“Excusez-moi mais les heures de visite sont terminées, il faudra repasser demain, votre fils a besoin de reprendre des forces son traitement est assez lourd.”
Mon père proteste mais ma mère en femme très à cheval sur le respect des consignes attrape son sac et après m’avoir embrasser rapidement sur le front quitte la chambre en me promettant de revenir le lendemain. La porte se referme et je vois les épaules de Brünnhilde se relâcher. Elle se tourne vers moi avec un grand sourire, pose le plateau sur ma tablette et m’aide a me redresser.
“J’ai cru qu’ils ne partiraient jamais, un peu collants tes vieux, non?”
Surpris de cette familiarité j’observe cette femme si déroutante. Mes mains étant attachées, la nurse s’installe pour me donner à manger. La première bouchée de purée est un vrai délice, n’ayant rien avalé de solide depuis une semaine, tous mes sens sont en éveil, c’est un plat simple qui provient d’une cuisine d’hôpital mais je me régale. les cuillères s’enchaînent et je remarque que la femme m’observe avec amusement et curiosité.
“J’ai l’impression que j’ai interrompu quelque chose tout à l’heure en entrant?”
– Non pas grand chose, mon père voulait me parler d’un sujet important semble-t-il, mais bon il s’inquiète toujours pour rien.
Le visage de Brünnhilde change soudain d’expression. Avant même que j’ai pu finir mon repas elle le retire de la tablette et quitte la pièce sans explication me laissant seul et l’estomac à moitié rempli. Un peu plus tard dans la soirée le médecin repasse dans ma chambre pour faire un petit bilan de cette première semaine. A la fin de notre entretien il estime que mon état ne nécessite plus les sangles, il me libère.
“Une infirmière passera pour retiré la sonde urinaire et tu pourras faire quelques pas dans le couloir. Mais pas de blague si ton comportement devient une menace pour les autres patients ou le personnel médical nous te remettrons les contentions.”
Je remercie le bon docteur, la situation n’est pas si désespérée finalement. Ne pouvant pas encore me lever je regarde autour de moi, il n’y a pas de télévision et je m’ennuie un peu. Mon regard se pose sur la table de chevet, le livre d’horreur est toujours là, un bout de papier dépasse des pages, je tire la petite carte et y découvre le logo de la bibliothèque où je travaille et au bas de la liste, mon nom et prénom inscrits à la main, mes yeux parcours la colonne et je découvre le nom de Lenny, elle a emprunté le livre un an avant moi, je trouve çà étrange. Ma tête se remet a tourner, ma poitrine me fait mal, je fais de nouveau une crise d’angoisse. Un infirmier entre dans la chambre, il appelle du secours, l’aiguille pénètre ma chair et je me sens partir dans les limbes.
A mon réveil, j’aperçois dans la pénombre une silhouette au bout de mon lit, la forme bouge et s’approche plus près de moi, ma respiration s’accélère, mon corps se crispe. Une main froide touche la mienne. C’est Lenny, elle m’observe la tête penchée sur le côté, sa peau a changé de couleur, la blancheur à laisser place au verdâtre, de sa bouche sort un petit sifflement. Mon corps se tétanise, ma gorge est nouée aucun son ne sort, ma respiration s’accélère, son visage est prêt de mon oreille maintenant, elle prend un moment et finit par me dire avec une voix presque métallique :
“Trouves le loup…”
L’odeur que dégage son corps est insupportable, je réprime un haut le coeur et tourne ma tête de l’autre côté, les yeux fermés très fort.
“Alex, chéri, c’est maman, tu te sens bien?”
C’est ma mère, mon front perle de sueur, j’ouvre les yeux, mon corps tremble sans s’arrêter, l’expression de mon visage en dit long. Elle se dirige vers la porte et appelle une infirmière.
“Que se passe-t-il madame?”
– Pourriez-vous détacher mon fils, il se sent mal.
“Je vais voir avec le médecin de garde, je reviens”
Encore sous l’effet de la peur je ne réalise pas tout de suite que mon père est absent et que je suis de nouveau attaché. Ma mère s’affaire à remettre mon lit en état.
“Alex qu’est-ce qui t’a prit de faire une crise hier soir?”
– Je ne me souviens plus, c’est flou…
” Je suis sûre que c’est à cause de la déclaration de ton père, il n’a jamais su s’y prendre avec toi.”
– Mais que voulait-il me dire de si important?
” Mon coeur tu es fatigué et nous devrions nous concentrer sur ta situation plutôt que nous disperser avec des détails sans importance.
– Maman, tu sais que je n’aime pas les cachoteries, dis moi ce qu’il a de si grave a m’annoncer.
Avant même d’avoir la réponse le médecin entre dans la pièce, ce n’est pas le même que la veille, il n’a pas l’air commode, un coup d’oeil rapide à mes constantes, il donne ses directives à l’infirmière. Se tournant vers ma mère il lui fait signe de le suivre. Je regarde autour de moi, Lenny a disparut mais je garde en tête sa phrase… Trouver le loup? mais çà veut dire quoi? Et comment je fais avec mes mains sanglées? Je remarque que la blouse de Brünnhilde n’est pas fermée jusqu’en haut et je peux apercevoir les traits d’un tatouage, mais je n’arrive pas a voir ce qu’il représente.
“T’inquiètes pas je vais mettre un truc dans ta perf, tu vas planer, fais de beaux rêves!”
Elle me sourit et referme sa blouse. Un liquide froid coule dans tout mon corps, mes paupières sont lourdes et je peine a garder les yeux ouverts. Avant de les fermer j’aperçois Lenny juste derrière l’infirmière, elle passe ses mains autour de son cou. J’essaye de la prévenir mais mes forces m’abandonnent et je sombre dans le sommeil.
Alors qu’il me semble avoir dormit une éternité, des bruits de casseroles me sortent de ma torpeur, l’odeur des draps m’est familière, le lit semble plus confortable, je suis dans ma chambre, je me frotte les yeux, je ne rêve pas, je suis bien chez mes parents. J’entends ma mère dans la cuisine, elle chantonne en faisant du café. Aurais-je imaginé les événements de ces derniers jours? Ou suis en train de rêver?
To be continued…
rien a dire, du romanesque, bien écrit, de l expérience,
je suis toujours ébahi de voir la facilité de construire,structurer une histoire de la part de certains. hâte d avoir la suite!
bravo.il y a du charisme.
Merci Olivier ton commentaire me touche beaucoup, je suis très heureuse que tu te sois pris au jeu, j’espère continuer sur ma lancée. ????
Alors ça ! Je m’y attendais vraiment pas..
Ahhh j’aime vous surprendre ????
Bonjour Éloïse. Alors d’ordinaire je ne suis pas vraiment fan des histoires d’horreur mais je dois avouer que tu m’as eu. Je suis complètement accro à ton histoire et il me tarde sincèrement de lire la suite.
Bonjour Mathilde, c’est un super compliment, merci beaucoup. Si j’ai pu te captiver j’ai réussi ma mission. J’espère que aimeras la suite.
Bonjour, et bravo pour l’écriture!
(c’est quoi ce truc dans la perf!)
Ah voici donc peut-être l’explication de ton commentaire par rapport au rêve dans mon histoire^^
On reprend un peu son souffle ici, ça fait du bien. Pour repartir de plus belle ?
Et sinon, elle est vraiment très louche cette infirmière^^
Une petite pause et çà repart.