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Ainsi, tenter de couper le lien affectif d’un enfant face à son parent par différents moyens (médisances) ou le faire témoigner en cours contre l’autre parent (c’est un bon exemple de bris de loyauté), c’est lui faire la pire violence qui soit. C’est lui briser le cœur et lui infliger un remord qu’il traînera comme une douleur toute sa vie. Au cours de la trentaine d’entrevues annuelles que j’ai réalisés à chaque année pendant plus de dix ans (donc plus de trois cents), j’ai entendu tant de récits dans le genre. L’humanité est une vallée de larmes. Notre vie est difficile.
En thérapie, j’ai découvert deux choses importantes sur les enfants (que nous sommes, que nous avons été et que nous avons, lorsque c’est le cas).
Les enfants…
1) feront n’importe quoi pour maintenir le lien d’affection avec chacun de leur parents, quoiqu’il arrive.
2) cherchent par tous les moyens à demeurer loyal envers chacun de leurs parents.Oui, bien entendu. Et avoir des enfants à été bénéfique pour panser cette blessure. J’ai rapidement pris la mesure de la distance entre ce que l’on est et comment nos p’tits chéris nous voient. Et puis, s’intéresser à ces petits êtres nous permet de mettre de la distance par rapport à notre passé, un passé qui devient soudainement sans intérêt. Car la seule chose qui compte, c’est leur bonheur à eux.
@Tssuko#8361 J’ai fais la paix avec cette partie de ma vie. Je n’ai plus d’animosité, plus de ressentiment. Je suis à maintenant capable de voir les choses à partir de sa perspective à elle. Cette femme était beaucoup plus intelligente que la moyenne, elle avait gradué Summatum laudae (haute distinction) en soins infirmiers. Elle avait ensuite fait un baccalauréat en éducation pour faire un pied de nez à sa sœur. Même ivre à se rouler par terre, elle réussissait des études universitaires avec toujours des notes frisant la perfection. Mais mon point est le suivant : Au delà de ma douleur, je peux désormais voir son drame à elle. Sa solitude, son désespoir réel quand elle a compris qu’elle n’allait jamais pouvoir arrêter de boire, qu’elle allait devenir ce poivrot, ce restant de femme enlaidie, rabougrie, maigre (alors qu’elle avait cette beauté physique exceptionnelle), ce génie inutilisé, celle que l’on méprise. Ça m’aura pris des années à réellement la comprendre, mais il faut y mettre le temps. Un enfant doit d’abord croître pour comprendre ces choses là. S’il y a du bon dans tout cela, c’est qu’en même temps que je lui montrait ma douleur, je n’ai jamais renoncé à lui dire que je l’aimais. C’est d’ailleurs la dernière parole que je lui ai dit, lorsqu’elle est partie pour ce petit voyage à la campagne où elle est décédée d’une embolie cérébrale (il ne restait plus rien d’elle à cette époque)@Tssuko#8356 Ma chère mère n’a pas commis le péché d’abandon, Dieu merci !
Mais, au niveau du ressenti, ce fut tout comme. En effet, jusqu’à l’âge de six ans, elle a su prendre soins de moi du mieux qu’elle le pouvait. Mais son alcoolisme a rapidement pris le contrôle de sa vie, et je me suis donc senti abandonné. Cette recherche de Gerflynt représente les efforts que j’ai fait, à ma manière, pour tenter de la rendre sobre, de ce ressentiment que je vivais à chacune de ses rechutes et ainsi de suite. Chaque scène du Constellation a été écrite à l’aveugle, mais avec le recul de presque dix ans sur ce texte, j’y vois ma vie et ce que j’ai vécu, mais sous une forme métaphorisée, bien entendu.Continuons cette conversation ici :
Au sujet de Gerflynt et de la recherche de sa mère : À l’époque, j’avais pris un personnage féminin pour être certain de ne pas m’identifier au récit. Ce fut peine perdue. Notre subconscient nous rattrape toujours ! De façon transposée, il y a beaucoup de similarité entre ce qu’elle vit et ce que j’ai vécu.
