Salut Daniel !
Merci pour cette nouvelle analyse !
Pour le beat 11, tu dis que ce n’est pas grave qu’il ne corresponde pas à l’ambiance qui est censée dominer à ce moment du récit. C’est rassurant. Mais comme l’ensemble est trop court, et que j’ai l’intention de l’enrichir (je l’ai déjà fait en intégrant une scène supplémentaire entre les chapitres 5 et 6). J’avais volontairement remplacé cette scène par une ellipse, pensant que ce serait trop lourd. Finalement, ça rajoute une touche d’humour supplémentaire qui, je pense, est en accord avec le ton principal de mon récit. Je te le poste à la suite de ce message, pour que tu me donnes ton avis.
Du coup, je pensais que pour le beat 11, entre deux moments de désir acharné de la part de nos protagonistes, j’aurais pu ajouter une scène où, effectivement, ils se reposeraient sur leurs lauriers. Ils pourraient laisser leur ambition leur monter à la tête et se détendre (je ne sais pas encore comment), convaincus que leur plan se déroulait comme prévu.
Qu’en dis-tu ?
Voilà le passage que j’ai ajouté entre les chapitres 5 et 6 :
Mohan esquissa une moue vexée et me balança son téléphone que je saisis maladroitement, manquant de le faire tomber.
— Google, connard !
**Fin du chapitre 5
Je regardais le téléphone de Mohan, sceptique.
— N’importe quoi ! le contredis-je en commençant à taper quelques mots clés dans le moteur de recherche. On va pas trouver ce genre d’infos sur… Ah si, on peut, en fait !
A ma grande surprise, je trouvais plusieurs résultats, notamment des articles et reportages qui nommaient les substances utilisées par les fabricants pour couper toutes sortes de drogues.
— Apparemment, on peut utiliser du paracétamol, indiquai-je à mes amis, en scrollant pour faire défiler les résultats.
— On peut mélanger avec de la lidocaïne aussi, ajouta Taz, qui faisait lui aussi des recherches sur son propre téléphone.
— D’après ce que j’ai là, il y en a qui se serviraient de caféine… notai-je, incrédule.
Ce n’était pas aussi simple que Mohan le pensait. On trouvait tout et n’importe quoi. Difficile de faire le tri entre les informations authentiques et les affirmations hasardeuses, et impossible pour nous de déterminer quelle était la meilleure méthode.
— Faut ajouter un peu de sucre aussi, poursuivis Taz en posant sur moi un regard dubitatif.
— Putain. On peut pas utiliser tout ça, comment on fait pour savoir ce qui est le mieux ?
Mes deux amis haussèrent les épaules. Nous n’étions pas beaucoup plus avancés qu’avant d’entamer nos recherches.
— De toute façon, même si on choisissait un de ces éléments, comment on ferait pour en avoir une quantité suffisante ? Tu nous vois débarquer à la pharmacie et demander une cinquantaine de boîte de paracétamol ?
Mohan avait raison. Quelle que soit la substance, nous allions nous heurter à un problème concernant la quantité.
— Pourquoi une cinquantaine ? demanda Taz.
— J’en sais rien, moi ! J’dis une cinquantaine, mais peut-être qu’il en faut plus, ou moins, j’sais pas !
— Alors pourquoi tu dis une cinquantaine ?
Mohan soupira lourdement et ferma les yeux.
— Mais j’en sais rien, j’te dis ! J’ai dis ça comme ça ! J’sais pas combien il en faudrait !
— Ils le précisent pas ? s’interrogea à nouveau Taz en s’adressant à moi.
— Qui précisent pas quoi ?
— Ben, les gens qui ont écrit les trucs sur internet, ils disent pas combien de quantité il faut ?
Cette fois, c’est moi qui soupirai.
— Mais putain, Taz ! C’est des articles qui parlent des dangers de la drogue à cause des produits qui sont utilisés pour la couper, c’est pas des tutos !
— Alors c’est ça qu’on devrait trouver, des tutos, pas des articles de presse.
Mohan secoua la tête tandis que je tentais de contenir mes nerfs face à la naïveté de Taz.
— Mais oui, bien sûr ! Pourquoi j’y ai pas pensé tout de suite ! Il suffit d’aller sur youtube et de chercher la chaîne d’un mec qui te montre comment te lancer dans la production de drogues ! Un truc du genre « devenir dealer en dix leçons, niveau débutant » !
Taz fronça les sourcils quand il prit enfin conscience du ridicule de sa suggestion.
— Oui, ou alors, on peut directement s’adresser à une agence pour l’emploi et leur demander s’il existe pas des formations financées par l’État ? surenchérit Mohan, pour pousser plus loin la moquerie. Genre, pour avoir un diplôme certifié de dealer.
