Elle lui avait dit que ce n’était pas une bonne idée. Qu’il avait déjà les réponses à ses questions. Qu’aller plus loin serait une erreur.
Il avait insisté, comme un imbécile.
Ah, il était bien avancé, maintenant qu’il avait sa réponse !
Assis dans la cour du lycée, Nalio réfléchissait.
– Tu n’as pas mangé ce midi.
Il ne releva même pas la tête. Il savait bien qui parlait.
– Laisse-moi tranquille, Wilhelmina.
La jeune femme fit la moue. Lorsqu’il prononçait son prénom en entier, ce n’était jamais bon signe…
– Tu ne veux même pas en parler ?
Il renifla.
– A quoi bon ? On va bien remuer le couteau dans la plaie, et après ?
– Je vais t’aider.
– Pourquoi ?
La brunette lui releva le menton pour qu’il la regarde dans les yeux.
– Parce que tu es mon meilleur ami, voyons !
Il la repoussa brusquement :
– Tu vas arrêter de dire n’importe quoi, oui ? Je t’ai entendue, hier ! Je t’ai fait du mal ! Tu ne peux pas dire après que nous sommes amis !
– Si.
Elle lui prit doucement la main.
– Parle-moi, Nalio.
– Je n’ai rien à dire.
– Ce n’est pas vrai. Explique moi.
Il prit une grande inspiration.
De toute façon, il était incapable de lui cacher quoi que ce soit trop longtemps.
– Je m’en veux. Je t’ai blessé inutilement. Si je n’avais pas insisté hier…
– Si ce n’est que ça, rassure-toi je vais bien, lui dit-elle, toujours aussi calme.
– Non… Je…
– Oui ?
– Je crois que j’ai eu plus de réponses que ce que je voulais.
– Ah.
La brune fouilla dans son sac et sortit un crayon et un carnet.
– Je t’écoute.
– Je préfère les garçons.
– Wouah ! Quel scoop ! rit-elle, avant de redevenir sérieuse. Bon, tu remarqueras que, du coup, on aurait pu éviter le fiasco d’hier.
– S’il-te-plaît ! N’en parle pas !
– D’accord. Mais il faudra bien aborder le sujet un jour, tu sais ?
– Le plus tard sera le mieux !
Elle rit légèrement.
– Comme tu veux. Qu’est ce qu’il y a d’autre ?
– C’est gênant…
– Encore plus gênant que le-sujet-qu’il-faudra-un-jour-aborder-et-que-tu-fuis-comme-la-peste ?
– Peut-être pas… Mais justement… En parler juste après ce qu’on a fait…
Un sourire fleurit sur les lèvres de son amie.
– C’est qui ? C’est qui ? C’est qui ? hurla-t-elle presque.
– Personne.
– Alleeeezzz ! Dis moi ! S’il te plaît !
Nalio enfouit sa tête dans ses bras,en gémissant de désespoir.
– Mais non !
– Tant pis…
Le rouquin leva les yeux, surpris et méfiant, vers elle. Elle abandonnait rarement aussi facilement, d’habitude…
– Tu vas bien ?
– Oh, oui…
Il la regarda attentivement. Le regard de son amie était fixé sur un point bien précis. Il le suivit des yeux et tomba sur…
Aniaba.
– Comment t’as deviné ?
– Figure-toi, qu’hier tu t’es endormis et qu’un certain Aniaba semblait bien plus t’exciter que moi…
Nalio se mordit les lèvres. Il s’en voulait.
– Pourquoi tu ne vas pas lui parler ?
– J’ai du mal à comprendre pourquoi tu n’es pas fâchée contre moi…
– Ne détourne pas la conversation !
– Je ne vais pas lui parler parce qu’il ne me connaît pas.
– Mais moi je le connais !
Elle l’attrapa par le bras et le tira vers le groupe du garçon à la peau chocolat.
– Tiens donc, tu m’adresses de nouveau la paroles ? s’étonna ce dernier.
