Carnet de bal d’une femme en chambre (4)

Encore une fois la soirée s’était très mal passée, tous les prétextes sont bons pour qu’il la contrarie, elle vient de claquer la porte les yeux mouillés de larmes, elle a la colère froide très souvent calculée, le fait d’élever la voix lui donne le dernier mot, elle part chez sa copine c’est ce qu’elle laisse entendre, elle reviendra demain ou peut-être après-demain, elle a une petite idée pas complètement formée.

Prof est célibataire, quelques heures par semaine elle en veut encore plus, toute une nuit avec lui, elle pourra lui parler elle pourra se lover se remplir de tendresse, elle apprend certaines choses que son mari ignore, que même elle ignorait, Prof lui a même promis d’approcher le bonheur, elle ne sait pas ce que c’est mais c’est une bonne élève, elle a vu son regard chaque fois qu’il la câline, il doit être amoureux.

Prof tient beaucoup à elle, il le lui dit souvent, elle n’a jamais pensé à quitter son foyer, elle n’a aucune idée de ce qu’elle à envie, tout est flou dans sa tête, mais elle se sent aimée, elle se sent désirée , elle se sent espérée, et non pas convoitée comme une vulgaire chose qu’on croit appartenir.

Elle ne sait pas ce qu’elle veut, mais elle en a envie, tout ce qui peut l’éloigner des disputes incessantes, du moindre petit mot qui lance le débat pour le plaisir de nuire, des cris entre deux pièces qui évitent le regard, au choc des objets que l’on pose avec rage, de tous ces mots grossiers aux oreilles de son fils, elle ne veut plus de ça, elle veut de la douceur, elle veut de l’intérêt, elle veut, elle veut, elle veut, elle veut que ça se calme, et c’est pour ça qu’elle sonne au bas de son immeuble.

Une fois, deux fois, trois fois, elle reconnait sa voix, elle a fait le chemin tout au long du parcours en espérant ses lèvres en espérant ses mains, elle espère ses mots qui lui disent qu’elle est belle, elle espère ses phrases qui finissent par “je t’aime”, elle espère sa voix qui va la caresser, elle espère son regard qu’elle cherche dans le noir, elle va avoir la nuit.

Quelque peu prévoyante, elle a mis dans son sac de petits sous-vêtements, relents de souvenirs de quelques heures passées ces dernières semaines, quelque chose ne va pas, il est avec du monde elle croit entendre une voix, il lui dira demain.

Elle ravale sa fierté en lui disant bonsoir, elle appelle sa copine et se met à pleurer des larmes pour de vrai, elle fait la différence, demain sera un autre jour quand elle ira en cours, un canapé l’attend.