‒ Alex, dépêche-toi, le taxi arrive dans une demi-heure ! cria ma mère depuis le bas de
l’escalier. Et pense à ranger un peu ta chambre !
Comment choisir quoi emporter parmi une foule d’objets tous plus inutiles les uns que les
autres, amassés au cours de seize années ? À part un sac contenant des vêtements, je ne voyais pas quoi prendre d’autre. Des photos ? Des souvenirs ? Je n’étais pas assez sentimental, ou alors pas assez attaché à ma vie d’ici, pour souhaiter me la rappeler là où je j’allais. Il faut dire que le désordre qui régnait dans la pièce ne m’aidait pas vraiment à trouver ce qui aurait pu m’être utile une fois en Écosse.
L’Écosse ! Quel drôle d’idée de m’envoyer-la-bas. Alors que je vivais depuis quinze ans à
Londres avec ma mère, cette dernière avait subitement décidé que je devais me rapprocher de mon père. Et quel rapprochement ! Il comptait me faire enfermer dans un internat au fin fond de la campagne écossaise. Je savais que si ma mère avait soudain éprouvé le besoin de me confier à mon père, c’était pour pouvoir accepter cette promotion qui l’obligerait à voyager tout le temps. Au fond, je ne lui en voulais pas. Je savais qu’elle devait aussi penser à elle, alors je faisais comme si cette expatriation forcée me plaisait, ou tout du moins, comme si je n’avais rien contre. Elle était enthousiaste à l’idée de ce nouveau poste et, au final, vivre ici ou ailleurs, je ne voyais pas trop la différence. Peut-être parce que je ne laissais pas grand chose derrière moi : quelques amis ‒ sans doute aucun lien qui de toute manière aurait résisté à la fin du lycée. Par ailleurs, je ne pratiquais pas de sport, n’étais engagé dans aucune activité. Rien qui pourrait me forcer à rester à Londres. J’étais plutôt l’adolescent moyen qui préférait se poser à l’ombre, musique sur les oreilles, que de
transpirer au soleil avec une équipe.
‒ Alex, le taxi est là, dépêche toi !
Cette fois, il fallait vraiment que je descende. Dire que je n’avais rien rangé de tout ce
chantier ! Désolé Thérésa de te donner du travail supplémentaire. Notre femme de ménage était bien la seule personne, en dehors de ma propre mère, qui allait me manquer. Sa cuisine surtout.
Je descendis l’escalier. Ma mère m’attendait dans l’entrée, la porte déjà ouverte tandis que le chauffeur du taxi pataugeait en remontant l’allée jusqu’au perron, se protégeant la tête de la pluie avec un journal.
‒ N’oublie pas mes recommandations, me supplia ma mère en boutonnant mon blouson
jusqu’à m’en couper la respiration.
En gros ça donnait : « Ne fume rien de ce qu’on pourrait te donner. Prendre une cuite à ton
âge, ça fait vraiment mauvais genre. Et les filles, évite les autant que possible. En cas contraire, pour l’amour de Dieu, protège toi ! Je n’ai pas encore l’âge d’être grand-mère. » Autant dire qu’elle était blasée par la vie des adolescents de notre époque. Je ne lui avais pourtant pas causé beaucoup de soucis et ne m’étais adonné à aucune des choses qu’elle m’avait déconseillées. Cependant, ça devait la rassurer d’avoir évoqué avec moi ces interdits, tout en étant consciente que si cela devait arriver, ce ne serait pas depuis Londres qu’elle pourrait l’empêcher.
‒ Tu vas me manquer, me dit-elle en m’enlaçant.
Ce geste me surprit. En grandissant, elle avait cessé de me prodiguer ce genre d’affection
maternelle. Elle ne prenait même pas le temps de m’emmener à l’aéroport et faisait venir un taxi. Je savais que je lui rappelais trop mon père. Elle disait souvent que j’avais les mêmes yeux que lui, bleu-gris. Elle était toujours mélancolique quand elle évoquait l’homme qu’elle avait aimé, avec qui elle avait eu un enfant, et qu’elle avait dû quitter pour des raisons qui l’avaient profondément blessée et qui m’échappaient.
