien ! »
– Oui, oui oui oui… Ça me fait plaisir que tu me vois comme ça. »

Ismaël avait été enfermé tout comme moi. Mais il hoqueta et ajouta trop précipitamment :
« C’est juste qu’ils mentent tout le temps ! Ils MENTENT j’te dis, même ceux qui ne devraient pas. La plupart sont propres sous leurs crasses, la plupart sont rasés sous leurs barbes, ils te disent un tas de conneries mais si t’enlèves les grammes qu’ils ont, ils sont tous parfaitement menteurs, et ils le savent ! »

J’ai rien trouvé à lui répondre, hormis un dernier « calme-toi ». Son raisonnement tenait la route. C’est pour ça que je trouve une ressemblance entre les gens et ces holo-pinks sonnés. Ils sont toujours bizarres, de travers, même s’ils cachent ça sous de la crasse ou de la bêtise, ou la propreté et l’intelligence, je ne sais pas. Et y a rien que tu puisses dire pour qu’ils reprennent leurs esprits, pour qu’ils disent enfin la vérité, sinon, tu risques de te retrouver comme nous, enfermés sur une plateforme aérienne médicale à la con, ou sous-marine parfois, même quand t’as rien à voir avec un cinglé, et bon dieu ce que j’aimerais retourner sur Terre, au moins une fois !

Ismaël n’avait jamais été dans les petits papiers de notre médecin traitant, la doctoresse Madelyn, d’aussi loin que je m’en souvienne, c’est pour ça que sa proximité me gênait. Je larguai Ismaël au détour d’un couloir. J’ai plaqué mon badge au plexiglas du premier poste de contrôle, la lumière verte s’est allumée au plafond, accompagnée par le bruit métallique de la lourde porte qui se déverrouillait.
Passé le sas, j’ai respiré un grand coup, comme Ismael l’avait fait un peu plus tôt. Je me sentais soulagé, ici, dans la zone haute sécurité de la plateforme médicale.
Je me suis enregistré à un guichet électronique pour récupérer le beeper, puis je me suis baladé un peu, et j’ai fini par échouer dans la salle vidéo, j’y ai regardé un ancien film, un reportage animalier sur les grands mammifères qui vivent sous l’eau. Le beeper sonna une heure plus tard, mon tour arrivait, je passais en consultation.
Le plus important, il fallait que je suive mes propres conseils donnés à Ismaël plus tôt, je devais garder mon calme devant la doctoresse.

« Gardez votre calme Demetrio !
— Oui oui ! Excusez-moi c’est juste que… J’ai peur dehors ! Vous savez ce qu’il se passe actuellement !
— Rien ne se passe, Demetrio. Tout va bien. Tout est normal. »

Elle me parlait avec ce même ton, celui qu’elle utilisait lorsque je m’oubliais parfois, mais ses yeux n’avaient pas du tout le même reflet qu’habituellement, je pouvais y lire de la peur, cela m’encourageait.

« Madelyn écoutez-moi ! Il y a dix fois plus de monde que d’habitude aux arrivées, des riches au début, des hommes importants, ça se voyait, mais depuis hier… Y a de tout, et pas mal de vieux, et même des enfants, et c’est anormal ça, je le sais ! Et ils sont tous frappés, cinglés, complètement niqués de la tête ! Un homme se grattait tellement qu’il s’arrachait la peau ! Il s’est arraché les yeux, Madelyn ! Et personne n’est intervenu ! Il n’y a presque plus de gardiens dans nos niveaux, c’est l’anarchie ! Je sais qu’ils évacuent le personnel médical ! J’ai entendu des rumeurs…
— Demetrio, du calme s’il te plaît…
— Des rumeurs qui disent que la partie ouest de la plateforme est hors de contrôle ! Ils disent que là-bas c’est l’enfer ! Plein de mutants ! Un véritable pandémonium ! Écoutez Madelyn, j’ai peur, je n’ose plus sortir de ma cellule ! Ils m’ont mis trois malades qui dorment par terre, sur des matelas, et encore j’ai de la chance, il ne s’agit pas de ces nouveaux arrivants ! Mais… Madelyn, ça fait longtemps que vous me soignez, vous savez, vous me connaissez…
— Demetrio, je crois que nous allons remettre cette consultation à un autre jour, vous êtes trop agité. »

Le docteur se leva afin de me reconduire, mais lorsque je vis qu’elle n’appelait aucun garde, je me jetai à ses pieds en agrippant sa blouse.
” Madelyn, ils ont fait entrer des mutants chez nous ! Vous savez que je ne suis pas dangereux, vous me connaissez ! Ne me laissez pas pourrir ici, donnez-moi un ordre d’évacuation, je ne veux pas mourir, pas comme ça, pas ici, je ne le mérite pas !
— Relève-toi Demetrio. Écoute… Nous traversons une crise c’est vrai, il y a eu… quelques dysfonctionnements, et nous avons beaucoup plus de patients qu’à l’ordinaire, mais… Tout est sous-contrôle, personne n’abandonnera la plate-forme médicale. “

La docteur recula, me laissant seul affalé par terre comme un abruti. Je me suis relevé pour m’asseoir sur la table d’auscultation, comme d’habitude. La doctoresse hésita sur la conduite à tenir, puis s’approcha de moi, afin de commencer ses analyses. Elle déballa la connectique en silence, me demanda de pencher la tête en avant d’une voix creuse, puis enfonça le gros jack à la base dans l’emplacement prévu, dans ma nuque.
Je repris d’une voix calme.
« Je suis tellement déçu Madelyn, je pensais que mes efforts paieraient un jour, que je reverrai la Terre, mais au lieu de ça, je vais mourir ici, je le sais, inutile de me mentir. »