La jeune femme lui claqua un bisou sur la joue.
– Idiot ! On s’est vu hier en cours !
– Et c’est qui, lui ? Ton prince charmant ?
Nalio se raidit immédiatement.
Oh non… Pourvu que personne ne sache…
La brune, elle, se pencha pour lui chuchoter à l’oreille :
– Le mien, certainement pas, mais peut-être le tien…
Un sourire fleurit sur les lèvres pleines d’Aniaba.
– Nalio, c’est ça ?
– Oui…
Pourquoi n’avait-il plus de voix, d’un coup ?
– T’es dans la section Littéraire, comme Will ?
– Qui ça ?
– C’est moi, Will, éclaircit la jeune femme. Il n’a jamais voulu m’appeler autrement. Aniaba, pour Nalio, mon surnom, c’est Mina.
– Je sens que ça va être compliqué, cette affaire ! grommela le rouquin.
– A qui le dis-tu !
Puis il traîna Nalio vers le stade, afin de “discuter loin de cette pipelette”.
Le jeune homme était complètement désorienté.
Alors il suffisait de ça et on devenait le meilleur ami d’Aniaba ?
Il se retourna pour voir Mina lui sourit avant de se précipiter vers les toilettes. Il se mordit la lèvre pour ne pas soupirer. Elle lui avait menti. Elle n’allait pas bien. C’était de sa faute, il en était certain…
A côté de lui, Aniaba était assis sur le muret qui séparait le lycée du stade.
– Il y a un soucis ? demanda gentiment le jeune homme.
– Je comprends rien à ce qui se passe. Il y a cinq minutes, j’était en train de crier sur Mina et maintenant je suis là.
Aniaba pouffa de rire :
– Hum… Tu sais que c’est elle qui t’as amenée vers moi au moins ?
– Oui. Et je comprends pas du tout pourquoi.
Cette fois, le jeune homme éclata franchement de rire.
– Il ne faut pas chercher à la comprendre ! Will est très compliquée… Mais, à mon avis, tu as une idée de ce qu’on fait ici… Non ?
– Non.
Enfin si… Mais il n’allait pas lui dire ça ! Il ne le connaissait même pas !
– Moi, je pense qu’elle essaie de faire d’une pierre trois coups.
– C’est deux coups, l’expression, non ?
– Oui, mais pour le coup, c’est trois.
– Ah ?
– Tu vois, il n’y a pas si longtemps, j’ai vécu un… un traumatisme ? On va appeler ça comme ça. En tout cas, elle est persuadée que je suis traumatisé. Bref, je pense qu’elle essaie de me changer les idées. Toi, je pense qu’elle essaie de te caser avec moi… Et elle, à mon avis, elle essaie de t’oublier.
– Hein ?
Mais de quoi parle-t-il ?
– Elle est raide dingue de toi, ça se voit à des kilomètres !
Il comprenait un peu mieux pourquoi elle avait accepté la veille…
Il était vraiment un monstre de lui avoir fait subir ça.
– Comment tu sais qu’elle veut nous caser ensemble ?
– Elle me l’a dit. Enfin, pas comme ça, mais elle me l’a dit. C’est pour ça que je t’ai emmené à part.
Nalio resta figé face au jeune homme devant lui.
– Elle a dit ça ?!
– Ben, oui…
– J’y crois pas…
Aniaba posa une main rassurante sur l’épaule du rouquin :
– Hey, pas la peine de te mettre en colère.
– Mais, enfin ! On ne met pas les gens en couple juste en les présentant !
Le jeune homme sourit.
– Pourquoi pas ? On pourrait bien s’entendre. Tu as l’air sympa – enfin, quand tu n’énerve pas – et tu n’est pas trop mal…
Nalio laissa échapper un rire nerveux.
Hier, il faisait la plus grosse bêtise de sa vie. Cinq miniutes plus tôt, il faisait son comming-out à sa meilleur amie, lui avouant au passage de qui il était amoureux. Deux minutes plus tôt, il rencontrait plus franchement cette personne… Et elle le trouvait à son goût !
