Note: premier jet – de nombreuses choses à revoir.
Son ventre gargouilla, lui rappelant sans nul doute que midi venait de sonner. La décision de partir ayant été prise dans la précipitation, il n’avait pas prit le temps de se sustenter. Depuis son départ de Paris, à peine avait-il pris le temps de s’arrêter il y à un peu moins d’une heure pour refaire le plein de son véhicule hors d’âge. Il lui arrivait si rarement de prendre son vieux tacot qu’il en avait presque oublié sa conduite si particulière, ses premiers kilomètres avaient été épiques. Il était certes gratifiant de posséder un véhicule de collection, c’était en tout cas ce que pouvait imaginer la majeure partie des gens mais surtout ceux qui n’en possédait pas. Ceux qui pouvaient se targuer d’en être propriétaire savaient qu’ils passeraient plus de temps à rechercher la dernière pièce qui venait de lâcher plutôt que d’apprécier un plaisir de conduite qui s’avérait tout relatif. Le confort de ces machines n’était guère la priorité des constructeurs automobiles aussi peu nombreux fussent-ils à cette époque. Alors certes il y avait bien les regards admiratifs des badauds qu’il avait croisé dans les rues de la capitale, il avait d’ailleurs apprécié ce sentiment fugace de faire partie d’une sorte d’élite, mais une fois l’autoroute atteinte c’était une toute autre histoire, et les gens qui le dépassait ne lui jetait plus que des coups d’œil compatissants.
Il quitta enfin l’autoroute pour s’engager sur une route de campagne cahoteuse qui petit à petit perdait en largeur et bientôt ne plus être assez large que pour son véhicule, il pria pour que personne n’eut l’idée d’emprunter cette route dans le sens inverse et ne vienne à devoir croiser sa route. Dans tous les cas sa marche arrière ne voulant plus s’enclencher que par intermittence il compterait sur la compréhension de l’autre automobiliste. Il s’arrêta sur le bas coté pour baisser La capote, là encore il ne suffisait pas de presser un bouton et de voir la magie s’opérer, non cela aurait été trop simple, il batailla de longues minutes pour qu’enfin son toit de toile rapiécé fut arrangé de manière convenable. il profitait pleinement des odeurs de genêts qui s’exhalaient écrasés par un soleil qui dardait de ses drus rayons une nature qui n’avait plus été arrosée depuis bien trop longtemps . Le bitume de la route semblait avoir été posé là il y a des siècles et n’avoir jamais été entretenu depuis. Au détour d’un virage, il passa devant un panneau signalant l’auberge du bonheur, pas un de ces panneaux rutilant d’un établissement tenu par un bobo Parisien en exil, mais plutôt ceux du début des trente glorieuses en béton peint délavé. En effet, après quelques kilomètres, il passa devant ladite auberge ou il ne percevait aucun signe de vie, les volets étaient mi-clos, seule la porte d’entrée était entrouverte, trahissant pensa-t-il que quelqu’un était bien présent. Il se gara sur le parking de gravillons et jeta un rapide coup d’œil alentour, a priori il n’était pas besoin de se soucier d’éventuelles rapines. Mais par habitude il retira les clefs du contact en se rendant compte du ridicule de la situation. Un chat glissa son museau dans l’embrasure de la porte et mollement s’assit sur le perron de pierre, le toisant d’un regard interrogateur. Il sourit tout en se dirigeant vers la porte d’entrée. Un homme en costume trois pièces se tenait derrière un comptoir massif en chêne, de ceux que l’on pourrait plus refaire de nos jours, non seulement ils seraient hors de prix mais encore faudrait-il un artisan qui puisse les réaliser. L’homme du cinquante d’année, grisonnant, le regarda tout en lui souhaitant le bonjour.
— Monsieur ? Que puis-je faire pour vous ?
La déférence et la politesse dont faisait preuve son interlocuteur venaient d’un autre temps, qu’il aurait adoré connaître, autant cela semblait complétement anachronique à notre époque, autant il lui semblait que ce genre désuet ne pouvait avoir sa place qu’en ce lieu.
— Bonjour, pour tout vous dire je cherche mon chemin et accessoirement un endroit où je pourrai passer la nuit.
— Je pourrai certes vous aider pour ces deux questions. La seconde me semble être celle que je pourrai résoudre le plus rapidement et avec le plus d’aisance, notre établissement possède actuellement quelques couchages qui pourraient j’en suis sur vous convenir. Notre tarification hors saison vous garantissent évidemment les meilleurs tarifs de toute la région. Pour votre seconde question, il me manque quelques éléments afin que je puisse correctement y répondre et pleinement vous satisfaire.