— On sait pas, peut-être que c’est un secteur qui recrute ! persistai-je pendant que Taz s’enfonçait dans le canapé, croisant ses bras sur sa poitrine.
— Ça va, c’est bon, j’ai compris ! Fermez vos gueules !
Vexé, il baissa la tête, las de nos railleries.
— Sinon, on peut faire un apprentissage ? insista Mohan, malgré le regard noir de notre ami susceptible. En alternance, avec un stage en entreprise ! C’est pas ce qui manque, les dealers dans le coin, on trouverait facilement !
J’acquiesçai, amusé par la situation, et échangeai avec le blond, un regard complice. J’étouffai un rire quand je remarquai que Taz était à la limite de ce qu’il pouvait supporter. Mais, incapable de m’arrêter quand il s’agissait de le piquer au vif, je continuais de chatouiller l’ego du chevelu, encouragé par Mohan qui contribuait à faire durer le supplice.
— Après, on pourrait même demander une aide financière pour lancer notre propre entreprise ! repris-je.
— Ouais, et on l’appellerait « Les Crapules Productions » !
— Avec un slogan qui pète ! « La meilleure came de toute l’Angleterre ! Satisfait ou remboursé » ! Et un service de livraison à domicile, sans frais !
— Et la mention « produit de la région » !
— Et on dirait à tout le monde qu’on serait une entreprise familiale, parce qu’on est comme des frères !
Taz se leva d’un bond, au bord de l’explosion.
— Comme des frères, mon cul ! Vous êtes deux gros connards !
Mohan et moi, éclations de rire. Taz grogna d’exaspération et je le retins par le bras quand il entreprit de s’en aller.
— C’est bon, calme-toi ! On déconne ! tentai-je de l’adoucir, sans cesser de rire. Allez, assis-toi ! Fais pas ta tête de cochon, bordel !
Le brun capitula et se rassit sur le canapé, fixant la table basse d’un air agacé.
— Ok, on a bien rigolé, mais du coup on fait comment pour couper la dope ? maronna-t-il sans même nous regarder.
Les rires cessèrent. Je me pinçai les lèvres et Mohan fit mine de réfléchir en se grattant la tête. On était revenu au point de départ.
— Ça, pour ricaner, vous êtes les rois ! Mais pour faire du trafic de drogues, c’est pas gagné ! pesta Taz.
Il marquait un point…
— On sait déjà avec quoi couper la coke, c’est juste qu’on connait pas les dosages, tentai-je de dédramatiser.
— Ouais, c’est vrai… C’est pas comme si c’était important, les dosages, hein ?! On a qu’à mélanger tout ça au pif, et puis on verra ! Et puis si ça devient bleu, ben tant pis, on aura qu’à dire que c’est du viagra !
— Mais tu vas la boucler, oui ?! T’en as bien des choses à dire, tout d’un coup ! Tu veux pas faire comme d’habitude, et juste fermer ta gueule ?!
Voilà que je m’énervais à mon tour.
— Et puis, pourquoi ça deviendrait bleu, d’abord ?! N’importe quoi ! Le paracétamol, c’est même pas bleu !
— J’en sais rien moi ! J’dis ça comme ça ! Comme l’autre, là ! Qui cause de cinquante boites de cachetons sans savoir de quoi il parle ! continua Taz, en désignant Mohan d’un signe de tête.
— Hé ! Mais merde, c’était une façon de parler ! se défendit le blond.
— Ouais, ben, on va pas aller loin si on continue comme ça !
— Ta gueule, Taz ! gueulai-je.
— Ouais, ferme ta gueule, Taz ! m’appuya Mohan.
**Début du chapitre 6
*
Quelques insultes et divergences d’opinion plus tard, on tombait enfin d’accord. On avait besoin d’Angus. Il n’y connaissait rien en dope, mais c’était le cerveau de la bande. Je tournais en rond dans mon salon pendant que Mohan et Taz se disputaient au sujet de leurs maigres connaissances en matière de drogues, évoquant des passages de films de gangsters. Ignorant la gueulante de mes deux acolytes, j’envoyai un message à Angus, en essayant d’utiliser les mots qu’il fallait pour qu’il pige bien le caractère urgent de ma requête. « Ramène ton cul chez moi, genre tout de suite, on est sur un gros truc là, ça va tout déboîter ! ». Je n’étais pas certain qu’il se radine, parce que j’avais tendance à envoyer des messages du même genre assez souvent. A chaque fois que je flairais une opportunité pour se faire du fric, je m’emballais et me persuadais que cette fois c’était la bonne ! Sauf que cette fois, c’était vraiment la bonne !
Merci encore Daniel ! Bonne journée et à bientôt 😉