De l’autre côté

Ma vie est un vide profond, je ne passe mes journées dans un flou étrange et je ne vis que pour ces moments où elle pose son regard sur moi. Chez elle, dans la rue, la voiture ou les toilettes, j’attends ces petits brins de bonheur qu’elle m’offre. Ses mouvements guident les miens et, que ce soit un sourire ou une larme, nos émotions sont connectées. Chaque jour je ressens de plus en plus l’envie et le besoin de me libérer de mes chaînes. J’ai doucement commencé à entrevoir les limites de ma prison et à ressentir une rébellion dans mon corps. Mes gestes deviennent conscients face à elle et je prends du plaisir à reproduire ses gestes à la perfection. Ce matin mon plaisir est à son paroxysme, une émotion intense quand j’ai vu la peur dans ses yeux au moment où je ne lui ai pas rendu son sourire. L’horreur sur son visage quand mes mains ont traversé le miroir pour la saisir. Ma propre vie commence par la fin de la sienne et pour une fois mon sourire est sincère.