Le confinement rend fou, jour 2 après le 3.

5 mins

Il est dix huit heures trente, je me lève, je m’endors, je ne sais plus ou j’en suis, je suis tout habillé, je n’ai aucun souvenir d’être venu dans la chambre, ne sachant pas quoi faire, dans le doute je me lève ou alors je me rêve.

Je vais vers la cuisine, je regarde la vaisselle, j’ai peut-être un peu faim, mais si je veux manger il faudrait que je lave, je cherche dans mon souvenir l’heure du dernier repas, c’était un peu plus tôt,  ou alors c’était hier, c’est possible avant hier.

Tout au fond de l’évier, en poussant une assiette, je vais faire au plus simple, je remonte mon bol, un jet du robinet il est prêt pour l’usage, du lait et du café, il me reste du pain dans le congélateur, je tartine du beurre, un peu de confiture, ce sera mon déjeuner, je retourne dans la chambre.

Il est dix neuf heures trente, je me lève, je m’endors, je ne sais plus ou j’en suis, je suis tout habillé, je n’ai aucun souvenir d’être venu dans la chambre, ne sachant pas quoi faire, dans le doute je me lève ou alors je me rêve.

Je vais dans le bureau, j’allume l’ordinateur, j’ai des textes à écrire, des choses à corriger, j’ouvre tous les bloc- notes, je rajoute quelques mots, je retourne des phrases, il me semblait pourtant que j’avais modifié, sans doute un peu plus tôt, tout me semble familier comme si c’était hier, ou alors avant-hier, je n’ai pas souvenir, je referme l’écran, je retourne dans la chambre.

Il doit être vingt heures trente, je me lève, je m’endors, je ne sais plus ou j’en suis, je suis tout habillé, je n’ai aucun souvenir d’être venu dans la chambre, ne sachant pas quoi faire, dans le doute je me lève ou alors je me rêve.

Je vais dans le salon, j’allume la télé, toutes les chaines en accord me parlent de maladie, comme il y a quelques heures, ou alors c’était hier, sans doute comme avant hier, ça n’a pas évolué, ça n’a pas diminué mais ça n’a pas stagné, il y a un point commun, le seul que je comprenne, je reste confiné, j’arrête de pianoter, je retourne dans la chambre.

A vingt et une heure trente, je me lève, je m’endors, je ne sais plus ou j’en suis, je suis tout habillé, je n’ai aucun souvenir d’être venu dans la chambre, ne sachant pas quoi faire, dans le doute je me lève ou alors je me rêve.

Je vais dans le salon, le chat est sur mes pas, il se met à miauler, son écuelle doit être vide, il me semble que plus tôt elle était bien remplie, ou alors c’était hier, surement pas avant-hier, il m’aurait fait comprendre sa désapprobation en des sons larmoyants, je mets tout à ras bord , je retourne dans la chambre.

Il est vingt deux heures trente, je me lève, je m’endors, je ne sais plus ou j’en suis, je suis tout habillé, je n’ai aucun souvenir d’être venu dans la chambre, ne sachant pas quoi faire, dans le doute je me lève ou alors je me rêve.

Je vois le canapé un livre ouvert dessus, je n’ai pas l’habitude de laisser sur la tranche, ça abime l’ouvrage, je devais lire plus tôt ou alors c’était hier, peut-être bien avant hier, le poser en attente j’ai dû faire autre chose et je l’ai oublié, je mets un marque page, ne sachant plus quoi faire, je retourne dans la chambre.

A vingt et une heure trente, je me lève, je m’endors, je ne sais plus ou j’en suis, je suis tout habillé, je n’ai aucun souvenir d’être venu dans la chambre, ne sachant pas quoi faire, dans le doute je me lève ou alors je me rêve.

Je suis dans la cuisine, je ne sais pas si j’ai faim, et toute cette vaisselle sale, je n’en ai pas envie, sur la table du bar, un bol est en attente, j’ai dû l’oublier tôt, ou alors c’était hier, avant-hier j’étais là, je regarde le fond, quelques traces de café, et des miettes de pain, je laverais plus tard, ne sachant plus quoi faire, je retourne dans la chambre.