Il y avait quelque chose qui clochait.
Le brun regardait étrangement Nalio.
– Mais… On ne peut pas… Pas comme ça !
Aniaba lui prit la main et le força à s’assoir à côté de lui sur le muret.
– Explique moi.
– Je ne peux pas.
– Pourquoi ?
Il le regardait avec tant de gentillesse et de douceur que Nalio se prit à penser que, oui, ça pourrait se passer aussi vite… Mais non. Il avait besoin de temps.
Et il ne croyait pas aux coups de foudre.
– Je… C’est gênant !
– Bien sûr que non ! C’est toi qui décide que ça l’est ! Explique moi ce qui ne vas pas…
– Je ne comprends pas.
– Quoi donc ?
– Pourquoi, d’un coup, alors qu’on ne se connaît pas, tu veux bien sortir avec moi ? Pour Mina ? Je ne comprends rien à ce qui se passe !
Aniaba lui prit la main et lui sourit avec sincérité.
– Will m’a énormément parlé de toi, tu sais. Elle t’adore… Et à force de l’écouter, j’ai appris à te connaître. Et c’est loin de me déplaire !
Les joues écarlates, Nalio le laissa caresser sa main, ses yeux verts perdus dans ceux gris qui brillaient en face de lui.
– Je… Je t’ai beaucoup observé – de loin – et, moi aussi, j’ai appris à te connaître… Mais c’est compliqué…
– Pourquoi ?
Il n’avait pas du tout envie de lui parler de la veille.
– C’est compliqué. répèta-t-il.
Compréhensif, Aniaba hocha la tête. Nalio lui en fut reconnaissant et ils se regardèrent ainsi, longuement.
Brusquement, il y eu des cri, dont un qui fit sortir Nalio de sa contemplation silencieuse.
– Mina ! Mina ! Ohé !
Sans réfléchir, il se précipita vers le groupe qui s’était formé…
Et tomba sur le corps étendu de sa meilleure amie.
Lentement, il s’assit à côté d’elle et lui prit la main.
– Mina ?
Si elle n’avait pas été si pâle, on aurait pu croire qu’elle dormait.
– Mina ?
Il continua à l’appeler, doucement. Comme si elle l’entendait, alors qu’un surveillant appelait l’infiermière.
Puis elle repris conscience.
Nalio lui sourit nerveusement.
– Tu devrais rentrer chez toi et dormir, sinon tu vas finir à l’hôpital.
– Je vais bien…
– Non. Nalio l’aida à se lever l’accompagna à l’infirmerie, non sans avoir glissé un “je reviens” à Aniaba.
Arrivés dans la pièce aux murs blancs, il fut rapide de constater que le jeune femme n’avait pas dormi depuis trop longtemps…
Nalio resta un instant avec elle, jusqu’à qu’elle lui ordonne de sortir : “Tu es trop stressé, ça me donne mal au crâne”.
Il ne protesta pas et sortit, soucieux.Et se heurta à un mur… Qui lui tapota gentiment le dos.
– Comment va-t-elle ?
– Cela fait des mois qu’elle ne dort pas, ou très peu… Si j’avais pas déconné hier, elle aurait sans doute dormis un peu…
Aniaba l’attrapa par les épaules et le secoua un peu.
– Arrête de raconter des bêtises ! Tout le monde sait qu’elle est malade ! Si ce n’était pas aujourd’hui, ça aurait été demain ! Il faut qu’elle voit un psy, tout le monde lui dit ! Mais elle n’écoute personne ! Ce n’est pas de ta faute, d’accord ?
Nalio senti les larmes lui monter aux yeux. C’était si gentil… Et il avait si peur… Il laissa le métis l’enlacer et se blottis contre lui en reniflant.
– Très classe, ricana Aniaba.
Nalio rit un peu, tentant de se défaire de cette tension qui ne partait pas. Une main couleur chocolat lui caressait le cheveux et il se détendit petit à petit.
