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Comment avait-il pû lui faire ça ? Il devait forcément y avoir une explication.
Son chevalier se promenait, main dans la main avec une_ravissante_ jeune femme, bien plus belle qu’elle.
Elle sortit furieusement des cuisines et se rua dehors. Les couteaux et casseroles retombèrent avec fracas sur le sol.
“Que fais-tu ?” lança Marion au baron.
Il lui lança un regard dédaigneux.
“Tu ne vois pas que je suis occupé ?”
Son ton rendit Marion sans voix quelques instants. Il ne lui avait jamais parlé ainsi avant !
“Mais… tu… Qui est-elle ?”
La déesse lui sourit.
“C’est ma fiancée”
“QUOI ?”
“Oui, c’est ma fiancée, notre mariage a lieu dans une semaine. Tu es invitée, si tu le veux.”
Le coeur de la jeune femme se serra. Elle ne comprenait absolument rien à ce qu’il se passait. Sa colère s’était envolée.
“Mais… je croyais que… ne devait-on pas se marier ?”
“Oh, oui bien sûr”, dit le baron d’un ton détaché. “Mais c’était avant que je ne rencontres cette merveilleuse créature. Maintenant, si tu veux bien, nous allons continuer notre promenade. Nous avons des choses à organiser.”
Ils la plantèrent là. Les émotions qui la ravageaient de l’intérieur étaient d’une puissance inédite. Ses yeux s’embuèrent de larmes, tandis que son coeur essayait de se rendre à l’évidence : il ne l’aimait plus.
Croulant sous le poids de la tristesse, Marion n’eut même pas la pensée que son baron n’était plus lui-même, soumis à un puissant sortilège.Fallait-il se séparer ? La question tournait en boucle dans la tête de la jeune sorcière, bien après que son ange ne l’ait ramenée dans sa boutique. Ne pouvait-elle pas être heureuse, elle-aussi ? Qu’avait-elle fait pour mériter cela ? Être née sorcière ? Ce n’était vraiment pas juste.
Un homme, pur et beau, intelligent et drôle, un homme qu’elle aimait l’aimait en retour, pensait-elle. C’était au-dessus de ses espérances. Alors pourquoi fallait-il que l’Ordre, et surtout que sa condition de sorcière lui gâche le plaisir de l’amour ?
Son coeur se contracta. Elle s’assit, fatiguée, sur sa chaise en bois rigide, qui se tenait derrière le comptoir.
Elle ne savait même pas quand elle reverrait son amant. Ou si elle le reverrait un jour. Il était partit en lui offrant un sourire charmant. Mais il ne lui avait rien dit de plus. Une larme s’écrasa sur le comptoir.
Il avait peut-être pris peur. Ou s’était joué d’elle. La pluie qui tombait drue dehors s’accordait parfaitement avec son humeur. Comme d’habitude, ses pensées noires et pessimistes prirent le dessus sur les autres, la rabaissant. Elle allait sombrer dans un sommeil rempli de cauchemars quand elle entendit du bruit dehors. Une silhouette se tenait devant la porte. Qui donc pouvait venir à sa boutique, fermée, par ce temps ?
Elle se leva et tira la verrou. Avec le peu de lumière, elle ne reconnut pas tout de suite la personne qui se tenait devant elle. Lorsqu’un éclair éclaira l’inconnu, elle eut pourtant un hoquet de surprise. Même avec les cheveux mouillés, elle l’aurait reconnu entre mille.
“Bonjour Elvira”, dit alors le Magicien.