Un reniflement dans mon coup m’annonça qu’une effusion était proche, ce que je voulais
éviter à tout prix. J’avais toujours détesté voir les filles pleurer. J’ai toujours détesté voir MA mère pleurer. Un sentiment d’impuissance m’envahis alors … Et puis ce n’était pas le moment de se laisser aller ! Le chauffeur du taxi mettait déjà mes bagages dans le coffre.
‒ Je t’appelle ce soir, quand je serai chez papa.
‒ Appelle-moi dès que tu auras atterri, insista-t-elle.
Sans rien ajouter, je rejoignis vers le taxi. Je me sentis lâche de partir ainsi sans prodiguer à ma mère un mot de réconfort, quand je savais qu’elle en aurait eu besoin. Mais comment lui
apporter cela, dans un tel moment, sans tomber dans le mélodramatique et les effusions de larmes. Je refermai la porte du taxi en me disant que la patience du chauffeur n’y aurait pas résisté …
C’est sous une pluie diluvienne que je dis au revoir à Londres, sans véritable mélancolie
pour ce que je quittais, mais sans réel espoir pour ce qui m’attendait.
C’est avec ce même manque d’enthousiasme que je débarquais à l’aéroport de Glasgow. Ma première déception ‒ mais en était-ce vraiment une ? ‒ fut l’homme en costume sombre qui m’attendait. Un petit écriteau indiquant Alexander Calligan m’informa tout de suite qu’il devait s’agir du domestique de mon père. Après un bref soupir, je poussai le chariot d’aéroport contenant mes bagages et me dirigeai vers lui.
‒ Bonjour monsieur. C’est un plaisir de vous revoir. Avez-vous fait bon voyage ?
L’homme en face moi avait le teint pâle et les joues creuses, un peu tombantes, comme
flasques. Il était grand, mince, et se tenait droit comme un I. Tant de rigidité ne laissait que peu d’espoir quant à caractère jovial ou enclin à la plaisanterie. Il était l’employé de mon père depuis aussi longtemps que je pouvais me le rappeler. Je ne pensais jamais à lui, même si je l’avais rencontré lors de mes visites annuelles. Ce devait être pour cela que je n’avais jamais retenu les traits de son visage. Il me semblait, en quelque sorte, impersonnel. Dénué de toute caractéristique comme de toute personnalité. Je le suivis tandis qu’il se chargeait de mes bagages. Dans le parking de l’aéroport se trouvait la rutilante Rolls Royce paternelle.
J’avais tendance à oublier que mon père possédait une fortune familiale. Dans mes souvenirs, il portait toujours des chemises en flanelle, les cheveux longs et conduisait un 4×4.
Quand j’étais encore enfant, il m’emmenait dans les landes désertes et nous passions des journées à nous promener, pique-niquer, contempler les nuages, allongés dans l’herbe. À cette époque mon père me fascinait. Il me racontait des histoires merveilleuses et je le prenais pour un héros. Ces souvenirs me faisaient désormais l’impression d’un rêve. L’homme que j’avais revu ces dernières années n’avait plus rien à voir avec le héros de mon enfance. Il ne restait qu’un homme sombre, absent la plupart du temps. J’avais fini par détester mes séjours en Écosse à rester enfermé dans la propriété, à attendre que mon père rentre de je ne savais où et m’accorde un peu de son temps.
Le nom du majordome qui m’avait accueilli à l’aéroport me revint soudain : Nestor ! Ou
quelque chose de semblable. Un nom de majordome… C’était toujours lui qui m’annonçait « Votre père est sorti », « Monsieur sera absent pour la journée » ou bien « Il a été retenu par une affaire urgente ».
Tandis que rancœur et mauvais souvenirs refaisaient surface, nous arrivâmes à destination. Il
ne pleuvait pas sur le pays mais le ciel était chargé de nuages d’orage. Je pouvais cependant
clairement distinguer par la vitre de la voiture, la façade grise et lugubre du manoir : la maison de mon père. Pourquoi avait-elle l’air plus menaçante qu’auparavant ? Elle n’avait pourtant pas changée, ce n’était que mon humeur qui me rendait hostile à ce vénérable bâtiment.