La doctoresse posa sa main sur mon front afin de relever un peu ma tête, elle ne répondit rien. Le silence à peine dérangé par les bip du monitoring.
« Je vais te déconnecter… Le cycle, tes ondes sont synchrones… »

Une légère douleur quand elle déconnecta le neuro-jack.
« Tout se passera bien, Demetrio. La situation ici est sous contrôle, je te l’ai dit. Et si jamais les choses devaient empirer… »

Bien qu’elle ait retiré la prise jack de ma nuque, la main de la doctoresse resta posée contre mon front, avant de s’égarer dans mes cheveux, un peu trop longtemps.

« Si les choses devaient empirer, je ne te laisserai pas ici.
— C’est tout ce que je voulais entendre. Je te fais confiance. Merci. Merci Madelyn. »

« C’est vraiment ce qu’il s’est passé ? »
— Oui-da Ismaël ! Comme je te le dis !
— Tu l’as a ta botte cette vieille carne de Madelyn ! Elle a toujours eu un faible pour toi !
— Ça fait quinze ans que je suis son patient tout de même ! Et puis, tu veux connaître mon secret ? Je fais attention à mon apparence. Contrairement à tous ces débiles qui ressemblent à des légumes, avec leurs barbes dégueulasses, leurs baves, leurs poils qui leur sortent du nez et des oreilles, et leurs pieds aux ongles noirs et répugnants ! Tous les jours, je me prépare comme s’il s’agissait de mon dernier ici, comme si j’étais sur le point de prendre une navette vers la Terre !
— Ouais… Ça fait surtout quinze ans que tu simules, que tu ne prends pas ton traitement et que tu arrives à leur cacher à quel point tu es fou !
— Ahaha ! Tais-toi Ismaël ! L’important est que je sorte d’ici ! Et je te ferai sortir toi aussi, tu verras ! »

Je repartis vers ma cellule le cœur léger en laissant Ismael à son coin de couloir.

****

Il l’avait entièrement déshabillée et lui avait retourné un bras jusqu’à le casser, j’avais entendu la brisure nette de l’os. Je laissai Ismaël régler ses comptes avec Madelyn pour partir à l’aventure le long du  couloir. Je me sentais tellement léger, je flottais, mes pieds touchaient à peine le sol !  La procédure d’évacuation d’urgence de la plate-forme avait déverrouillé toutes les zones, les lumières s’étaient éteintes, sauf celles des petits néons rouges et grillagés placés en haut des murs indiquant les itinéraires de secours. Je volais, littéralement. Les traces du chaos ambiant devinrent de plus en plus visibles à mesure que je m’approchai de l’épicentre du tumulte. Je ne tardai pas à me déplacer au milieu de combats individuels opposant malades et gardes antiémeute restés à la traîne. Au premier étage d’une coursive, au-dessus de ma tête, des cinglés entreprirent de pendre d’autres cinglés, et ça me fit penser à une haie d’honneur ouvrant la voie à mon retour sur Terre, un bon présage! Tant d’années ! Je ne pouvais m’empêcher de faire des petits sauts sous l’intense émotion alors que tant d’autres restaient prostrés, à s’arracher les cheveux, se baver dessus en gémissant.
Rien ne pourrait assombrir ce jour, rien !
Une verte et grasse prairie s’étalait devant moi ! Et les bouts de papiers et de couvertures enflammés qui flottaient ressemblaient de jolis papillons !

Je dus marcher sur de nombreux cadavres ou mourants avant d’arriver au dernier barrage de sécurité où les gardes utilisaient des armes électriques létale. Vêtu de la blouse de la doctoresse trop petite ouverte sur mon torse nu, de mon pantalon de malade et pieds nus, je tendis le badge devant moi en hurlant mais souriant, à la façade de boucliers et de casques qui me séparait des navettes d’évacuation : « Docteur ! Je suis un Docteur en NEU-RO-SCIENCES! ».
Le mur de soldats s’ouvrit à ma vue car je devais ressembler à un magnifique Jésus ! C’était une mer qui s’écartait sur mon passage, je maîtrisais les éléments ! Un détachement de trois hommes vint à ma rencontre, scanna mon laissé-passer puis ma rétine avant de m’escorter rapidement, armes braquées vers la direction d’où j’étais apparu.
Leurs mains fermement posées sur mes épaules gênaient l’amplitude de mes petits bondissements. Rien n’arrêterait la gloire de ce jour de libération, c’est toute la grâce du cosmos qui m’enveloppait, alléluia putain ! Alléluia !

C’est ainsi que je pris place dans le gros héli-transporteur parmi les cinq cents passagers accrédités entassés terrorisés, harnachés dos aux cloisons métalliques inconfortables. Je levai les yeux, des sortes de rangements pour effets personnels, au-dessus, des écrous en acier énormes, au plafond.
Lorsque le lourd battant de l’héliT se referma verticalement, nous nous trouvâmes plongés dans l’obscurité quelques instants. Un bourdonnement, puis une lumière de néons blanc. Je pouvais ressentir leurs peurs au milieu de mon calme régnant.

Je pensai à Ismaël, vite-fait. Il trouverait bien un moyen de revenir sur Terre lui aussi, je le sentais !

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