— il me semble qu’effectivement votre établissement soit en mesure de combler mes attentes et si en complément vous pouvez me proposer le couvert alors vous me comblerez au-delà de mes attentes les plus folles.
— Je peux effectivement vous proposer le couvert, mais vous devrez faire preuve d’indulgence notre personnel de bouche étant actuellement en repos. Alors si vous consentez à vous contenter de quelques œufs et autres produits de la forêt je pense pouvoir les remplacer.
— Parfait ! Je me plais à manger léger lorsque je voyage. Ce qui m’amène naturellement à ma question initiale. Le but de mon voyage est de visiter l’habitation de mon ami le plus proche qui malheureusement nous a quittés et m’a laissé en guise de testament le devoir de me rendre là où son dernier souffle s’est évaporé.
Le regard planté dans les yeux de son interlocuteur ne semblait trahir aucune émotion. Il aurait adoré l’avoir comme majordome tant il imaginait une discrétion à toute épreuve.
— J’en suis sincèrement désolé n’est-il pas trop indiscret que vous puissiez me communiquer son nom afin que je puisse renseigner monsieur au mieux ?
— Ernest Montcomtoux, son domaine ne devrait pas être trop éloigné d’ici.
— La famille Montcomtoux est très favorablement connue et appréciée dans la région et je serai effectivement ravi de pouvoir vous indiquer l’adresse du domaine, mais je tiens à vous informer que le parc du château est ceint d’un haut mur et le portail est clos.
— Un huissier m’a fait parvenir le testament d’Ernest ainsi qu’un trousseau de clefs, aussi je pense que parmi ces clefs je trouverai celle qui ouvrira le portail.
— Et bien monsieur vous n’en êtes plus très loin, cette auberge est en fait la dernière demeure avant la propriété, cependant il reste encore une trentaine de kilomètres avant d’y arriver. La propriété est si vaste que vous l’avez longé. Le chemin qui vous a amené ici, la borde. Elle fut magnifique au début du siècle dernier et était le joyau de ce pays.
— C’est parfait, je vais simplement monter mes affaires dans ma chambre et si cela ne pose pas de problème je souhaiterais pouvoir réserver le repas de ce soir.
— Soyez donc le bienvenu dit-il en tendant le trousseau de clefs à son hôte. La grosse clef ronde vous permet d’ouvrir la porte principale de l’Auberge, non pas que nous craignons les voleurs, mais nous avons pris pour habitude de la fermer afin de préserver la tranquillité de nos hôtes. La petite clef vous permettra d’ouvrir la porte de votre chambre qui se situe au deuxième étage. Vous jouirez d’une infinie quiétude. Ce qui ne sera certainement pas le cas pour le dîner de ce soir. En effet notre table est plutôt demandée.
— Je vous remercie encore une fois de votre hospitalité. Dit-il en prenant le trousseau de clefs et en se dirigeant vers sa voiture pour récupérer son unique bagage.
L’homme avait disparu et le hall d’accueil était maintenant désert, il jeta un coup d’œil alentour et monta les escaliers. Le bois craquait sous ses pas et devait être d’époque. Sur le palier, un petit couloir le mena vers sa chambre, il nota immédiatement que les toilettes étaient sur le palier. Il n’avait pas prévu de séjourner trop longtemps aussi ceci ne devait pas être trop dérangeant. Il nota aussi la présence de quelques tableaux qui ornaient le mur, ces derniers n’étaient pas très engageants et semblaient le dévisager.
Sa chambre était très bien entretenue, certes cela n’était pas digne du standing d’un quatre étoiles, mais parfaitement acceptable, il s’était attendu à vrai dire à un standard moins élevé. Après un rapide coup d’œil il dû se résigner à toute forme de technologie, il ne savait pas compter se connecter à un hypothétique wifi ou même espérer se tenir informé des informations dans le monde, car aucun téléviseur ne semblait avoir trouvé grâce aux yeux du propriétaire. Quelle importance après tout, la route avait été épuisante et il était probable qu’après la visite à la propriété qu’il avait planifié un peu plus tard dans l’après-midi il n’aurait certainement pas trouvé la force de faire autre chose que de sombrer dans les bras de Morphée.
Il posa son sac sur le traversin et se dirigea vers la fenêtre de sa chambre, cette dernière était surdimensionnée et donnait sur la façade avant de l’auberge. Il semblait que la fréquentation sur cette route n’était pas une réalité, depuis qu’il s’était garé aucun véhicule n’était venu troubler l’ordre et la quiétude alentour. Il quitta sa chambre et dévala quatre à quatre les marches dans un fracas assourdissant comme la maison n’en avait probablement jamais connu, tout du moins de mémoire d’homme.
C’est facile et agréable à lire, j’attends la suite …