Le berceau du Chaos (2.)

Ezphine parcourut le cosmos de ses pieds nus, le corps dénudé et froid. De ses mains frêles et pâles, elle prit quelques morceaux d’espace, les tissa en une toile épaisse qu’elle revêtit pour cacher sa nudité.

La déesse- mère de la Magie entamait son oeuvre.

Ases, qui n’était jamais très loin, la regardait avec de plus en plus de désir. Une folle envie de la posséder grandissait au creux de ses reins.

Alors qu’Ezphine finissait d’attacher son étole, Ases vint se coller à elle et attrapa ses hanches. Prise au dépourvu, la déesse- mère tenta de se libérer de l’emprise du Chaos, néanmoins la force colossale de ce dernier ne fit que la propulser. Elle tomba à la renverse, déchirant un pan de sa toge.
Le dieu- père, davantage excité, se jeta sur Ezphine et arracha le reste de sa tunique, exhibant sa petite poitrine.

Il embrassa chaque parcelle de sa peau tandis que la jeune déesse se débattait. Le dieu- père n’avait que faire des gémissements de sa compagne, ce qu’il voulait c’était une descendance puissante et inégalable tout en restant maître de ce monde.

Alors qu’il passait ses mains rugueuses et brûlantes sur le corps glacé d’Ezphine, celle- ci le repoussa avec violence. Elle se releva et lui asséna un coup de poing dans la mâchoire, qui déséquilibra son époux. Il contre- attaqua, la souleva et la lança à terre, au milieu de la brume noire.
Après avoir maîtrisé Ezphine, il entra en elle en lui arrachant un hurlement de douleur aiguë.

De ce cri perçant jaillit Lynir, une créature faite de souffle et de ténèbres, l’Obscurité, le Cauchemar. Il était dépourvu de membres inférieurs et son âme manquait à l’appel.
Il flottait au dessus d’Ases et Ezphine qui pleurait toutes les larmes de son corps.

” Combien de temps ce calvaire va-t’il encore durer?” Pensa la déesse- mère.

Les yeux fermés, elle concentra pour oublier. Elle cherchait à l’intérieur de son âme un instant de bonheur. Mais il n’y en avait pas. Alors, elle le créa. Une seconde échappée, virevoltant en dehors des limites de ce monde. Ezphine la ramena auprès de Lynir. C’était une étincelle semblable à celle qu’Ezphine avait été au moment de sa création: nimbée d’une lumière éclatante et chatoyante.

” Erae, ma fille.”

Malgré ce bonheur, la déesse ne pouvait s’arrêter de pleurer tant la douleur et la sauvagerie d’Ases étaient insupportables.
Une larme se déroba sous l’échine d’Ezphine et se réfugia dans l’ombre brumeuse. Elle tournoyait, s’étalait, prenait vie se nourrissant de la tristesse de sa créatrice qu’elle transforma en aigreur, puis en colère jusqu’à cette rage devienne la  caractérisation de cette créature.
Son affaire terminé, Ases s’allongea au coté de sa reine et tomba dans les bras de Morphée.

” Ita.” lâcha Ezphine dans un souffle de soulagement avant de disparaître.