« Le Cameroun, c’est le Cameroun ! »comme dirait le président octogénaire Paul Biya, le même au pouvoir depuis ma naissance.
C’est clair ! A la sortie de l’avion, une bouffée de vapeur brulante s’empare de mon visage enveloppé par l’odeur d’arachides grillées. L’agressivité des agents se fait sentir dès l’arrivée à l’aéroport. Passeport par ici, Passeport par-là ! Leurs regards méprisants, tout le monde y passe . Une longue file de personnes en sueur se dessine devant le bureau vieillot qui leur tient d’office. Super l’ accueil ! A quoi je m’attendais ? A une sérénade ? Mais quand les barricades s’ouvrent, je me débats dans un chaos sans nom. Les pousse-pousse censés escorter ma valise jusqu’au taxi se bagarrent en espérant récupérer quelques centimes. Je ne sais plus où regarder, désemparée dans cette foule qui s’agite devant moi. Les taxis s’accumulent à la sortie et mon corps tremblant crie. Bien-sûr mon oncle tonton Epée, directeur de la sécurité de l’aéroport de Douala n’est jamais très loin. C’est mon sauveur à chaque fois que l’envie de renouer avec mes ancêtres se fait trop forte. Sa bienveillance et son affection sont toujours les mêmes malgré les années. « Toi aussi, tu ne viens pas souvent. Il ne faut pas durer aussi longtemps avant de revenir ».
Au fond, je n’ai rien perdu. Douala n’a pas changé. Je le sais rien qu’en voyant défiler le paysage, accrochée à la portière du taxi, faute de ceinture. Il y a toujours les mêmes trous sur cette même terre rouge , idéale pour muscler les fessiers avant d’enfiler son short sucré jusqu’aux os ! J’aime voir s’animer la ville qui défile, les motos taxis qui se faufilent entre les voitures super old school et la passion des passants qui gesticulent dans tous les sens. J’ai soudain pensé à ce que j’allais bien pouvoir dire à grand-mère pour justifier ces 10 années passées sans décrocher mon téléphone ne serait-ce qu’une fois. Enfoncée dans mon siège à bord d’un taxi jaune poussin, je suis prise d’un élan de mélancolie.