Sans trop attendre, je sortis de la voiture comme on plonge dans une eau gelée sachant que retarder l’échéance ne la rendrait pas meilleure. Je suivis Nestor qui se faisait un devoir d’ouvrir les portes devant moi.
‒ Votre père est absent pour la journée, m’annonça-t-il.
Ça commençait déjà.
‒ Il vous prie de l’excuser et vous souhaite un bon retour dans cette demeure. Il espère
pouvoir partager votre dîner, mais il est possible qu’il soit retardé. Votre chambre est prête. Certains éléments y on été ajoutés, pour rendre votre vie ici plus confortable, expliqua-il sur un ton professionnel.
‒ Ma vie ici ? Il m’avait pourtant semblé que mon père m’avait inscrit dans un pensionnat !
Un de ceux dont on ne sort qu’aux vacances…
Mon ton devait laisser transparaître la joie que me procurait cette perspective… Nestor se
racla la gorge mais reprit, impassible.
‒ Les radiateurs ont été changés. L’hiver est rude dans la région. La maison a aussi été
équipée de l’internet et d’un réseau wi-fi dont vous pourrez vous servir à volonté sur l’ordinateur de votre chambre.
‒ Mon père m’a acheté un ordinateur ?
Là, j’étais sidéré. Lui qui détestait toute technologie ! Je l’imaginais mal au rayon informatique d’un grand magasin.
‒ Mon père a pris soin de me choisir un ordinateur pour le temps que je passerais ici ?
insistai-je.
‒ Votre père est fort occupé, c’est donc moi qui me charge des questions d’intendance ….
‒ Je vois, lâchai-je.
Une fois de plus, Nestor comblait les lacunes de son employeur.
‒ C’est un modèle portable. Vous pourrez donc l’emmener avec vous au pensionnat. Il vous
servira dans votre travail scolaire.
Il y mettait autant de sympathie que sa fonction le lui permettait, mais c’était peine perdue.
Je tournai la tête vers l’escalier, espérant lui faire comprendre que je voulais mettre fin à cet échange et monter dans ma chambre.
‒ Monsieur veut certainement se reposer de son voyage. J’ai fait monter vos bagages. Vos
affaires vous attendent dans votre chambre.
Sans ajouter un mot je montai les escaliers qui menaient à l’étage, les ayant maintes fois
parcourus, sans pour autant jamais les considérer comme familiers. J’empruntai le couloir du
premier étage. La porte de ma chambre était la dernière sur la gauche. Il y avait quatre ans de cela, de l’autre côté du couloir, se trouvait la chambre de mon père. Mais quand j’étais revenu à l’été de mes huit ans, il l’avait fait déménager au second étage. Était-ce cette année là que nos relations avaient commencé à se dégrader ?
Je poussai la porte en bois sombre, m’attendant à l’entendre grincer, comme convenu pour
une habitation de ce genre, mais elle n’émit pas un son. Je cherchai à tâtons l’interrupteur, puis quand la lumière se fit, je redécouvris « ma chambre ». Le vieux papier peint, que j’avais recouvert de dessins à l’âge de six ans, avait été remplacé par une peinture d’une couleur que je qualifierais de « neutre ». Tant mieux. Mes premiers chefs-d’œuvre, des licornes et autres créatures fantastiques apposés sur les murs de ma chambre avec la bénédiction de mon père, n’auraient plus été à mon goût à présent. Malheureusement, ça aurait été la dernière trace dans cette maison d’un souvenir heureux partagé avec lui.
