L’infirmière est entrée au moment de mon pauvre repas habituel pour brancher l’oxymètre sur mon doigt, un ordre du patron parce que l’on m’avait retiré le pansement. Je commence à comprendre ou il veut en venir en me remémorant ses dires, il veut me surveiller je n’ai pas peur de lui, je ne lui laisserais pas faire des expériences sur moi, ni personne d’ailleurs.
J’en profite pour compléter mes notes sur le vieux. Il va y passer, c’est certain, mais comment me voit-il, ou tout au moins il sait que je suis là alors que je ne fais rien si ce n’est regarder, lui je vais l’éviter dès que je le retrouve. Je questionne mon ami sur le sommeil des vieux, ça ne me plaît pas du tout, ce sont de gros dormeur et certains ne peuvent y arriver, mais j’arrive à comprendre que le jour et la nuit leur pose un problème, ils semblent tout mélanger, l’éveil et le sommeil, comme si leurs temps de songe devenaient permanents, je me doute en relisant tout ça qu’avec l’âge ils deviennent entraînés, je vais donc éviter, je suis un débutant.
Il y a la voiture cassée, là je ne comprends pas grand-chose, une grande lumière, peut être un éclair et cette voiture écrasée, à chaque fois que j’en suis parti j’ai senti de la peine, comme une grande tristesse qui m’avait envahie, je sens et je vois d’habitude parce j’habille la scène, mais pas ce genre de chose, et si je me souviens bien l’infirmière m’a parlé de coma, mon ami continue de m’aider.
Coma, traumatisme, mort cérébrale, je suis resté longtemps sur le sujet, j’ai souvenir des mots de l’infirmière me parlant d’accident et de l’âge du malade, j’ai une boule qui remonte du fond de l’estomac. Je ne le connais pas, je ne connais personne, mais j’ai le sentiment d’être le seul à savoir qu’il est là, qu’il lui reste un endroit ou poser ce qu’il est, le dernier souvenir quand tout fonctionnait bien.
Je relis mon écrit, j’ai une larme qui coule, je viens de me promettre de retourner le voir, si je peux envoyer un peu de mon pouvoir, je vais essayer de faire vivre son envie de rêver en amenant mes jouets.
J’allais refermer mon portable, un message de maman qui s’affiche, elle a reçu un appel de la clinique pour une IRM. Ils ont besoin de son accord ainsi que de sa présence éventuelle pour cet examen de routine, et si elle le souhaite un entretien avec le médecin responsable pour les modalités. Elle m’écrit qu’elle téléphone demain pour se renseigner, beaucoup de retard dans son travail ces temps-ci, elle va faire au mieux. Elle est très contente de mes progrès et de mon retour qui ne saurait tarder. Elle m’embrasse et pense à moi.
J’ai claqué le rabat en refermant l’écran, je me retrouve encore seul.