Elle est partie encore aujourd’hui. Je ne sais pas pour combien de temps, je crois bien qu’elle même ne le sais pas.
J’avais envie d’écrire, ça me détends, ça m’empêche de penser. Et puis ça me fait passer le temps. Le temps de son absence.
Alors comme à mon habitude, je prends mon crayon et ma feuille, je trace des lignes, les unes après les autres, parallèles. Je fais bien attention à les espacer des même distance. La régularité, l’impression de contrôle, ça au moins je peux le gérer. Enfin jusqu’à ce que le brouillard revienne. Lui il me perd, il me désorganise. Mais même dans le brouillard, j’y vois clair quand je suis concentrée.
Une fois les lignes tracées, je m’abandonne à nouveau à la brume je la laisse m’envelopper, bien qu’elle me perde, elle a toujours été là et le sera toujours, j’apprivoise sa nature petit à petit, j’apprends à la comprendre, à lui laisser sa place pour l’aimer.
Au fond, c’est un peu elle qui me guide, mais j’ai appris à lui donner des formes et l’orienter, la canaliser.
Alors voilà, ma main se pose en haut de la feuille, et je laisse les mots couler les uns après les autres. Comme à mon habitude lorsque je me laisse porter par mes propres nuages de brumes, les mots ne partent pas dans la directions que je souhaitais initialement. C’est une nouvelle exploration pour moi, un nouveau chemin qui se dessine à chaque fois. Tortueux, ondulant, serpentant autour de mes idées, vagabondant à sa guise.
Il fini par trouver une forme plus stable, s’allonge dans cette direction jusqu’alors inexplorée, inédite.
Je l’observe tout au long de mon voyage. J’ai l’impression de voler au dessus du monde, au dessus de cet univers de pensées, d’états, je vois défiler une rivière, elle s’est matérialisée il y a peu. Très certainement à cause des ondulations. Elle tranche le sol sur sa longueur vers le nord, séparant la plaine en deux parties distinctes. Je pourrais m’y poser, descendre de mon nuage, et l’explorer. La plaine, pas la rivière. Enfin peut être les deux. Tout est possible par ici.
Le vent à mes côté continue de me porter et jusqu’ici je les laissaient faire. Mais je commence a comprendre ce qu’il se passe à nouveau. Une tornade s’annonce.
Je me mets a tourner, tourner, tourner… De plus en plus vite, de plus en plus fort. Je tourbillonne, ne sachant comment l’arrêter !
Je n’ai jamais vraiment sue comment m’en sortir. La tornade revient chaque fois qu’elle part. Mais je crois bien que les vents sont moins fort qu’hier.
Je m’arrache à mon imaginaire et reprends mes esprits. J’ai besoin de quelque chose, je sais que malgré son absence elle laisse parfois des traces. Alors je vais voir dans sa chambre, et découvres sur la couverture bleutée une nouvelle page qu’elle m’a laissée.
Je m’assoie sur son lit et me plonge dans sa lecture, touchée par chacun de ses mots.