Je balançai mon sac à dos sur le lit où il atterrit avec un léger rebond, pour m’intéresser de
plus près au fameux ordinateur. À la maison ‒ mon autre maison, celle qui avait été la mienne
pendant quinze ans ‒ je possédais un vieux modèle, si lent qu’il me dissuadait de l’utiliser pour autre chose que taper mes devoirs pour l’école. Celui-ci semblait complexe et simple à la fois, mais il faudrait peut-être que j’apprenne à le manipuler avant de me ridiculiser face à celui qui partagerait ma chambre au pensionnat. C’est avec un peu d’incertitude que j’appuyai sur le seul bouton qui n’appartenait pas au clavier. Un voyant composé d’un rond et d’une petite barre s’éclaira alors sur la touche que je venais de presser tandis que l’écran passait du noir au gris et faisait défiler rapidement un texte incompréhensible. Si c’était le bouton de mise en marche, pourquoi ne pas inscrire le sigle directement dessus ? Pourquoi le rendre invisible quand le voyant était éteint ? C’était avant de l’avoir allumé que j’avais besoin d’un indice, pas une fois que j’avais déjà trouvé ! Bref, maintenant que je le savais, je ne serais au moins pas l’idiot incapable de démarrer son propre ordinateur.
J’étais absorbé dans la compréhension des manipulations rudimentaires de l’appareil et je ne savais pas du tout combien de temps j’avais passé dessus quand mon téléphone portable, qui se trouvait au fond de mon sac à dos, sonna. J’avais oublié d’appeler ma mère pour la prévenir que j’étais bien arrivé ! Je me précipitai sur le lit pour attraper mon portable avant que la sonnerie ne cesse. Ma mère devait être inquiète, j’allais avoir droit à de sérieux reproches pour ne pas l’avoir appelée comme promis. À peine eus-je décroché que l’anxiété transparut dans sa voix.
‒ Alex ? Tu es bien arrivé ? Ton vol s’est bien passé ?
‒ Oui, maman. Je viens d’arriver au manoir.
Ce n’était pas tout à fait vrai, mais mieux valait ne pas envenimer les choses.
‒ Ça fait bien une heure que Nestor m’a appelée pour me signaler que vous étiez rentrés!
Raté ! Comment allais-je pouvoir rattraper ça …
‒ Je déballais mes affaires, et puis j’ai essayé de me servir du nouvel ordinateur portable que papa m’a acheté…
J’espérais noyer le poisson. En règle générale, j’évitais de mentionner mon père, ce qui
devenait délicat quand je me trouvais justement chez lui. Je savais que parler de lui était toujours difficile pour ma mère, même si elle essayait de ne pas me le montrer.
‒ Tu as vu ton père ? Il est à la maison ?
Au son de sa voix, je compris qu’elle espérait que, pour une fois depuis ces trois dernières
années, il se montrerait à la hauteur.
‒ Non … non en fait il n’y a que Nestor et moi. Il sera sûrement là ce soir …
Dans un mouvement inconscient je me retournai pour consulter le réveil posé sur ma table
de chevet : il était déjà sept heure.
‒ Bon, mon chéri, il faut que je te laisse, bafouilla ma mère pour mettre fin à la conversation. Essaie de te plaire dans ta nouvelle école. Parle aux gens, ne reste pas dans ton coin. Et donne-moi de tes nouvelles régulièrement.
Puis elle raccrocha. Tout à coup je me sentis un peu seul. J’avais l’habitude d’être seul,
j’aimais la solitude. J’étais fils unique et d’un caractère plutôt solitaire dans ma précédente école. Cependant, en ce moment même, j’avais l’impression de n’avoir personne à qui me raccrocher. Un soutien, une simple présence. Ce n’était pas le moment pour la déprime, cependant. Si mon père me trouvait ainsi pour le dîner, SI il rentrait dîner, il se sentirait obligé de remplir ses fonctions parentales et de me remonter le moral. Je ne voulais pas lui imposer cela. Je ne voulais pas m’imposer du tout. Comme pour me faire réagir, une clochette tinta au rez-de-chaussé : c’était le signal qui indiquait que le repas était servi.
