Je marchais le long d’une route. Au loin des ombres m’observaient. Telles des vautours, elles attendaient le moment où j’allais fléchir et m’écrouler sous le soleil brûlant du désert.
J’avais dû m’enfuir de chez moi, tout abandonner, tout perdre. Malgré tout le mal qu’ils m’avaient fait, ils continuaient de me pourchasser. Ces bêtes assoiffées de sang ne s’arrêteront que lorsqu’elles auront dégusté la moelle de mes os.
Après des heures de marche solitaire, le sable commença à se transformer en neige. Les ombres au loin disparurent. Je n’intéressais même plus la charogne. Je décidai de continuer la marche. De toute façon je n’avais pas grand-chose d’autre à faire qu’avancer.
Je m’arrêtai devant un petit ruisseau qui avait gelé. À coups de poing, je brisai la glace pour me désaltérer. Mes mains ensanglantées tremblaient. Je pris de l’eau au creux de mes mains et l’amenai à ma bouche. Je répétai plusieurs fois l’opération. Une fois rassasié, je plongeai mes mains dans l’eau pour stopper le saignement.
Mes mains dans l’eau étaient en train de se frigorifier quand l’eau se réchauffa. Surpris, je regardai autour de moi. La neige avait commencé à fondre. L’herbe qui avait repoussé était illuminée par un soleil au zénith. Le ruisseau était revenu à la vie, les poissons barbotaient dedans. Face à moi se dressait une silhouette mystérieuse. Je ne pouvais pas distinguer clairement qui elle était réellement. Elle se mit à ma hauteur, m’inspecta rigoureusement et me tendit sa main.
Mon cerveau dut faire une rapide synthèse de ce qu’il avait vécu ces derniers jours. Aimé, trahi, chassé, abandonné. Alors que tout le monde m’avait tourné le dos, quelqu’un se proposait pour me relever. Pouvais-je seulement lui faire confiance ?