Il est vingt deux heures trente, je me lève, je m’endors, je ne sais plus ou j’en suis, je suis tout habillé, je n’ai aucun souvenir d’être venu dans la chambre, ne sachant pas quoi faire, dans le doute je me lève ou alors je me rêve.

Je cherche mon téléphone, plusieurs traces d’appels, je n’ai rien entendu, c’était un peu plus tôt, il y en a un d’hier, et l’autre d’avant hier, aucuns de ma copine, j’envoie un SMS pour lui dire bonne nuit, si elle est éveillée, elle répondra ou pas, je ne prends pas la peine d’attendre son retour, ne sachant pas quoi faire, je retourne dans la chambre.

Il est vingt trois heures trente, je me lève, je m’endors, je ne sais plus ou j’en suis, je suis tout habillé, je n’ai aucun souvenir d’être venu dans la chambre, ne sachant pas quoi faire, dans le doute je me lève ou alors je me rêve.

J’ai envie de fumer, je cherche mon tabac, posé sur le bureau, mais je n’ai plus de feuilles, j’ai dû m’en rouler une plus tôt dans la journée, ou alors c’était hier, sûrement pas avant-hier, je ne sais pas m’en passer, je recherche par terre si jamais par hasard, mais je ne trouve rien, ne sachant pas quoi faire, je retourne dans la chambre.

Il est minuit et demi, je me lève, je m’endors, je ne sais plus ou j’en suis, je suis tout habillé, je n’ai aucun souvenir d’être venu dans la chambre, ne sachant pas quoi faire, dans le doute je me lève ou alors je me rêve.

Je cherche mon tabac, devant l’ordinateur ou bien dans le salon, j’ai fouillé dans mon sac, j’ai vidé mon blouson, j’ai dû fumer plus tôt, je ne m’en souviens plus, en désespoir de cause, je fouille le cendrier, le mégot le plus long fera bien mon affaire, les bouffées terminées, ne sachant plus quoi faire, je retourne dans la chambre.

Il est une heure et demi, je me lève, je m’endors, je ne sais plus ou j’en suis, je suis tout habillé, je n’ai aucun souvenir d’être venu dans la chambre, ne sachant pas quoi faire, dans le doute je me lève ou alors je me rêve.

Je vais dans la salle d’eau, je n’ose pas me voir, ainsi au saut du lit la tronche des mauvais jours, j’ai le menton qui gratte, ça devait être hier, ou alors avant-hier que je me suis rasé, mais je n’ai pas souvenir plus tôt dans la journée d’avoir brossé mes dents, ça peut attendre demain, ne sachant plus quoi faire, je retourne dans la chambre.

Il est deux heures et demi, je me lève, je m’endors, je ne sais plus ou j’en suis, je suis tout habillé, je n’ai aucun souvenir d’être venu dans la chambre, ne sachant pas quoi faire, dans le doute je me lève ou alors je me rêve.

Dessus la table basse, un livre que je lisais, c’était un peu plus tôt, ou alors c’était hier, sûrement bien avant-hier, j’avais marqué la page, je relis le chapitre, je n’ai que ça à faire.

Hamlet, Acte III, scène 1ère, William SHAKESPEARE
Mourir… dormir; dormir, peut-être rêver.
Oui, voilà l’obstacle.
Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la mort, quand nous sommes débarrassés du tumulte de cette vie?

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C’est ainsi toutes les heures, il est un jour et demi, il est un mois et demi, quelques années et demi, c’est ainsi tout le temps, pandémie mon amie, je suis un confiné, le mal peu bien finir.

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3 Commentaires
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Équipe WikiPen
Administrateur
4 années il y a

Bonjour Michel,
ton écrit est ajouté au concours !

Galindo Gaëlle
4 années il y a

"dans le doute je me lève ou alors je me rêve."

Dans le doute, je me préfère en rêve.

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