Mon père n’était pas rentré pour le dîner, ni plus tard dans la nuit, ce que je compris à l’air
quelque peu embarrassé de Nestor au petit déjeuner. En bon maître d’hôtel qu’il était, il avait veillé à ce que j’avale les doses idéales de sucres lents et autres vitamines « indispensables à la croissance d’un adolescent » comme l’aurait dit ma mère. À croire qu’ils s’étaient donnés le mot ces deux-là. Une fois venu le moment de partir, Nestor m’attendait déjà devant la maison et mes bagages avaient été chargés. Je m’installais dans l’habitacle, sur le siège arrière tandis que Nestor, toujours aussi guindé, prenait place derrière le volant. Sans un mot je mis mes écouteurs et me coupai du monde. À la vérité, j’étais quelque peu effrayé par ce qui m’attendrait un fois là-bas. Le pensionnat, ce n’était pas comme un lycée normal où l’on a la promesse de quitter l’oppression du système éducatif à la fin des cours. À présent, à la fin de ma journée, il n’y aurait que le dortoir. Aucun refuge, aucune échappatoire.
Durant les trois quarts d’heure qui me séparaient de l’établissement Saint Georges, je pensais aux deux seuls amis que je laissais derrière moi, à Londres. Je n’avais jamais pensé qu’une amitié indéfectible nous liait. Zaac était presque aussi solitaire que moi. Il aimait le sport, mais pas ceux qu’on pratiquait en équipe. Le skateboard était pour lui ce que la musique était pour moi, un refuge. Il m’avait dit une fois qu’il trouvait « fatigante » la socialisation avec les jeunes de son âge et qu’il m’appréciait parce qu’avec moi, il n’avait pas besoin de jouer la comédie de l’adolescence que tous les élèves jouaient entre eux et qu’il détestait. C’était facile d’être avec lui : j’écoutais ma musique et il faisait quelques figures sur son skate. Mon autre amie était Amy, dont le vrai nom était Annabelle. Souvent, je lui faisais partager la musique qui me plaisait. Elle était gentille, calme, et pas bavarde comme les oies de ma classe. Je crois que sa relation avec ses parents était tendue. C’était une bonne élève, mais qui n’excellait en rien. Elle ne faisait aucune activité extra-scolaire, n’avait pas de passetemps particulier… Ses parents la poussaient pour qu’elle se surpasse, mais elle ne voulait pas se démarquer. C’était une fille timide.
Je pouvais donc compter deux amis dans mon ancienne école, mais nous étions dans des
classes différentes. J’étais donc souvent seul, et je m’en accommodais bien. Pourtant en ce moment j’avais une brusque envie de leur parler, de les appeler. Je n’aurais pas osé partager mon angoisse avec eux, il était toujours gênant d’avouer qu’on a peur, mais entendre leurs voix un instant m’aurait donné l’impression que rien n’avait changé. Que j’avais toujours quelqu’un, quelque part, qui pensait à moi.
La voiture quitta la route principale pour un chemin chaotique. Avec le montant des
cotisations versées par chaque élève de l’établissement, ils auraient pu songer à investir dans une route de meilleure qualité. Au bout d’un kilomètre environ, le goudron laissa place à un gravier qui crissa sous les pneus de notre véhicule.
Deux voitures nous avaient suivis sur ce chemin et, devant le bâtiment qui deviendrait mon chez-moi pour les dix mois à venir, stationnaient d’autres véhicules. Des chauffeurs en sortaient, ou des pères de familles en costume-cravate. Le mien était-il au courant qu’il était convié à participer à la journée de rentrée de son fils ? S’il l’était, il avait choisi de l’ignorer. À la place, j’y assisterais avec Nestor… Je n’étais même pas encore arrivé que j’avais hâte
que cela se termine.
Deux voitures plus loin, une parfaite petite famille s’apprêtait à passer les portes de l’imposant bâtiment. Puis la voiture suivante vint se placer au même endroit et ses occupants en descendirent. Le chauffeur redémarrait et suivait le chemin qui contournait le bâtiment, sûrement pour décharger les bagages de l’élève en question dans une zone réservée à cet usage. Quand ce fut mon tour, je sortis rapidement, essayant de ne pas penser aux autres voitures, aux autres élèves, ni au bâtiment dans lequel j’allais entrer.