Être " trop",les malheurs d'une boule disco – WikiPen

Être " trop",les malheurs d’une boule disco

3 mins

Et si je vous disais qu’au milieu d’une foule, chacun par sa solitude a le coeur qui s’écroule*

 J’avais 15 ans lorsque j’ai entendu cette chanson pour la première fois et elle m’a rentré dedans comme une tonne de brique. La solitude ne m’étais pas étrangère bien au contraire, c’était ma douce ennemie, mais jusque là je croyais que c’était moi qui était une extra terrestre et que les autres,eux, ne connaissaient pas ce sentiment. La douleur profonde de sentir qu’on est dans le monde mais pas vraiment, de vivre un peu comme en parallèle des autres.

 

 Essayer d’entrer dans un moule carré quand dans ton coeur tu es plus une boule disco à 1000 facettes ça te ramène continuellement dans la face que tu devrais être un carré, que tu devrais t’adapter, que c’est simple pourtant d’être un carré 

 ” regarde l’autre ,il y arrive lui à passer la scie ronde dans sa boule disco pis se faire 4 angles égaux”

Est-ce que c’est moi qui a une vision mésadaptée du monde ou c’est le système et la société qui l’est?

 Mon hypersensibilité m’a invalidé toute ma vie, Je ressent “trop fort” aux yeux des autres. Quand je prend le temps de discuter avec les gens qui me trouve “trop” quelque chose, ils réalisent rapidement que ressentir fort ne veut pas dire ressentir pour aucune raison et que la légitimité de mon émotion n’a rien à voir là dedans. Je les amènent à repenser à des moments dans leurs vies où l’émotion était tellement forte que ça débordait , que c’était insupportable durant une période x de temps et je leurs dis,

“Je ne vie que des émotions de cette façon là, à cette intensité là”

” Ben voyons, je pourrais pas vivre comme ça j’exploserais, c’est beaucoup trop intense!”

VOILÀ ! 

Je me retiens continuellement de déborder, que ce soit de pleurer en écoutant une chanson, de rire fort , de parler trop, d’être trop directe dans mes approches, de trop m’impliquer, de trop m’en demander. 

J’ai appris ,entre autres, à utiliser un jargon médical et psychosocial pour mieux me faire comprendre. Je suranalyse tout ce que je vais dire ou faire par peur d’être invalidé que ce soit par mon hypersensibilité , ma marginalité ou mon ” pas de secondaire 5 ” 

Parce-que tsé, c’est connu , pas de diplôme t’es automatiquement au même stade que la bibitte à patate dans l’échelle sociale, à 2 doigts de l’inutilité, de l’insignifiance.

J’ai aussi appris avec le temps qu’on a souvent la qualité de notre défaut dans la vie. Ce qui fait que j’ai le coeur brisé devant les injustices du monde est proportionnel à l’émerveillement que j’ai devant la première neige qui tombe, de la tendresse que je ressens le coeur de mon enfant collé au mien. 

Cette perspective m’amène à pouvoir être immensément heureuse par moment, pouvoir comprendre et/où accueillir la détresse des autres et les accompagner, m’émouvoir devant la beauté d’une toile ou de quelques mots, d’aimer inconditionnellement et ça, c’est loin d’être donné à tous le monde…c’est la qualité de mon défaut. 

Ce qui manque à l’équation c’est l’empathie et la bienveillance quand je met le genou à terre.

 Dans toutes mes années de thérapie ce qu’on m’a répété et me répète encore le plus c’est:

 ” tu es beaucoup trop dure/exigeante avec toi même ” 

Je suis loin d’être paresseuse, les exigeances sont trop élevées! Je ne serai jamais un carré!

Je suis intense ,c’est vrai, je ne m’en cache pas. Anyway ce serait dur en maudit à rater au nombre de fois où on me l’a répété…des fois je fais le parallèle avec les gens qui sont très grands, ils se le font dire continuellement, c’est pas comme si ils avaient pas remarqué hein. 

Pourquoi les gens ressentent le besoin de nommer ces choses là? Tsé les évidences que tous le monde ont vu et/ou compris? Que ce soit le poids pris ou perdu, le fait qu’une personne de par sa nature parle peu ou beaucoup, etc et c’est pire pour les femmes. Le nombre de phrases de marde genre ” as tu déchiré à ton accouchement?” Que toutes les femmes endurent au quotidien parce-que c’est socialement accepté de les dires.

Quand je parle de mes rêves de société on me dit que je suis une idéaliste, une utopiste, une gauchiste, que je pelte des nuages….Si les 2 seuls choix que j’ai sont de pelleter de la marde ou des nuages, ben je vais continuer de pelleter des nuages, parce-que de l’autre bord y’a peut être de la place pour une boule disco, j’ai encore de l’espoir.

Être trop, être trop pour qui? Qui a décidé que j’étais trop? Comme ça , en naissant? le “trop” congénital ? Je suis trop Pourquoi? Parce-que je nomme des choses qui dérangent? Parce-que je suis moins habileté à dealer avec l’horreur humaine que vous? Pourquoi ce besoin de le souligner? 

Qu’est-ce que ça réveille et reflète en vous de me trouver trop? bien souvent c’est le reflet de votre incapacité à nommer et dealer vos propres émotions, le fait que vous aussi deviez par moment écraser cette intensité là….et on y reviens….et si je vous disais qu’au milieu d’une foule, chacun par sa solitude a le coeur qui s’écroule *

Et si on faisait d’autres formats de boîtes …

Xxxx

Filledelune

* paroles de la chanson ” Tel un seul homme” de Pierre Lapointe.

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