– Nalio ?
– Hum… ?
Le rouquin était ailleurs, dans un monde où il n’avait pas fait souffrir sa meilleure amie et où il sortait avec un certain métis atrocement gentil…
– Est-ce que… Non. Laissa tomber…
– Dis-moi… Maintenant qu’il savait qu’il lui plaisait, il avait bien envie de griller l’étape “faisons connaissance et devenons amis avant de tenter quoi que se soi”.
Et il voulait vraiment qu’ Aniaba se confie à lui.
– Est-ce que tu pourrais m’aider sue un projet ? Will m’a dit que tu as un certain talent pour la cinématographie…
– Bien sûr, de quoi il s’agit ?
Le jeune homme avait bien comprit son besoin de changer de sujet. La situation était difficile.
– Je fais parti d’une association pour aider les personnes âgées… J’aimerais produire un petit court métrage et les fonds qu’on récolterait avec le visionnage servirait à l’association…
– Bien sûr !
Nalio sentait que c’était là que se trouvait le début de leur relation. Il était reconnaissant à Aniaba de lui laisser du temps. Aniaba était la personne le plus douce, la plus gentille et la plus patiente qu’il n’ai jamais rencontré. Il se refusait de tout gâcher. Il avait la chance de sa vie devant lui, il le savait. Mais une partie de lui restait terrorisée. Et s’il ne l’aimait pas ? Et s’il faisait tout cela pour faire plaisir à Mina ? D’un autre côté… Il était fou amoureux depuis trop longtemps pour ignorer la sensation de plénitude qu’il avait dans ses bras.
– Merci, Nalio.
C’était son nouveau planning : en semaine, il allait en cours, le samedi, il tournait avec Aniaba et ses amis et le dimanche, il allait chez Mina pour prendre des nouvelles.
Cette dernière passait d’ailleurs beaucoup de temps à parler au métis et Nalio ne pouvait s’empêcher d’être profondément jaloux.
Si bien qu’un samedi midi,Les deux jeunes hommes se trouvaient dans un parc, non loin d’une maison de retraite et mangeaient des sandwich, alors qu’ils faisaient une pause dans le court métrage, il ne pu s’empêcher de demander à Aniaba :
– Tu l’as rencontrée comment, Mina ?
Il fut alors surpris de voir le sourire du jeune homme s’effacer.
– Elle ne te l’as pas raconté ?
– Non… A vrai dire, elle ne parle jamais d’elle.
– Tu marques un point.
Il y eu un court silence, puis il reprit :
– Je suis son demi-frère… Enfin, ma mère vit avec son père.
Un immense soulagement s’empara alors du rouquin, qui s’en voulu aussitôt d’avoir soupçonné son amie de manigancer quelque chose.
– Elle t’aime beaucoup, tu sais.
Nalio déglutit avec difficulté. Il avait encore sa bêtise sur la conscience.
– Nalio ?
– Hum ?
Il avait la gorge sèche. Il avait peur. De quoi, il n’en savait rien, mais il était terrorisé.
– Tu est en train d’écraser ton sandwich…
Effectivement, il le serrait si fort dans sa main que le pauvre sandwich commençait à partir en bouillie.
Le rouquin desserra sa prise, toujours tendu.
Il l’était tout le temps depuis le malaise que Mina… Sans elle, il était complètement perdu.
Un bras réconfortant l’entoura et il se blottis un peu plus contre Aniaba. Il lui donnait tellement, et lui, que faisait-il ? Rien du tout !
Doucement, il releva la tête vers celle du garçon qui hantait ses pensées.
Il avait tellement envie de l’embrasser ! Mais il avait peur, aussi…
Il voyait son sourire doux, son regard tendre…
Nalio ferma les yeux et posa ses lèvres sur celles du métis.
Instantanément, Aniaba lui répondit.
Serrés l’un contre l’autre.
Contact brûlant, intense…
Ils manquaient d’air.
Mais ils ne voulaient pas se détacher.
