Certains enchaînements de faits peuvent franchement surprendre. Jean-Paul était un adepte des vias ferratas, ces trajets de marches et de poignées en fer plantées dans des falaises et que l’on parcourt en s’accrochant et se décrochant à chaque prise. Mais là, on lui avait proposé une simple randonnée, une boucle, les pieds au sol et les mains dans les poches. Dans un premier temps, il pensa faire fi de cette balade. Mais enfin, c’était le groupe de Pierre, Mireille et Patricia qui l’avait invité et il les aimait bien. Alors, il avait accepté.
Sauf que ses chaussures de marches étaient restées dans sa voiture qu’il avait dû mettre en réparation dans un garage car des chenapans l’avaient entièrement rayée. Il n’avait jamais subi ce genre de chose ! Et bien sûr, le garage était fermé de dimanche matin. Il prit des savates, en se disant qu’il faudrait qu’il explique cet amateurisme apparent à ce groupe de promeneurs du dimanche. Il mit un bon moment à retrouver ses clefs pour fermer son appartement, ce qui ne lui arrivait généralement pas. Il se l’expliqua par la contrariété de ne pas avoir son matériel habituel. On devait le prendre au carrefour, il s’y rendit et attendit. Mais au bout de 15 minutes, personne n’étant passé, il finit par appeler l’ami qui devait le transporter. Le numéro ne répondit pas, il laissa un message, attendit qu’on le rappelle. Ce qui n’eut lieu que 15 autres minutes après, le téléphone de l’ami étant, en raison d’une manœuvre involontaire, sur silencieux. Celui-ci dit alors qu’il avait demandé à Mireille de le prendre, qu’elle avait dû oublier, qu’il faisait demi-tour pour revenir le chercher. Ce qui fait qu’ils arrivèrent au rendez-vous avec presque deux heures de retard. L’ambiance n’était plus tant à l’amitié et à la détente qu’à la presse et à l’agacement. Les journées étaient courtes, tout le monde se dépêcha et l’on partit.
Apparemment trop vite car au bout d’à peine de 15 minutes, Mireille ressentit une violente douleur au mollet : claquage ! Et Patricia qui fouilla son sac pour lui donner un antalgique constata qu’elle avait oublié la gourde et une partie du pique nique dans le coffre.
Mireille dit qu’en marchant ça passerait peut-être. Elle s’appuya sur Jean-Paul, le plus costaud, et on repartit. Mais arrivé à un embranchement, ils virent qu’il y avait bien le piquet de la balise, mais plus les panneaux. On essaya le GPS des téléphones, mais on ne captait rien. Pierre chercha sa carte, mais tous n’étaient pas d’accord sur le point de la carte où ils se trouvaient. Patricia convainquit le groupe que c’était à droite. Mireille marchait seule, mais on allait lentement. Ils n’en finissaient pas de traverser une forêt dense et froide. Quand ils arrivèrent sur une crête, ils virent que le ciel était devenu très menaçant. On était à la fin de l’hiver, les orages de printemps commençaient. Il n’était plus question de traîner. Mais est-ce qu’ils étaient plus près du parking en revenant en arrière ou en continuant ? Ils le jouèrent à pile ou face, personne n’en sachant rien. Ils continuèrent. Pas longtemps, car ils butèrent sur un précipice, durent refaire le chemin inverse. La nuit arriva. Et Pierre, qui ne voyait déjà pas bien, trébucha, tomba du côté du vide en hurlant. On entendit un choc. Puis un grand silence. Ils regardèrent tout en -bas, là où Pierre était tombé. C’était tout noir.
Le si j’avais su, ce dégage de lui même de l’histoire et présuppose. C’est en le relisant que j’ai finalement saisi. Bravo Chantal.
Bonjour Chantal,
Le Pen est ajouté au concours.