C’était il n’ y a pas si longtemps, alors ce n’est pas un conte. C’est une histoire vraie, alors ce n’est pas une légende. C’est court et il y a une chute, alors c’est une nouvelle. Et pour une nouvelle, c’est une nouvelle : la disparition des magiciennes que l’on appelle, ou appelait, les fées !
Vous vous demandez comment c’est possible, comment la disparition d’une population aussi abondante et première dans l’organisation du monde a eu lieu et je vous comprends. Je vais tout vous expliquer. Je suis la mieux placée pour le faire puisque je suis une des fées, précisément la dernière. Et il est temps de le faire car je ne vais pas survivre longtemps, ma raison d’être ayant elle même disparu.
Nous venons de l’évolution, comme les hommes, mais nous sommes apparues bien plus tôt. En fait, il y a naissance de fées chaque fois qu’une nouvelle espèce apparaît. C’est nous qui faisons que toutes les sortes de plantes ou d’animaux se développent. Nous trouvons toutes les astuces pour qu’ils s’adaptent au milieu lorsque celui-ci change, qu’ils se reproduisent, s’accordent aux autres vivants qui les entourent.
Mais voilà, les hommes, les créatures les plus curieuses qui soient, ont voulu comprendre comment cela se passait. Ils ont développé des idées très spécifiques qu’ils ont appelé la science. Au début, cela n’a pas posé de problème, ils ont juste regardé comment nous faisions. Mais les hommes sont aussi les créatures les plus agitées qui soient, et ils ont voulu nous aider. Cela a un peu détraqué ce que nous faisions, mais on a tenu bon. Les plantes et les animaux nous en remerciaient souvent en favorisant nos actions.
Et puis, de plus en plus, les hommes, ces créatures les plus prétentieuses qui soient, ont cru pouvoir faire mieux que nous : ils ont changé le sol des plantes, la reproduction des animaux, la couleur de l’air…
Nous ne pouvions plus faire grand chose. Et quand une fée ne fait ce pour quoi elle est prévue, elle meurt. Ainsi, peu à peu, toutes sont mortes. Il ne reste que moi car mon domaine, c’est la survie des fées. La dernière ayant disparu, je vais disparaître à mon tour.
Mais avant, je veux et je peux vous souhaiter bonne chance. Car les hommes, que je connais bien car nous nous en sommes beaucoup occupé, sont aussi les créatures les plus malines qui soient et ils sauront bien utiliser leur science pour vous permettre de vous adapter au monde qu’ils ont créé. Ils ont toujours redouté nos capacités car leur science, celle en laquelle ils placent toute leur confiance, semblait notre concurrente directe. Et ils ont cherché à faire un monde sans nous. Ils y sont parvenu. Mais un monde sans magie, sans magicienne, sans fée, ça n’existe pas ! Alors ils nous recréeront, autrement. Ce sera le beau, ou le vrai, ou le bien, ou l’amour… Vous verrez bien. Mais ce sera sans nous … Chacun fait son temps… combien durera le votre ? Et le leur ?