Finalement, ils s’écartèrent.
Nalio avait toujours les bras autour de la nuque d’Aniaba, ce dernier enlaçait toujours son beau roux. Seules leurs lèvres s’étaient éloignées.
– Nalio… commença le brun.
– Attends ! je suis désolé de t’avoir fait attendre ! J’étais terrorisé ! C’est ma première relation, tu sais… mais j’ai été stupide. Je suis raide dingue toi, tu me dis que c’est plus ou moins réciproque et je veux attendre ! Je m’en veux, tu sais ! Je suis vraiment, vraiment désolé !
Le métis lui caressa doucement la joue avant de souffler :
– Je sais, tout ça… Je voulais justement te demander si tu avais encore besoin de temps… Moi, j’attendrais autant que tu veux.
– Non. Je n’en ai pas besoin. J’ai besoin de toi.
– Quelle coïncidence ! rit Aniaba en l’embrassant de nouveau.
Ils restèrent enlacés un instant, jusqu’à ce que le téléphone du jeune roux sonne. A contrecœur, ils s’écartèrent.
– C’est Mina.
La voix de la jeune femme était toute paniquée à l’autre bout du fil :
– Nalio ?
– Mina ! J’ai une super bonne nouvelle à t’annoncer, j-
– Plus tard ! On a un très gros problème ! Je t’avais dit qu’il faudrait qu’on parle !
Le jeune homme pâlit un peu. Il commençait deviner ce qu’il se passait. Et il espérait fortement se tromper…
– Que ce passe-t-il ?
La voix de la jeune femme s’accompagna de trémolos lorsqu’elle avoua :
– Je suis enceinte…
– J’arrive.
Et il raccrocha.
Le teint verdâtre, il se laissa tomber lourdement sur le sol. Aniaba s’installe à côté de lui, inquiet :
– Il y a un problème ?
– Oui. Un gros, gros, gros problème.
Il ne savait même pas pourquoi il disait cela. Par honnêteté, sans doute.
– Tu veux m’en parler ?
– Je n’ai pas le choix… Mais tu me promet de ne pas te fâcher ?
– Promis.
Alors il lui expliqua tout. Comment il avait tenté de se persuader qu’il préférait les femmes, plus jeune, comme il avait fini par demander à Mina s’il elle acceptait de coucher avec lui, pour l’aider à se comprendre, comment elle avait tenté de l’en dissuader, comment ça avait été un fiasco…
– Elle est enceinte. Je vais être papa…
– Elle peut avorter. C’est pour ça que tu dois aller la voir, la réconforter et prendre un décision ensemble.
– Elle ne le fera pas. Elle n’en sera pas capable.
– C’est vrai.
Aniaba se releva, poussa Nalio à faire de même et l’accompagna chez leur amie.Celle-ci était allongée, en larmes, sur son lit.
Doucement, le rouquin lui caressa les cheveux.
– Je suis là.
Il sentait bien qu’elle était à mis chemin entre l’envie de le gifler et celle de se réfugier sans ses bras. Alors il s’assit s’implement à côté d’elle, attendant qu’elle lui parle.
– On va faire comment ?
– Tu vas le garder, parce tu veux le garder, je le sais… dit-il en continuant de lui caresser les cheveux, puis on va l’élever ensemble. On est majeurs après tout… Au début, il restera peut-être plus souvent avec toi, parce qu’un enfant a besoin de sa maman. Puis quand il grandira, on pourra faire une semaine chez toi, une semaine chez moi… On va s’organiser, tu verras.
– Comment tu sais que je veux le garder ?
– Je te connaît. Tu ne cesse de répéter que tu ne veux pas d’enfant, mais à chaque fois que tu en vois un, tu fond…
– Pourquoi tu n’est pas fâché ?
– Pourquoi je le serrai ? C’est de ma faute, tout ce bazar, il faut bien que je m’implique un peu ! De toute façon, on aurait dû y penser… J’aurais dû y penser.
A cet instant, la brunette remarqua Aniaba.
