Le rêve ou la réalité.

Il ne comprenait pas, la deuxième fois cette semaine, des traces de chat crottés un peu partout sur le lit.

La première fois qu’il s’en est aperçu, il a crû que son chat avait dérapé de la litière, pourtant un chat c’est propre, il veillait chaque fois à bien la nettoyer, il a bien oublié quelquefois, mais ce n’est jamais arrivé à ce point. Il s’est mis à pister dans tout l’appartement pour chercher un endroit où le greffier s’oubliait, il devait être malade, il n’y a pas d’autre raison, mais il n’a rien trouvé, même en se couchant sous les meubles. En désespoir de cause, il a mis tout autour de la litière sise sur la terrasse, des pages de journaux scotchées sur le sol, et si ce n’était pas ce qu’il pensait, le seul pot de fleur posé en jardinière ne comportait aucunes traces, il décide quand même, la dernière plante à vécue du temps de sa copine, de poser un grillage, comme ça il sera sûr, les couvertures de couette sont en train de sécher, il vérifie quand même qu’ il n’y a aucunes traces, il a peu de linge d’avance, sa copine le lui avait bien dit du temps où elle vivait ici, c’était il y a trois ans, il ne s’est jamais remis du jour de son départ, elle n’est pas revenue, il n’a jamais compris, elle n’a plus répondu.

Petit à petit tous les jours, toutes les nuits, il s’enfuit dans ses songes, mais elle apparait peu dans la maison qu’il  rêve. Il est en train de couper du bois pour mettre dans la cheminée, quelquefois il se voit un verre dans la main assis dans le salon, il est seul à siroter son verre et regarder le feu, il pense qu’elle doit venir, mais il ne sait pas quand, il espère qu’elle appelle et qu’ils recommenceront comme aux tous premiers jours dans son appartement, le chat endormi à ses pieds profite de la chaleur. Il l’a suivi toute l’après-midi pendant qu’il s’affairait derrière la maison, un chat d’appartement et castré de surcroit n’a jamais vu de brins d’herbes, il s’accroupit et se jette sur toute les choses qui bougent, il s’enfuit dès que le vent se lève qui fait voler des feuilles, ses moments de sourire quand il regarde faire, ça fait trois ans déjà qu’il a fini de rire.

S’il y a une chose qu’il ne supporte pas, il s’éveille légèrement le chat saute sur le lit, il se couche à coté attendant qu’il se lève et lui fait remarquer que c’est l’heure de manger en ronronnant à coté de son oreille, s’il veut avoir la paix, il faut qu’il se réveille et remplisse la gamelle. Quelquefois il s’oblige à rester et repart dans son rêve, il sent légèrement une présence qui bouge comme quand elle était là, ça lui est suffisant pour se voir dans un songe, mais il se trouve seul dans cette grande maison, en désespoir de cause il se lève et allume la  lumière, des traces sur le lit.

Il se réveille d’un bond et repousse la couette avec dégout, il cherche ses chaussons en faisant attention quand il pose les pieds, mais il n’y a rien par terre, le greffier s’est enfuit, il est sur la terrasse miaulant devant l’écuelle, tout au fond le papier est intact, autour de la litière qui a été remuée, le grillage est en place, des yeux rouges albinos le regardent, il a faim.

Pour une fois, il le sert en premier, la chocolatine qu’il mange en buvant son café à du mal à passer, il regarde l’écuelle se vider, il regarde le chat, ce ne sont pas des pensées qui le travaillent, ce sont des explosions.