– Oh… Salut… marmonna-t-elle en essuyant ses yeux rougis par les larmes.Puis elle ajouta, contrite :
– Je viens de gâcher votre relation… Je suis désolée…
Le métis éclata de rire et s’assit à son tour :
– Je ne sors avec Nalio que depuis quelques minutes ! Et puis, je ne vais pas lui en vouloir pour quelque chose qui c’est passé avant nous… Il m’a tout raconté. Ne t’en fais pas. Lui et moi, c’est du solide !
– Je suis heureuse, alors.
..
– Que fais-tu ? demande Nalio à Aniaba.
Le métis, il pot de peinture verte à ses pieds, repeignait une pièce de leur maison. Cela faisait à peine un mois qu’ils avaient emménagés… Et ces travaux n’étaient pas prévus du tout !
– Il faudra bien une chambre, pour le bébé, non ?
Nalio s’approche doucement de son amoureux et l’embrasse avec tendresse. Il s’étonnait toujours la la facilité avec laquelle il avait accepté la nouvelle… Et il était heureux de voir qu’ils formeraient une jolie famille.
Depuis la naissance des triplés, ils étaient légèrement surchargé, mais tout allait bien. Les enfants étaient calmes et ne pleuraient presque jamais, au grand bonheur des parents.
Nalio avait piqué une légère crise lorsqu’il avait su que ce seraient des triplés, mais Mina et Aniaba lui avaient rapidement fait remarqué qu’ils étaient justement trois… Harry, Honey et Hélios.
Les trois passions de Mina : Harry Potter, le miel et la mythologie.
La paternité n’avait rien changé à la relation des deux hommes. Au contraire, Aniaba s’était montré encore plus patient et aimant qu’auparavant et ils en était ressortis encore plus unis.
Depuis des mois qu’ils étaient ensemble, ils ne s’étaient jamais vraiment disputé, sauf si on compte le jour où Nalio avait piqué des frites dans le plat d’Aniaba… L’histoire se terminant dans une magistrale bataille de nourriture.
Depuis deux mois, ils avaient leur propre maison et vivaient pleinement leurs projets, l’un continuant avec des études de cinématographie, l’autre ayant commencé des études de médecines.
La vie leur semblait merveilleuse, surtout un certain soir de février, dans un parc qui leur était désormais familier.
Mais dans la main, la tête posée sur l’épaule de l’autre, le regard tendre, ils fêtaient avec romantisme cette journée des amoureux.
– Aniaba…
– Oui ?
– Tu ne devineras jamais…
Un sourire amusé apparut sur les lèvres du beau métis, ainsi qu’une lueur de défi dans le regard.
– Vraiment… ? Laisse-moi deviner… Tu m’aimes ?
– Oui, mais ce n’est pas ce que j’allais dire ?
– Hum… Tu veux m’épouser ?
– C’est si gentiment demandé ! Evidemment que je veux !
Aniaba éclata de rire :
– J’y crois pas ! Tu te débrouille pour que je le fasse à ta place en plus !
– Pas du tout ! Tu l’as fais tout seul !
Riant comme des baleines, ils s’approchèrent d’un banc qu’ils connaissaient tout aussi bien.
Redevenant sérieux, le brun demanda :
– Dis-moi… C’était une plaisanterie où bien…
Nalio sortit un petit écrin de sa poche :
– Non, j’étais plus que sérieux.
Il ouvrit doucement la petite boîte et demanda avec tendresse :
– Aniaba, tu veux m’épouser ?
Des larmes pointèrent et le métis l’embrassa, non sans avoir un murmuré un “évidement que je veux !”.
Puis il regarda ce que contenait l’écrin…
– Un collier ?
– Je sais que tu n’aimes pas trop les bagues alors…
Submergé, Aniaba l’embrassa de nouveau.
– Tu es parfait…
– Pas autant que toi.
Peau noire, peau blanche.
Eclat de passion.
Nalio et Aniaba s’aiment.
Fin